Sept milliards d'euros, telle est la somme que, conformément au plan d'aide de 240 milliards d'euros, l'Union Européenne doit encore prêter à la Grèce.
Depuis 5 ans, les experts des grandes institutions financières de l'Europe ordonnent au gouvernement grec les réformes qu'il doit mettre en œuvre d'urgence en échange des 240 milliards d'euros qui lui ont été en grande partie versés pour sauver le pays de la faillite.
Le peuple grec, épris plus peut-être qu'aucun autre de liberté et de dignité, ne supportait plus cette humiliation de se voir ainsi dirigé par des étrangers, fussent-ils ses créanciers. Le comble ayant été atteint lors des deux dernières réunions entre les experts européens et le gouvernement grec qui n'ont pas eu lieu à Athènes, mais à Paris...
Sortie des ossements
Sacrés des Héllènes
Et forte de ton antique énergie
Je te salue, je te salue, ô Liberté !
( Dionysos Solomos )
Fin février ces experts doivent décider si les réformes mises en place sont suffisamment probantes pour que le pays mérite les 7 derniers milliards du plan de 2010.
Il est clair que le résultat sans appel de la consultation qui vient d'avoir lieu, l'humiliante défaite des partis qui se sont succédé au pouvoir depuis des décennies et le triomphe de l'extrême gauche remettent tout en question.
Car non seulement le nouveau gouvernement ne semble pas vouloir fléchir dans ses exigences de renégociation de la dette, mais, bravant la menace de l'Europe, il a déjà nettement indiqué qu'il était prêt à renoncer au 7 derniers milliards du plan si l'UE ne modifiait pas sa position du tout au tout.
Yanis Varoufakis, le nouveau ministre des Finances, est logique avec les options de son parti; selon lui il n'est pas envisageable d'accepter cette dernière aide tout en critiquant radicalement la politique menée par l'UE à l'égard de son pays : « les sept milliards, nous n'en voulons pas, ce que nous voulons c'est repenser tout le programme ».
Quant au nouveau premier ministre, Monsieur Tsipras, il avait déclaré dès la semaine dernière, alors qu'il n'était encore que candidat, que la date-couperet imposée par l'UE n'avait d'autre raison d'être que de placer son pays sous une menace urgente et le forcer ainsi à passer sous les fourches caudines de la Commision européenne, ce qui à ses yeux était à la fois irréalisable et insupportable.
Les jours et les semaines qui viennent vont être très instructifs.
La Grèce parviendra-t-elle à faire fléchir l'Europe ? Si celle-ci - l'Allemagne en tête - se crispe sur ses positions sans tenir compte de la volonté librement exprimée par tout un peuple, ne va-t-il pas se produire ce que précisément l'Europe redoute le plus : la sortie de la Grèce de la zone euro, voire de l'Europe ? Dans cette hypothèse calamiteuse, quelles répercussions sur d'autres pays cette nouvelle donne pourrait-elle induire ?
En attendant le gouvernement Tsipras met la barre très haut et prend des risques. Il semble n'être pas décidé à fléchir.
Mais la Grèce, elle, va-t-elle tenir ?
Commentaires
Bonjour,
Très bonne analyse, "La Grèce va t-elle tenir ?", c'est bien la question qui va se poser.
... à suivre.
Gégédu28