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Titre du blog : Le journal de Frank THOMAS
Auteur : Frank-Marie-THOMAS
Date de création : 20-09-2009
 
posté le 24-03-2015 à 08:56:26

Un personnage de comédie.

"Nicolas Sarkozy refuse notre proposition: un débat face à Marine Le Pen", a  tweeté hier après-midi Jean-Jacques Bourdin de RMC, qui avait pris l'initiative de cette invitation.
 
 
 
On se souvient sans doute que Jacques Chirac, au printemps 2002, avait refusé le traditionnel débat télévisé entre les deux candidats restés en lice après le premier tour de l'élection présidentielle.
A l'époque l'unanimité s'était faite, ou presque, chez les observateurs et commentateurs politiques pour féliciter le président de la République sortant de ne pas s'être compromis en débattant avec un Jean-Marie Le Pen.
Pour ce qui me concerne, comme citoyen et comme élu, j'étais en  total désaccord avec ce point de vue.
Ce qu'on présentait généralement comme un acte de courage de la part de Chirac me semblait au contraire traduire la crainte que le président du Front National, redoutable polémiste, maniant avec brio la rhétorique, l'invective et l'ironie mordante, ne fît qu'une bouchée d'un Chirac alors empêtré dans les "affaires" et que la rue brocardait en le traitant de "voleur" et de "menteur".
 
Paradoxalement pourtant, ce recul frileux et apeuré fut présenté comme un acte de courage et de résistance valeureuse et républicaine.
Déjà de Gaulle, en 1965, n'avait pas débattu avec François Mitterrand, arrivé second.
C'est que la majesté du grand homme ne pouvait pas s'accommoder de cette descente dans les bas fonds de la politique, et qu'il considérait que lui, le représentant de la France et de l'Histoire, n'aurait su s'abaisser à discuter en public avec le représentant typique et controversé du "régime des partis", pour reprendre la terminologie de l'époque.
Mais on avouera que ce qui, à la rigueur, vu la dimension du personnage, pouvait se comprendre sinon s'admettre pour de Gaulle, ne fonctionnait évidemment plus pour Chirac. C'est pourtant en se drapant dans cette majesté toute gaullienne que ce dernier parvint à maquiller sa reculade en dignité.
 
Or ne voilà-t-il pas que Nicolas Sarkozy, de toute sa hauteur, refuse de rencontrer Marine Le Pen devant les micros et les caméras ?
On me dira que nous ne sommes pas au second tour d'une présidentielle, que l'enjeu n'est pas le même. Certes, mais Monsieur Sarkozy, malgré qu'il en ait, n'est pas non plus président de la République sortant. Il n'est que chef de parti.
Une rencontre avec la responsable de la formation politique au centre de la vie publique depuis des années et qui vient de rencontrer le succès électoral que l'on sait, non seulement n'aurait pas été incongrue, mais eût été certainement très éclairante.
J'ajoute que les citoyens français qui s'intéressent à la vie publique devraient avoir droit à ce débat entre hauts responsables, puisqu'aussi bien ils en subissent tous les jours entre les seconds couteaux.
Sarkozy n'arrive manifestement pas à admettre qu'il n'est plus président et que de part la constitution et la loi, il est redevenu un citoyen ordinaire qui certes a le droit de continuer à faire de la politique et à essayer de redevenir ce qu'il fut naguère, mais à condition de se soumettre humblement aux obligations de sa nouvelle situation.
 
Déjà il ya quelques semaines, alors qu'il venait de reprendre la direction de son parti, il refusa de rencontrer le nouveau premier secrétaire du Parti Socialiste, Jean-Christophe Cambadélis. Selon lui un tel débat n'était pas "à son niveau".
Est-ce à dire que, comme sous l'ancien régime, on déchoit à parler à quelqu'un qui ne serait pas "du même monde" ?
Est-on président de la République à vie ? Les autres appartiennent-ils à une caste inférieure avec laquelle se serait déroger de son rang que de se commettre ?
On parlerait dans les rues avec les citoyens de base, on invectiverait les gens dans les étages, d'aventure on se disputerait même avec un agresseur mal élevé dans les allées du salon de l'agriculture et l'on considèrerait comme indigne de sa dignité de s'abaisser à parler à un responsable politique sous prétexte qu'il ne serait pas "de son niveau" ?
 
A mon sens, le double refus de Sarkozy, loin de lui donner une stature qu'il s'efforce de retrouver, ne fait que souligner ses faiblesses et en fait un peu un personnage de comédie.    

