François Hollande va chercher aux Antilles la popularité qu'il n'a plus en Métropole.
A l'occasion de ce long voyage, il inaugure à Pointe à Pitre, en Guadeloupe, le Mémorial ACTe (M.ACTe), espace très vaste et très cher consacré à la mémoire de l'esclavage.
Ce ressassement infini d'une sombre période de l'histoire de l'Europe, de l'Afrique, des îles de l'Atlantique et de l'Océan Indien devient à la fois absurde et irritant.
Loin de moi l'idée d'atténuer en rien l'épouvantable souffrance de ces femmes, de ces hommes et de ces enfants arrachés à leurs villages et brutalement transportés dans les colonies européennes pour y être transformés en bêtes de somme, et souvent livrés à la cruauté sadique de maîtres criminels.
La société de l'Ancien Régime, fondée sur la hiérarchie héréditaire des classes a créé une sous-catégorie d'êtres, pas tout à fait humains, comptabilisée dans les inventaires de propriétés en même temps que les animaux de la ferme ou le matériel agricole.
Il ne fait aucun doute que cette horrible page de notre histoire, qui dura tout de même plus de 250 ans depuis le début de la traite jusqu'à son abolition au milieu du XIXe siècle, a laissé de profondes cicatrices dans les anciennes colonies et que nos collectivités et départements des Caraïbes notamment ont ces évènements profondément gravés dans leur mémoire collective.
L'oubli est non seulement impossible, mais il serait une faute majeure et comme une injure à la souffrance des malheureux qui eurent à subir la violence et la rapacité de nos ancêtres.
Pour autant, ces données clairement posées, il est tout à fait absurde et c'est même lourd de conséquences d'évoquer ce douloureux passé avec la volonté de rouvrir les plaies et de continuer, jour après jour, à les faire saigner.
Entre le devoir de mémoire qui s'impose à tout citoyen conscient et honnête et l'autoflagellation perpétuelle il y a un gouffre que certains, fanatiques, voudraient nous forcer à franchir.(*)
A suivre ces censeurs impitoyables, la France passerait son temps - encore plus qu'elle ne le fait déjà bien trop à mes yeux - à demander pardon pour toutes les "fautes" qu'elle a commises dans son passé et qui ne sont des fautes qu'au regard de la morale d'aujourd'hui.
Le président de la République inaugure donc à Pointe à Pitre un immense et très coûteux espace dédié à l'esclavage. Cette structure, née de l'idée de l'architecte indépendantiste Luc Reinette à la fin des années 90 a été mise en œuvre par le président du conseil général et ancien ministre des Outre-Mers, Victorin Lurel.
Sur place les opinions sont très partagées.
D'un côté certains, considérant les immenses besoins du département de la Guadeloupe et son chômage endémique pensent que les sommes énormes englouties dans ce projet pharaonique, pour reprendre un terme employé par V. Lurel lui-même, auraient été plus utiles investies dans le soutien à l'emploi, l'aide au développement économique ou la construction d'infrastructures et de logements sociaux.
D'autres au contraire affirment que l'édification de ce lieu est un minimum insuffisant à effacer les crimes de la France et vont, tels les adhérents du CIPN (comité international des peuples noirs) présidé par Jacqueline Jaqueray, jusqu'à demander non seulement la reconnaisssance de l'esclavage comme crime contre l'humanité, mais aussi des réparations matérielles aux descendants des anciens esclaves. Des réparations que les descendants des esclavagistes que nous sommes censés être devraient payer à ceux des esclaves 170 ans après la fin de la traite et de l'esclavage !(**)
Hollande ayant jusqu'à présent - mais pour combien de temps ? - fait la sourde oreille à ces demandes extravagantes, le CIPN boycotte l'inauguration du M.ACTe
Voilà jusqu'où peut aller la défense exclusive d'une cause, juste au départ, mais devenue absurde par ses excès.
Puis-je rappeler qu'en cette année 2015 il serait sans doute plus utile et plus humain, plutôt de d'agiter sans fin le souvenir de crimes dont aucun de nous n'est responsable ( à moins de considérer que la culpabilié soit héréditaire...), de se préoccuper de ces esclaves modernes que sont les malheureux migrants qui, eux aussi, traversent la mer au risque de leur vie pour venir trouver chez nous, peuple sanguinaire et cruel, la sécurité et la liberté dont ils sont privés chez eux ?
(*) Si la lamentable réforme de Mme Vallaud-Belkacem voit le jour en l'état, les élèves de collège, de la 5e à la 3e, à qui on retire des enseignements fondamentaux auront à subir des thématiques telles que la Shoah, le génocide arménien, la colonisation et...l'esclavage.
(**) Note du 11 mai :
Ça y est, nous y sommes ! Elie Domota, l'agitateur syndicaliste guadeloupéen, réclame à la France des "compensations financières". Le CRAN accuse M. Sellière, ancien président du CNPF (ex MEDEF) de devoir sa fortune à ses ancêtres esclavagistes : on l'assigne devant un tribunal pour en répondre. On va jusqu'à exiger de la Caisse des Dépôts et Consignations qu'elle rende l'argent de la dette indûment payée par Haïti à partir de 1804 pour indemniser les colons lésés par l'indépendance du pays... ... La boîte de Pandore est ouverte.
Soyons justes : François Hollande, dans le style fuyant qui est le sien, oppose jusqu'à présent une fin de non recevoir à ces ridicules demandes. Les seules réparations qu'il accepte sont d'ordre moral et non économique ou financier. Pour combien de temps ?
Commentaires
ré-écouter en balado-diffusion (i.e peau- de- caste) sur France-cul. l'excellente chronique de Brice Couturier, ici à l'adresse de dame Taubira ... mais aussi la réponse pugnace de la "ministresse"
http://www.franceculture.fr/emission-la-chronique-de-brice-couturier-l-esclavage-et-l-abolitionnisme-2015-05-07