Nous vivons dans un monde de compétition. Cela n'est pas nouveau et mieux vaut l'accepter, puisqu'on n'y changera rien.
Une fois de plus, pourtant, les élites pensantes de la République remettent sur le tapis la question de la notation des élèves du primaire et du premier cycle du secondaire.
Un peu plus d'audace, sinon d'honnêteté intellectuelle, aurait dû conduire à aller encore plus loin et à envisager l'abolition de la notation chiffrée au lycée et à l'Université.
Car enfin au nom de quoi ce qui est considéré comme une plaie de notre enseignement à l'Ecole et au Collège cesserait-il d'être à la fois nuisible, inefficace et injuste dans la suite des études ?
Faisons comme si le projet devait voir le jour, ce dont on peut douter compte tenu du nombre de fois où, par le passé, il a déjà été envisagé.
Qu'y gagneraient les élèves ? En quoi cela favoriserait-il l'acquisition de savoirs et des méthodes ? Qu'est-ce qui serait plus juste dans ce système sans notes ?
A ces trois questions je réponds : rien, en rien, rien.
Sauf à considérer que le fait d'entrer à l'école élémentaire ouvre une voie vers les études supérieures auxquelles tous accèderaient sans aucun barrage, sans aucune évaluation des connaissances et des compétences, un tel système serait assurément le plus désordonné et le plus inique de tous, puisque ni le talent ni le mérite ne trouveraient plus l'occasion d'être mesurés et récompensés.
C'est toute l'Ecole de la République qui se trouverait frappée au coeur.
Les notes étalées de 0 à 20 sont certes un moyen imparfait d'évaluer le travail d'un élève, mais c'est assurément le plus commode et le plus souple.
Et, de grâce, finissons-en avec cette légende alarmiste de la note-sanction, de l'atteinte à la dignité de l'élève, du traumatisme prétendûment induit par la "mauvaise note".
Lorsqu'un travail oral ou écrit recueille un 5/20, ce n'est pas l'élève qui est noté, mais ce qu'il a produit. La meilleure preuve est que la fois suivante il peut fort bien récolter un 16/20.
Dira-t-on qu'il "vaut" 11 points de plus ?
Mais non ! Son travail, en revanche, oui.
Commentaires
Bonjour monsieur..encore un débat ..pauvres chéris traumatisés par une note..si le traumatisme des gamins s'arrête à cela.. Nous pouvons nous estimer heureux.... Il était une fois..!! Une lycéenne que vous avez bien connue..qui en classe de seconde avait reçu un 5,5/20 dans une matière scientifique.... A la sortie des cours.. Je me suis demandé ce qui avait bien pu se passer..pour que notre fille sorte en larmes-le mot est très exact-..du ..lycée..juste une mauvaise note..j'ai bien sur dédramatiser "la chose ". Cette note lui a servi de leçon.. Plus jamais elle n'a eu de note négative..pas de traumatisme..un électrochoc et une envie de se dépasser..vive les notes..Francoise