Madame Myriam El Khomeri, ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social.
Ce n'est certes ni la première fois ni, on peut en être certain, la dernière qu'un ministre sera pris en flagrant délit d'ignorance sur un point précis touchant à la vie quotidienne des Français.
Un tel, ministre de l'Education Nationale, ne sait pas résoudre une simple règle de trois, tel autre, lui aussi ministre de l'Education, yoyotte entre un kilo de plumes et un kilog de plomb, telle femme du monde-ministre ignore le prix du ticket de métro, etc, etc.
On raconte encore, en Bretagne, l'histoire de ce ministre de l'Agriculture, héritier d'une famille illustre de négociants en vins de Champagne, répondant aux paysans qui se plaignaient de ne plus avoir de pâturage pour leurs bêtes : " et toute cette herbe ? ". Il montrait en disant ces mots un vaste champ de blé en herbe...
Ainsi, la bourde chez Bourdin hier matin de Madame El Khomeri, qui a remplacé François Rebsamen au ministère du Travail et de l'Emploi il y a deux mois, n'est pas si rare qu'il faille plus que de raison la monter en épingle.
Cette jeune (37 ans) et brillante femme a gravi en accéléré les marches du pouvoir : chargée de mission auprès du maire du 18e arrondissement de Paris en 2002, conseillère municipale du 18e arrondissement ( celui de Daniel Vaillant et de Lionel Jospin), et adjointe au Maire de Paris en 2008, réélue adjointe au maire auprès d'Anne Hidalgo en 2014, nommée secrétaire d'Etat chargée de la ville en août 2014 dans le premier gouvernement Valls, devenue ministre du travail en septembre 2015 à la suite de la démission de François Rebsamen, retourné gérer sa ville de Dijon. Parcours fulgurant.
On peut s'étonner tout de même du ministère qui lui a été affecté. En effet, jusqu'à ce jour, Mme El Khomeri était apparemment spécialisée dans le domaine de la sécurité et de la tranquillité publiques, mission qui avait accompagné ses mandats de conseillère et d'adjointe au maire de Paris depuis plus de dix ans. Rien ne semblait la prédestiner à gérer l'épineux ministère du travail et de l'emploi dans cette période particulièrement sensible.
Or voici qu'hier matin, interviewvée par Jean-Jacques Bourdin sur RMC, elle s'est pris les pieds dans le tapis sur le sujet extrêmement délicat des emplois à durée déterminée qui concerne, hélas, un si grand nombre de nos concitoyens.
Eux savent bien qu'un CDD ne peut être renouvelé que deux fois. La ministre, elle, interrogée sur ce point dit d'abord "trois fois", puis "plusieurs fois", pour terminer par cet aveu : " je ne pourrais pas le dire".
Il n'en reste pas moins que la question ne concernait pas un point de détail, mais une donnée de base dont l'ignorance, quoi qu'on dise, est plus que troublante de la part de celle qui est censée dominer la question la plus brûlante de l'épreuve que traverse notre pays.
La capacité d'oubli du public est telle et la puissance déferlante des vagues médiatiques si grande qu'il est probable que toute trace de ce faux pas sera bientôt effacée et que Madame El Khomeri restera ministre. On ne démissionne plus, de nos jours, que lorsqu'on y est contraint. Et Vatel n'est plus de notre temps.
Ce qui est à craindre, cependant, c'est que l'autorité de l'Etat et le respect dont il doit être entouré pour mener à bien ses missions risquent d'en être une fois encore altérés
Commentaires
Je ne savais pas qu'elle avait fait usage de la nationalité de son père pour se victimiser.
Ce genre d'attitude me révulse également.
Plus on assume les conséquences de nos erreurs et moins on éprouve le besoin de blâmer les autres.
Il est toujours plus difficile de faire de soi une évaluation critique que de s'attribuer une part de responsabilité dans ce qui nous arrive.Aussi paradoxal que ça puisse paraître,c'est le refus d'assumer nos responsabilités qui nous met en condition d'être victime et/ou à la merci de l'autre.
Oui,Jean-Jacques Bourdin fait subir le même traitement aux hommes politiques tous bords confondus.Je n'apprécie guère son postulat qui consiste à les piéger (pourtant je ne suis pas tendre avec le milieu politique) de façon systématique.
Ce n'est pas comme si leurs lacunes apparaissaient de manière fortuite au cours d'un interview bien mené.Le fait que ce soit orchestré à l'avance,qu'il essaie sciemment de les mener à la faute,cela me procure un sentiment de malaise.
C'est un procédé déloyal qui annule de ce fait toute authenticité au débat. Vouloir faire le buzz médiatique en voulant acculer les hommes politiques à la faute je n'assimile pas cela à du vrai journalisme.
Les pousser à la faute et les pousser dans leurs retranchements (aller au-delà de la langue de bois) sont deux choses distinctes pour moi).
Oui c'est vrai,les journalistes français sont trop complaisants parce qu'inféodés eux aussi au retour de leurs bonnes grâces.La courtisanerie à toujours bonne presse en France (c'est le cas de le dire).
Hélas, ce ne sont toujours pas des mondes séparés mais ils se pénètrent les uns les autres...
Hors du cadre de leurs fonctions journalistiques bien sûr.C'est un système qui fonctionne comme le même principe des vases communicants/Ils se font allégeance. (Philippe Verdier l'a appris à ses dépens)
Franz-Olivier Giesbert décrit cela infiniment mieux dans ses innombrables bouquins consacrés aux soi-disantes élites.
@Bellatrix
Je suis en accord avec l'essentiel de votre commentaire. Comme vous, notamment, je ne considère pas que la bourde de Mme El Khomeri la disqualifie en tant que ministre , même si cette lacune me semble particulièrement fâcheuse.
