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Du PC au FN

La France, minée par une crise économique, sociale et morale d'une exceptionnelle sévérité, se tourne vers un parti de droite musclée qui, après avoir fait les affaires des partis "de gouvernement", commence à pointer réellement et dangereusement son nez dans les coulisses du pouvoir.

Comment on en est arrivé là, chacun le sait bien.

La gauche, du temps de Mitterrand a joué du Front National comme d'un repoussoir électoral contre la droite parlementaire, comme jadis de Gaulle avait procédé en agitant le drapeau rouge du communisme contre la gauche socialiste et radicale.

Le beau résultat de cette mise en scène cynique - qui culmina en 1986 avec l'instauration de la proportionnelle intégrale aux élections législatives -  fut de gonfler, artificiellement, d'abord, puis de plus en plus effectivement les voix de la droite extrême.

Celle-ci, menée par la poigne du père Le Pen et, quelques années plus tard par celle, plus habile et plus discrète de sa fille Marine, a engrangé d'éclatants succès électoraux que rien ni personne ne semble plus en mesure d'inverser.

A vrai dire ces succès ne sont pas le seul résultat des manipulations de la classe politique au pouvoir. Ils sont dus aussi à la pertinence d'un certain nombre de constats et de pronostics basés sur le simple bon sens mais que les "responsables" des grandes formations niaient ou ridiculisaient sous le seul prétexte qu'ils provenaient du FN, se coupant ainsi de plus en plus du peuple, et abandonnant à ce parti des pans entiers de la doxa républicaine qu'un Jean-Pierre Chevènement bien isolé était l'un des rares à revendiquer encore.

On fait mine de s'étonner que le petit peuple des ouvriers, des employés et des paysans se soit jeté dans les bras d'une dirigeante qui, socialement et idéologiquement aurait dû les faire fuir.

C'est oublier qu'elle a su avec une constance et une rouerie remarquables faire siennes les aspirations du "peuple de gauche", comme en témoigne cet extrait d'un ouvrage de Georges Marchais, ancien secrétaire général du Parti Communiste.(*)

Lisez-le attentivement et reportez-vous ensuite au discours habituel de Madame Le Pen.

"  Je me suis rendu dans toutes les régions françaises. Je peux témoigner que l'aspiration première des femmes et des hommes de notre pays est de vivre libres et heureux chez eux. J'ai constaté également combien les Françaises et les Français ont la passion de l'histoire de France....

Cette histoire, nous y tenons. Elle nous apprend que la France est une des plus anciennes nations de la Terre. Elle s'est constituée, ici, à l'ouest du continent européen, au carrefour des grands courants humains, dans un mouvement qui a duré des siècles. "

Et dans l'Humanité du 6 janvier 1981, il écrivait ces mots qui seront repris tels quels ou presque par les Le Pen :

" Quant aux patrons et au gouvernement français, ils recourent à l'immigration massive comme on pratiquait autrefois la traite des Noirs, pour se procurer une main-d'oeuvre d'esclaves modernes, surexploitée et sous-payée. Cette main d'oeuvre leur permet de réaliser des profits plus gros et d'exercer une pression plus forte sur les salaires, les conditions de travail et de vie, les droits de l'ensemble des travailleurs, immigrés ou non.

C'est pourquoi nous disons : il faut arrêter l'immigration sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage. " 

Instructif, non ? 

(*) L'espoir au présent, éditions Messidor, 1980 

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