Pierre Bergé a mis ses immenses capitaux d'homme d'affaires de gauche au service du journal Le Monde, en compagnie du banquier Mathieu Pigasse.
Il était bien entendu que ce soutien financier, à un moment où le grand quotidien du soir connaissait de très graves difficultés et que sa survie même était en jeu, ne devait en aucun cas interférer sur la ligne éditoriale du journal.
Les journalistes devaient seuls décider de ce que leur journal devait publier, et sous quelle forme. Bref, l'intervention financière de Pigasse et Bergé ne devait en aucun cas être attentatoire à l'indépendance de la rédaction.
Patatras ! Voici que deux journalistes à la suite d'une longue enquête, sur les filières d'évasion fiscale vers la Suisse, ont révélé dans les colonnes du quotidien tout un réseau d'évasion fiscale mettant en cause des centaines de Français parmi lesquels certains très connus du grand public.
Tout le monde a ainsi découvert que l'acteur Gad Elmaleh, habitué des plateaux de télévision où entre deux publicités pour une banque, il clame ses sentiments altruistes et humanitaires, avait dissimulé au fisc français une somme d'argent. Certes, le montant de celle-ci, à en croire l'enquête journalistique, reste modeste, mais le fait est là, cruel dans son indécence.
Pierre Bergé, acteur incontournable, lui aussi, du charity business, s'est aussitôt écrié que les auteurs de ces articles avaient déshonoré le journal au secours duquel il s'était porté.
Je cite textuellement son bafouillage où la confusion des propos le dispute à la mauvaise foi la plus insupportable :
« Est-ce que c’est le rôle d’un journal, et surtout d’un journal comme Le Monde, de jeter en pâture des noms, des gens ? Pourquoi Gad Elmaleh ? Qu’est-ce que ça veut dire ça ? Ce n’est pas ça que devrait être un journal, en tout cas un journal comme Le Monde. Et ce n’est pas pour ça que je suis venu au secours du Monde et ce n’est pas pour ça que j’ai permis aux journalistes du Monde d’acquérir leur indépendance. Ce n’est pas pour ça. Ce sont des méthodes que je réprouve totalement et qui n’ont aucune justification ».
Ainsi donc, pour Bergé, "l'indépendance" du journal doit être conforme à ses vœux et à ses conceptions personnelles ce qui, on l'avouera est une cocasse conception de l'indépendance.
Pierre Bergé, infatigable courtisan des pouvoirs qui se sont succédé en France depuis des décennies, fait partie de ces favorisés de la fortune qui estiment avoir payé leur tribut à la société en brandissant des beaux sentiments sans rien changer à leur luxueux et scandaleux train de vie.
Habitué à passer une partie de sa vie dans son somptueux palais marocain, il n'a pas accepté que M. Elmaleh et le roi Mohamed VI soient pointés parmi les bénéficiares du système d'évasion fiscale organisé par la banque britannique HSBC(*).
On est bien loin de la défense des droits de l' Homme !
(*) Je suis en train de me documenter sur les accointances de la City de Londres avec les chaînes organisées d'évasion fiscale, faisant de la capitale britannique sans doute le premier des paradis fiscaux par sa taille et son efficacité.
Commentaires
Bonjour,
Mathieu Pigasse , lui,a été intraitable, et convaincant, sur la liberté éditorialiste du journal qu'il a sauvé des eaux.
C'est rassurant.
Amicalement. Seringa.
Un autre Bafouilleur!...
http://www.lyonne.fr/yonne/actualite/pays/senonais/2015/02/07/henri-de-raincourt-il-n-y-a-eu-aucune-malhonnetete_11320923.html