Ces deux mots sont récents, l'un de la fin du XIXe, l'autre du milieu du XXe siècles.
Tous les deux viennent, on s'en doute du latin discriminare et discriminatio ainsi que du substantif discrimen dont la signification est particulièrement susceptible d'éclairer l'artificielle polémique lancée par les dames chaisières de la Gauche, monsieur Cambadélis en tête (drôle de chaisière soit dit en passant) après les propos du secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies.
Ce mot signifie plusieurs concepts dont les principaux sont "ligne de démarcation", "différence", "distinction", "décision", détermination".
Discriminer c'est donc prendre la décision de faire la différence entre les êtres en séparant, en l'occurrence, ceux qui sont potentiellement dangereux du reste de la foule.
Sur quoi, dans l'urgence d'un départ de train, au milieu d'une masse agitée de gens, les services de sécurité peuvent-ils choisir de fouiller tel bagage et telle personne ? Bien souvent, c'est vrai, sur le "facies", c'est à dire l'allure générale d'un individu et son appartenance plus ou moins évidente à un groupe ethnique susceptible de faire supposer qu'il peut faire partie d'une mouvance extrêmiste criminelle.
Il est tout à fait vrai que cette méthode prétendue "aléatoire" mais en réalité discriminatoire, est particulièrement frustrante pour les innocents qui n'ont contre eux que l'appartenance à l'une de ces ethnies.
Les principes fondateurs de notre République ne peuvent être qu'atteints par une telle injustice, et dans l'absolu tout citoyen attaché aux libertés publiques et à l'égalité entre les hommes ne peut qu'être blessé par cette violence morale.
Mais devant l'urgence de la situation et le danger terrible que fait peser le terrorisme sur la sécurité des personnes, le temps n'est pas aux principes philosophiques et moraux, mais à l'efficacité qui sauve l'essentiel : la vie.
Monsieur Vidalies, je le présume, ne se satisfait sûrement pas de cette atteinte aux droits de l'Homme rendue nécessaire par la gravité des évènements que nous traversons et que toute faiblesse de l'Etat ne peut qu'aggraver. Mais, au risque assumé de hérisser les belles âmes de son propre parti, il ne fait que privilégier le bon sens le plus élémentaire.
Citons ses propos exacts en réponse à une question de Jean-Pierre Elkabbach qui l'interrogeait sur le renforcement des contrôles aléatoires dans les trains français à la suite du récent attentat du Thalys :
" Chaque fois qu'on parle de fouilles aléatoires, quelqu'un dit ‘ça risque d'être discriminatoire’. Moi je préfère qu'on discrimine effectivement pour être efficace plutôt que de rester spectateur ".
Il est évident que ces "fouilles aléatoires" ne peuvent se faire, du moins en grande partie, qu'en prenant en compte l'allure de la personne suspectée de mauvaises intentions. Cette allure est faite d'attitudes, de gestes, bien sûr, mais aussi de traits visibles permettant de supposer qu'elle appartient à une mouvance religieuse dangereuse.
Nul ne peut se réjouir de cette petite victoire des extrêmistes qui nous forcent à aller contre les principes fondateurs de notre société de liberté.
Mais nul ne peut non plus, en se retranchant derrière des idées généreuses et humanistes, commettre un déni de réalité au risque criminel de mettre encore plus en danger nos concitoyens et les étrangers qui vivent sur notre sol.