François Rebsamen, donc, quitte dans quelques jours son ministère du Travail. Il se dit satisfait de son bilan et chagriné de devoir abandonner ce poste passionnant.
Tout est effroyablement cynique et mensonger dans les trois affirmations proférées par ce sémillant ministre.
D'abord, il est absolument faux qu'il "doive" laisser son ministère. Rien ne l' oblige à redevenir maire de Dijon.
A qui fera-t-il croire en effet qu'il ne se trouve pas un seul ou une seule élue de cette ville pour succéder au maire défunt ?
L'affirmer est ou bien insultant pour l'équipe municipale en place, puisque c'est clairement suggérer que personne n'est à la hauteur de la tâche, ou bien tout à fait cynique puisque cela semble indiquer qu'aucun membre du conseil municipal de Dijon ne souhaite devenir maire. On peine à le croire.
La vérité est que monsieur Rebsamen appartient à cette catégorie d'élus de plus en plus répandue, hélas, qui considèrent leur fauteuil comme une propriété privée, un privilège, pas très éloigné de ceux que les membres de la Constituante ont abolis durant la nuit du 4 août 1789.
En deuxième lieu le ministre tout en reconnaissant que le gouvernement dont il est membre a jusqu'à présent échoué dans ses tentatives de faire baisser le nombre de chômeurs en France, fait miroiter une nette amélioration de la situation en osant : "Heureusement, l'année 2015 s'annonce meilleure : notre économie recrée des emplois. On peut donc s'attendre à ce qu'à la fin de l'année le chômage recule enfin."
Cette optimiste prévision le conduit au troisième mensonge qu'il profère avec un sans-gêne effarant : il est selon lui " frustrant " de quitter le gouvernement maintenant, accompagné, ajoute-t-il de " l'estime des partenaires sociaux".
Bref, monsieur Rebsamen a bien travaillé, tout le monde s'accorde à le dire, il est chagrin de quitter l'équipe Valls, mais comme personne à Dijon n'en est capable, il se fait violence et se sacrifie courageusement en récupérant, la mort dans l'âme, son écharpe de maire...
En réalité il donne lui-même la clé de son geste; il suffit de supprimer la négation de sa phrase : " je ne quitte pas le navire ".