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Titre du blog : Le journal de Frank THOMAS
Auteur : Frank-Marie-THOMAS
Date de création : 20-09-2009
 
posté le 30-06-2015 à 10:30:28

Vive la Grèce ! (2)

L'Europe et la Grèce sont à la croisée des chemins. La semaine qui commence sera décisive; la France, si le président de la République se réveille enfin et, pour une fois, fait preuve de détermination et de courage, est en mesure d'infléchir durablement le cours de l'Histoire.

 

 

 

 

 

 

 

C'est justement d'Histoire qu'il sera question dans ce billet.

A aucun moment, sur aucun média, je n'entends rappeler des faits qui, bien que remontant à la seconde guerre mondiale, c'est à dire à 7 décennies, sont à l'origine de la crise que traverse la Grèce et l'Europe depuis quelques années.

 

L'Allemagne qui s'érige en donneuse de leçons d'orthodoxie économique et de morale a une responsabilité majeure dans ce qui est en train de se passer chez les grecs, inventeurs de la démocratie et pères de l'Europe.

Rappelons les faits.

Lorsque Mussolini, mu par le rêve fou de reconstituer l'empire romain d'Occident envahit l'Albanie puis la Grèce, le 28 octobre 1939, il pensait faire de ce pays une province italienne, comme l'avaient fait les Romains deux mille ans auparavant.

Débordé par la résistance héroïque de la petite armée grecque, forcé de reculer jusqu'au milieu de l'Albanie, il dut faire appel à son allié nazi.

La guerre prit alors une autre tournure.

 

 

 

 

Les allemands écrasèrent l'armée grecque et dès le début de 1941, la Grèce fut occupée par les pays de l'Axe : Italie, Allemagne et leur alliée, la Bulgarie.

 

 

 

 

 

Cette occupation fut atroce et destructrice : 300.000 grecs moururent de faim.

J'ai entendu de la bouche de ma marraine artistique, Irma Kolassi, le récit de cette épouvantable période.

L'économie du pays, mis en coupe réglée par les barbares nazis, en fut réduite à tout fournir gratuitement aux allemands : produits agricoles, industriels, miniers, main d'œuvre enrôlée de force.

Ce pillage éhonté et sans pitié de la Grèce par l'Allemagne s'accompagna, paradoxe qui traduit bien la folie du IIIe Reich, par la nazification de la culture grecque antique.

Dans leur folie dominatrice en effet, les allemands tordirent les mythes grecs pour en faire les cousins des mythes nordiques et germaniques. La glorieuse culture grecque fut ravalée par eux au rang de faire-valoir de leur immonde et stupide idéologie.

 

Enfin les allemands furent écrasés.

Mais les ravages qu'ils avaient commis laissèrent de profondes blessures dont la Grèce n'est pas encore remise.

Car en plus du plillage sauvage de toutes leurs ressources, les grecs durent faire face à un lourd tribut imposé par l'Allemagne sous le nom cynique de "frais d'occupation".

Ils durent verser à leur ennemi 6 milliards de drachmes en 1941, 180 milliards en 1942 et plus de 220 milliards en 1943 !

Ces vols et cette ignoble dette causa la montée tragique du chômage, la chûte de la production industrielle, et accessoirement un désastre environnemental, les grecs ayant massivement déboisé leur pays pour se chauffer. 

Survint ensuite, au départ de l'occupant, la guerre civile qui déchira le pays et qui empêcha la Grèce de profiter du rebond économique consécutif à la victoire des alliés. De cette sombre période date aussi l'habitude que les grecs ont prise de s'affranchir des règles et de se battre tout simplement pour survivre. 

 

Ajouté à cela l'humiliation, pour le peuple grec, d'avoir eu à subir à sa tête une famille royale allemande jusqu'en 1964, dominée par la figure détestée de la reine Frederika de Hanovre, ancienne des jeunesses hitlériennes et dont trois des frères avaient servi dans la Wehrmacht !

Vinrent ensuite l'atroce régime des colonels, les assassinats politiques. 

 

 

Dans ces conditions on comprend que les grecs aient un peu de mal à accepter les leçons d'économie et de morale de Mme Merkel et de l'Allemagne...

Il est tout à fait incroyable que les experts en tous genres, les chroniqueurs, les spécialistes, n'évoquent jamais ce passé récent qui pourtant, j'espère l'avoir montré, explique largement et l'état dans lequel se trouve la Grèce, et la résistance du peuple aux diktats allemands.

 

Ce serait l'honneur de la France, fille et amie de toujours de la Grèce,  de faire entendre enfin sa voix et de dire un non définitif à la mise à l'écart de ce merveilleux pays et de ce grand peuple qui, s'il se sent ainsi ostracisé, cherchera des alliés ailleurs.

Si elle ne le fait pas, non seulement elle se déhonorera, mais elle sera responsable d'un désastre économique et politique dont on a du mal, pour l'heure, à mesurer l'ampleur. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

Florentin le 03-07-2015 à 11:21:30
Le cynisme de l'Allemagne en cette affaire me révulse moi aussi.
La cigogne le 30-06-2015 à 15:07:47
Bonjour Monsieur.. Je viens de lire votre tres intéressant billet..puis -je y répondre apres avoir beaucoup écouté autour de moi les avis des uns et des autres..je vais tenir -volontairement-un discours simpliste..ne m'en voulez pas trop..je ferai mieux la prochaine fois!! Les français se fichent de la Grèce..la seule chose qui les interpelle est que la sortie de ce pays coûterait a chacun de nous la modique somme de plus de 600 euros..je crois qu'ils en ont assez de ces dirigeants qui n'ont pour centre d'intérêt que leur bien etre et leur confortable retraite..l'Histoire de ce grand pays, berceau d'une fabuleuse civilisation..passe tres tres loin de leurs préoccupations actuelles..quant à ce que décidera le president français..!! Retrouvera-t-il la parole..?? Cet homme est un mystère..!! Fse