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Titre du blog : Le journal de Frank THOMAS
Auteur : Frank-Marie-THOMAS
Date de création : 20-09-2009
 
posté le 18-10-2015 à 09:48:34

18 octobre 1685

En cette année 2015, tricentenaire de la mort du Grand Roi, les livres et les disques rendent hommage au souverain, aux artistes et aux penseurs de son siècle, à la gloire dont son règne a couvert la France.

 

 

 

 

De fait, même les plus acharnés détracteurs de l'Ancien Régime ne peuvent pas ne pas reconnaître qu'entre le milieu du XVIIe et celui du XVIIIe siècles le rayonnement du Roi Soleil  éblouit l'Europe et le monde. Car l'oeuvre du souverain lui survécut longtemps et lui survit encore de nos jours.

 

Mais il y a des trous noirs au sein de cette éclatante lumière.

Nous sommes précisément aujourd'hui, 18 octobre, en un jour sombre du règne.

Ce jour-là de l'année 1685, alors que le Royaume connaissait une courte période de paix, que les récoltes étaient bonnes, que la cour était installée à Versailles,  le Roi signa l'édit de Fontainebleau qui annulait celui de son grand-père Henri IV, le fameux édit de Nantes.

 

Par ce grand texte le Béarnais, ayant lui même abjuré la religion réformée et devenu modérément catholique au nom de la paix et de la raison d'Etat ( "Paris vaut bien une messe " ), ramena la paix en France après un demi-siècle d'une éffroyable guerre civile et religieuse qui faillit bien aboutir au dépècement de notre pays. Un parallèle avec ce qui se passe en ce moment me paraît évident.

Car de même que la Russie et ses alliés d'une part, l'Amérique et les siens d'autre part tentent de tirer chacune profit du conflit civil et religieux du Moyen-Orient, de même à l'époque des guerres de religion en France, l'Espagne et l'Angleterre espéraient bien se partager notre pauvre royaume à feu et à sang.

 

 

L' édit de Nantes fut un acte fondateur. C'est sur lui que la France put construire sa prospérité et sa grandeur sur terre sur mer et sur tous les continents connus.

Pour de mesquines raisons religieuses, et parce qu'il ne supportait pas, depuis la Fronde, qu'un groupe quelconque pût remettre son autorité et sa puissance absolues en cause, ni prince, ni Eglise, ni Parlement , Louis XIV effaça d'un trait de plume l'oeuvre de son illustre prédécesseur.

 

Il eut tort. Les éloges de Madame de Sévigné ou de Bossuet - qu'on a connus mieux inspirés - ne suffisent pas à estomper le désastre humain, politique et économique que fut ce funeste texte. Le duc de Saint-Simon, dans ses Mémoires, en parle avec une admirable lucidité.

 

 

L'édit de Fontainebleau ralluma inutilement l'hostilité entre l'Angleterre et la France.

Il poussa les princes allemands et les Pays-Bas unis contre nous dans la Ligue d'Augsbourg.

Il alluma une insurrection commencée dans les Cévennes et réprimée de façon sanglante.

Enfin et surtout, il provoqua le départ de dizaines de milliers de Français appartenant à l'élite intellectuelle, financière et artisanale de l'époque. On estime les exils définitifs des huguenots français vers la Hollande, l'Allemagne, l'Amérique du Nord, l'Afrique du Sud, etc. à plus de 180.000 personnes.

Ces départs de familles généralement cultivées, aisées et actives dans le domaine économique costituèrent une terrible catastrophe économique et provoquèrent un réel appauvrissement matériel et moral de la France. 

 

Ce 18 octobre est une vilaine tache au front du Soleil.