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Titre du blog : Le journal de Frank THOMAS
Auteur : Frank-Marie-THOMAS
Date de création : 20-09-2009
 
posté le 21-04-2015 à 09:59:58

Le mythe de Sétif.

Le secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, Jean-Marc Todeschini, vient de rendre hommage aux victimes algériennes de Sétif en se rendant sur place, dimanche, 70 ans après le massacre.

 

Ce geste purement politique de "réconciliation" franco-algérienne - un de plus - constitue un acte de repentance tout à fait mal venu et historiquement infondé.

Car s'il est tout à fait exact que l'armée et les forces de l'ordre de Sétif et d'autres villes algériennes ont procédé à une répression violente et sanglante après le 8 mai 1945, il l'est tout autant que préalablement à cela un grand nombre de citoyens d'origine européenne avaient sauvagement été massacrés dans les rues de la ville alors même que l'on était en train de fêter la victoire des alliés sur l'Allemagne hitlérienne. On a d'ailleurs tendance à omettre de préciser que cette répression des forces françaises avait eu lieu sous l'autorité du gouvernement provisoire de la République présidé par le général de Gaulle, dont faisaient partie des socialistes, des communistes, des démocrates chrétiens, etc. Il faut s'en souvenir pour juger à leur juste valeur les leçons de morale que certains prétendent donner.

Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux anciens combattants, a déposé une gerbe de fleurs devant le Mausolée de la première victime de la répression du 8 mai 1945, Saal Bouzid. Il a indiqué que « ce geste est la traduction des propos tenus par le président de la République François Hollande devant le Parlement algérien en décembre 2012 ». En effet, le 20 décembre 2012, devant le parlement algérien, Hollande stigmatisait les "crimes" perpétrés par la France à Sétif, Guelma et Kerrata, passant sous silence les égorgements, évicérations, émasculations qui les précédèrent.

Depuis une vingtaine d'années les autorités françaises ont pris la fâcheuse habitude de venir publiquement battre leur coulpe et de demander pardon pour les crimes, réels ou supposés, commis par notre pays dans son histoire. Esclavage, colonisation, collaboration, tout est prétexte à s'humilier publiquement, comme si ces gestes d'auto-flagellation pouvaient soit effacer l'Histoire, soit la réécrire.

Dans le cas des tragiques évènements de Sétif, il s'agit bel et bien d'une réécriture mythique de l'histoire.

 

 

 

J'invite les lecteurs à se procurer, si on le trouve encore, le remarquable ouvrage que Francine Dessaigne a consacré à ces terribles journées de 1945 en Algérie La Paix pour Dix Ans, Sétif, Guelma, mai 1945) 

L'auteur, avec une objectivité totale et un constant souci de privilégier les faits aux rumeurs, analyse les origines, le déroulement et les conséquences des massacres de Sétif, Guelma et Kerrata. On trouvera aussi dans ce livre une lumineuse préface de Jacques Soustelle dont j'extrais ce passage : 

« Comment naît et se propage un mythe : tel est le thème sous-jacent de ce livre. La falsification de l'histoire constitue une arme puissante dans la guerre psychologique et politique qui se livre à l'échelle mondiale. La démocratie française s'est montrée particulièrement inadaptée à ce type de conflit, laissant pratiquement le champ libre aux propagandistes qui ont empoisonné les opinions à l'ONU et en France même. Le peuple algérien d'origine européenne a été victime d'une condamnation collective qui n'a pas d'équivalent dans notre histoire depuis la révocation de l'Edit de Nantes. La solidarité nationale n'a pas joué, ni même la simple solidarité humaine, tant cette communauté avait été accablée de calomnies et défigurée par une campagne acharnée. Des Français qui avaient risqué leur vie dans la Résistance ou dans la guerre mondiale ont fini leurs jours en exil parce qu'ils avaient résisté, aussi, à la subversion.»

En abondant dans le sens de cette réécriture d'une histoire tronquée et falsifiée, le ministre et le président de la République qui l'a missionné salissent gravement l'image la France. Et si leur objectif, comme ils le prétendent, est de sceller la réconciliation franco-algérienne, comment espérer que celle -ci soit sérieuse et durable en étant unilatérale et de surcroît fondée sur les non-dits et le mensonge par omission ?