Le bon goût et la sobriété ne sont pas les qualités premières de Nicolas Sarkozy.
Depuis quelques semaines le nouveau président des tout nouveaux "Républicains" s'est fait une sorte de spécialité de donner à ses publics des sortes de one-man-shows, où il enchaîne les sketches.
On a envie de lui dire, avec Rachida Dati, qu'il serait mieux inspiré d'en finir avec ces pitreries très au dessous du talent des professionnels du rire, et en tout état de cause tout à fait inadaptées au but qu'il s'est fixé de redevenir chef de l'Etat.
Sa dernière prestation dans ce genre date d'il y a deux jours quand, devant les militants de son parti à l'Isle-Adam, commentant la proposition de la Commission Européenne de répartir le flux d'immigrants entre tous les pays de l'Union, il a filé la délicate métaphore suivante :
« Dans une maison, il y a une canalisation qui explose, elle se déverse dans la cuisine.
Le réparateur arrive et dit : "j'ai une solution. On va garder la moitié pour la cuisine, mettre un quart dans le salon, un quart dans la chambre des parents et si ça ne suffit pas, il reste la chambre des enfants "».
Dire que cet apologue, comme l'appelle Roger Karouchi, soit d'une grande délicatesse serait à l'évidence une contre-vérité.
Mais crier au scandale comme viennent de le faire Hollande et Valls dans leur numéro de duettistes qui finit par en faire des sortes de poupées mécaniques dont l'indignation feinte sonne terriblement faux, est évidemment excessif et absurde.
Le premier, depuis l'étranger - ce qui est un manque de dignité inadmissible -appelle avec son ton pontifiant et risible, à la "gravité" et à la "maîtrise".
Le second s'est cru obligé de renchérir sur son patron en déclarant :
"la vie politique mérite mieux que ces phrases stigmatisantes
et qui ne sont pas au niveau".
Cependant hormis la lourdeur de la métaphore sarkosienne qui est affaire de goût et non de morale, on ne voit vraiment pas où peut bien se nicher le caractère scandaleux ou "stigmatisant" de ses propos.
A dire vrai Hollande, Valls et d'une façon générale tous les caciques de la Gauche gouvernementale se sont fait depuis longtemps les spécialistes des leçons de morale, sans craindre le ridicule. Car enfin, quels parangons de vertu sont-ils donc pour oser ainsi s'ériger en professeurs de morale et en mètres-étalons de la vertu ? Et quelle liberté d'expression ces censeurs inexorables, qui étaient si résolument Charlie il y a quelques mois, comptent-ils laisser à ceux qui ne pensent pas comme eux ? Croient-ils un instant que le peuple français soit assez dénué de sagacité pour se laisser prendre à cette mauvaise farce ?
Il ne faut pas être grand clerc pour deviner à qui vont profiter les pitreries de l'un et les gros yeux des autres.