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Titre du blog : Le journal de Frank THOMAS
Auteur : Frank-Marie-THOMAS
Date de création : 20-09-2009
 
posté le 22-04-2015 à 10:03:31

L'immigration dans l'Outre-Mer français (1) Mayotte.

Les épouvantables naufrages de bateaux clandestins en Méditerranée nous glacent d'effroi et suscitent chez nous compassion et indignation tout à la fois.
Cette actualité terrifiante, toutefois, ne doit pas nous empêcher de considérer la réalité de l'immigration clandestine de façon plus globale et plus approfondie. 
Dans une série d'articles documentés essentiellement par les rapports parlementaires consacrés à ce sujet, 

je me propose d'étudier le cas de la France qui n'est pas seulement touchée par l'immigration venue du sud de la Méditerranée, mais aussi par celle qui concerne ses territoires et départements d'outre-mer où ces flux de populations déshéritées posent chaque jour un problème plus aigu.

 
 
 
 
I)   MAYOTTE 
 
 
Cette magnifique île du canal de Mozambique, devenue récemment le 101e département français, attire irresistiblement les habitants du reste de l'archipel des Comores dont elle fait géographiquement partie. 
 

 

 

 

Les comoriens des autres îles de l'archipel, devenu indépendant à la fin des années 70, et singulièrement ceux de la plus proche, Anjouan, tentent quotidiennement de toucher les côtes découpées de Mayotte sur des kwassas-kwassas, embarcations légères prévues pour 8 personnes et en transportant ordinairement entre 40 et 50.

Ces traversées rapides - 3 à 4 heures au plus - ont lieu dans des conditions d'une extrême précarité, les embarcations étant encombrées aussi d'animaux et d'objets divers,  seules richesses de ces malheureux

Le résultat inévitable de ces périlleuses équipées est la mort de plus de 1000 personnes par an, nombre effarant rapporté à la population de l'archipel, 800.000 habitants. 

 

De multiples réseaux, le plus souvent artisanaux, organisent cette immigration clandestine. Ils ont des correspondants à Mayotte et comptent aussi sur les familles déjà arrivées sur l'île française pour les aider et les accueillir. L'existence, depuis quelques années d'un réseau de relais permet de plus des liaisons par téléphones portables qui facilitent grandement l'activité des passeurs.

Le prix d'un passage est, pour franchir les 100 km qui séparent Anjouan de Mayotte d'environ 350 euros, ce qui met le profit d'une traversée à plus de 15.000 euros. Quand on sait que le salaire moyen aux Comores tourne autour de 400 euros annuels, on mesure l'attractivité de ce trafic qui par ailleurs rapporte le salaire d'une année au pilote de l'embarcation.

 

 

 

 

 

Les forces de l'ordre française, bien sûr, sont mobilisées contre ce phénomène envahissant. Elles le sont d'ailleurs tellement que le reste de leurs missions - circulation, sécurité des personnes et des biens - passe dangereusement en second, faisant de Mayotte un pays où l'insécurité est assez importante, au détriment des activités économiques.

A cela s'ajoute les fléaux particulièrement inquiétants et ruineux du travail au noir et du trafic de stupéfiants, liés à l'immigration clandestine.

 

Tout cela a un coût pour la collectivité, et ce coût est très élevé. Rien que pour ce qui concerne l'éducation, il faut savoir qu'en 10 ans la proportion d'élèves "irréguliers" est passé de 5 à 35 % du nombre total des élèves mahorais.

Quant aux dépenses de santé, elles ont bondi de 120 % en 10 ans. 

On considère que tout confondu - scolarisation obligatoire des enfants de clandestins, dépenses liées à la santé, entretien du centre de rétention administrative, coût du rapatriement des clandestins interpelés, la facture pour la France  se monte à plus de 100 millions d'euros par an.

 

Les Comoriens qui, en France métropolitaine, représentent une communauté de plus de 250.000 personnes, cherchent désespérément à rejoindre notre territoire le plus proche de chez eux. Les femmes, notamment, tentent de venir accoucher à Mayotte d'abord parce que les soins qui leur sont prodigués sont supérieurs, sans comparaison, à ceux qu'elles recevraient dans leur pays, ensuite et surtout parce qu'elles espèrent que leur enfant, né sur le sol français, sera français et que la famille sera regroupée.

 

Telle est la situation de Mayotte.

Derrière ces statistiques et ces chiffres se cache une détresse humaine insupportable dont on verra dans la suite de ces articles, qu'elle concerne aussi les autres terres françaises éloignées.

 

 
 

Commentaires

Frank-Marie-THOMAS le 27-04-2015 à 07:55:20
@ fugace


En effet, comme vous le craignez, ce département à 90 % musulman, relativement proche des foyers d'infection islamistes du continent africain est menacé par une vague de radicalisme religieux qui le ravagerait.

Mais ne soyons pas oiseaux de mauvais augure : pour l'heure les mahorais, instruits par ce qui se passe à leur portes, effrayés par la misère des Comores, qui explique le flux migratoire, ne semblent pas tentés par pareille aventure.

Si par malheur tel devrait être le cas, la France, déjà pointée du doigt par la commission de décolonisation de l'ONU pour Mayotte, serait devant un dilemme affreux : quitter un département français ou y mener un combat que les bons esprits s'empresseraient de dénoncer au nom de l'anticolonialisme.
fugace le 27-04-2015 à 02:15:24
Merci pour ce sujet, que nos gouvernements se gardent bien ni de nous montrer, ni d'en nous expliquer la stratégie de long terme. J'ai conscience qu'à Mayotte la situation est très grave, et que même si les enjeux financiers sont importants toutes proportions gardées, il n'est pas exclu que ce bout de terre française, soit un de nos premiers prochains foyers de révolution, bien soutenu par qui nous savons.