 

Commentaires

bluedreamer le 30-03-2015 à 11:40:38
très bien vu !
Galinette le 26-03-2015 à 09:29:14
Je lis ce matin un article sur le site de bd voltaire qui reprend les arguments que vous développez dans votre billet. Article titré " NS refuse de débattre avec MLP" avec un point d'exclamation.

Et la question suivante :comment les électeurs peuvent-ils se positionner pour l'un ou pour l'autre s'il n'y a pas débat?

A mon avis, mais ce n'est qu'une réflexion personnelle teintée d'amertume, c'est considérer comme acquis que l'électeur n'est pas en mesure, à la lecture des programmes, déclarations liminaires et positionnements avérés, ne sait ni lire ni réfléchir pour avoir une opinion.

Pour moi, ces "débats" ne sont que des mises en scènes inutiles.

Je ne suis pas une "fan" de NS, pour autant je lui reconnaît des qualités de débatteur et je ne pense pas qu'il y ait de son côté crainte ou mépris dans une telle configuration.

A mon humble avis, dans ce théâtre d'ombre il ne s'agit que de luttes médiatiques, faux semblants, bras de fer, guerre d'images etc.

Et de cela, les gens s'en moquent.


D'ailleurs, à la vérité, qui s'en soucie vraiment? On voit vien comment se sont focalisés les yeux, les caméras, les " débats" sur autre chose ces derniers jours. Un drame ( épouvantable soit) mais qui a remisé en arrière-plan tout le reste. Avec occupation du terrain mediatique jusqu'à saturation totale de l'événement, des politiques etc. Serai-je cynique, je pourrais imaginé qu'une remontée dans les sondages à l'instar du drame ( épouvantable également dans un autre registre) de début janvier pourrait être envisagée.

L'instrumentalisation des événements, des petites phrases, les faux débats.me sont devenus totalement insupportables.

Je n'ai pas de solutions.

Je ne sais pas si je vais aller voter. Sans doute, sans illusion irai-je...un reste de conscience civique et peut-être pour garder " le droit"(?!) de continuer à m'énerver contre nos politiques.

Bien que je crois de plus en plus à la valeur politique de l'abstention. Mais c'est un luxe qu'on ne peut se permettre partout. Alors?

Nicolaï Vavilov le 25-03-2015 à 14:57:52
Fuyant habituellement la "lucarne à blaireaux" (i.e lla télévision.) J'avait dérogé en écoutant le débat Sarko-Hollandouille... me disant le brillant avocat,va terrasser Flamby en particulier sur le plan économique. Eh bien non Monsieur Sarkosy n'a pas brillé. Etait-ce volontaire??? un arrangement entre amis!!! Probablement...

Des amis u-aimepistes ont avoué leur déception...

Il paraït qu'au catch, au foute il y aurait de tels arrangements...

On pourrait imaginer un arrangement avec dame Le Pen en lui laissant le karcher sarkosien par exemple. "castigat ridendo mores"
Galinette le 24-03-2015 à 11:05:43
Si on accepte de rester dans le factuel, on constate que NS n'a pas accepté l'invitation à débattre avec MLP et avec JMCambadelis.

La raison :" les débats ne sont pas à son niveau" relève du commentaire et l'on sait, dans cette guerre d'image où chacun avance ses pions pour pilonner l'adversaire, ce que valent les commentaires . Je trouve l'interprétation un peu trop limitée.

Je ne pense pas qu'un débat improvisé, à l'injonction ou à l'invitation d'un journaliste cherchant LE scoop pour tirer la couverture à lui présente de l'intérêt.

Pas plus que de rencontrer MLP. "à chaud " entre deux tours d'une election où l'enjeu a été détourné et où tout a été fait pour que le FN soit le principal centre d'intérêt.

C'est participer à un jeu de dupes où tout est déjà programmé et où qu'elles que soient les prises de positions des uns et des autres, les idées, les arguments, tout sera ( avec l'aide des médias) déformé, grossi, détourné etc.

Quant à un débat avec Monsieur-roi-de-la-langue de bois-et-prof-agregé-en-methode-coué, l'intérêt est encore moins évident pour quiconque. Autant parlé avec un magnétophone alimenté par un moulin à vent.

Dans cette insupportable pièce de théâtre qui nous est proposée où chaque acteur a un rôle convenu et débite sa partition à l'usage des " crétins" qui écoutent , le timing est écrit d'avance et les gesticulations des uns et des autres, hélas, ne sont que du travail d'enfumage .


Je n'ai plus envie de regarder le spectacle que l'on m'offre. Ni celui que l'on me propose gratuitement. Je préfére payer pour écouter de la bonne musique. Mais elle n'est pas au programme.


Pardonnez mon pessimisme. Je ne suis pas encore remise de la soirée de dimanche!