Sur J.J. Bourdin je ne partage pas complètement votre point de vue.
Certes cet homme est assez brutal, certes il vise avant tout à conforter l'audience de RMC et de BFMTV. Mais il passerait pour un journaliste complaisant dans certains pays anglo-saxons, notamment aux USA. De plus il faut à mon avis mettre à son crédit le fait qu'il traite de la même manière tous les politiques, quelle que soit leur appartenance.
Enfin je suis absolument hostile au sous-entendu que laisse courir Mme El Khomeri lorsqu'elle évoque son état de femme et de femme maghrébine par un de ses parents pour expliquer l'acharnement dont elle se dit victime.
Cet argument usé jusqu'à la corde me paraît, surtout en l'occurrence, une assez misérable défense.
Il est bien évident que cette femme a été nommée à un poste qui n'a rien à voir avec son domaine de compétences. (il suffit à chacun de se renseigner sur son parcours et cursus liés à l'administration du politique/mémoire de fin d'études sur les maisons de Justice et du Droit/Chargée sous Delanoé des questions relatives à la prévention,la sécurité et le toxicomanie,porte-parole d'Anne Hildago,nommée Sécrétaire d'Etat à la politique de la ville en 2014,enfin bref je vous fait grâce du reste)
Cette femme ne connaît rien à la vie des travailleurs et chômeurs.Elle ne sait absolument rien à quoi ils sont soumis.A l'instar des hommes politiques qui font profession de leur engagement politique pour les privilèges qui vont avec,ils sont complètement déconnectés de la vie des pauvres gens.
Non au service des citoyens mais avant tout ils font profession de leurs propres intérêts aux dépens du plus grand nombre.Déjà en lui-même tout le système politique est profondément dévoyé.
Je suis absolument réfractaire aux cumuls des mandats.Et faire carrière dans la politique devrait être interdit par la loi.Je vote pour!!!
Néanmoins,j'ose croire encore à la probité de quelques un(e)...
Combien de politiques masculins sont nommés à des postes qui ne cadrent en rien avec leurs compétences initiales? (ils se nomment les uns les autres par effet de consanguinité et dans un esprit de retour de bonnes grâces afin de maintenir leurs privilèges)
Parce que c'est une femme ce serait plus grave?
Comme Galinette je ne supporte pas les procédés de Bourdin.Il attend les hommes politiques comme un brigand dans les bois pour les mettre à mal.
Leur faire perdre la face pour faire le buzz!
Ce qui fait du tort à tout le monde sauf à son taux d'audience.Résultat les citoyens n'ont rien appris sur ce qu'elle compte faire réellement pour le marché de l'emploi.Sur sa mission etc...
Cela ne peut que conforter la défiance et désintérêt des citoyens à l'égard des politiques.Ce qui ne peut contribuer à amoindrir leur capacité à défendre leurs droits.
Des droits et des devoirs bien entendu (l'un ne va pas sans l'autre) :c'est d'abord la résistance active à l'oppression qui fait le citoyen.La puissance de revendication est ainsi le gage même de la défense permanente d'un droit effectif.Autrement dit,en deça des dispositions juridiques,avoir un droit c'est avoir,avant tout,la puissance de pouvoir le défendre et de le revendiquer.Enfin bref,c'est à la réalité effective résultante de sa mission qu'il faudra juger cette femme.
Sa fonction a débuté le 2 septembre 2015 dans un domaine qui ne fait pas partie de ses compétences directes alors laissons-lui le bénéfice du doute.
L'attaquer par surprise au coin d'un bois n'est pas un comportement loyal d'autant plus si c'est pour en tirer des bénéfices substantiels:faire fructifier sa boutique en faisant le buzz!
juste une remarque : j'ai entendu, par pur hasard, en direct l'interview de la ministre du travail (que je ne connaissais pas et pour laquelle je n'avais aucun a-priori particulier si ce n'est un malaise un peu suspicieux à force de voir en " 1ere ligne", à des postes requérant un minimum d'expérience des " jeunots" n'ayant jamais vraiment été confrontés à la complexité de la réalité, des idées..., si ce n'est à travers des livres ou des "mémoires" universitaires ou des cabinets plus ou moins obscurs. Bref, j'ai été éberluée par son air d'élève appliquee récitant une leçon bien apprise, par son incapacité à maîtriser son sujet face à un interlocuteur un peu dérangeant ( interlocuteur dont je n'apprécie pas spécialement le ton ou la manière par ailleurs. Pour moi M. Bourdin est le prototype du "journaliste" dont bcp de gens ont assez. Mais il fait de l'audience..!!).
Esprit brillant la ministre? Peut-être. Ça ne m'a pas sauté aux yeux et j'ai plutôt "vu" le visage lisse, inexpressif de "la bêtise au front têtu". De celle qui ne doute pas, qui ne se pose pas la question de sa légitimité à ce poste, un peu comme NVK ( le sourire mielleux et l'arrogance triomphante en moins, l'inconscience en plus).
Je me suis dit que son incompétence allait sauter aux yeux, qu'on aurait droit à un " buzz" qui n'aurait aucune conséquence tant tout est devenu "inconséquent" et j'ai éteint mon poste de télé, dégoûtée pour la journée.
En lien, un bon résumé de l'épisode. (Je trouve)
http://grincheux.typepad.com/weblog/2015/11/myriam-el-khonnerie-ministre-du-travail.html
Ce n'est pas tant la méconnaissance du point particulier en question qui pour moi à fait désordre, mais bien plus la déstabilisation infantile de l'élève n'ayant pas appris sa leçon face à l'instituteur accablant.
Ce faux pas ne lui sera pas pardonné d'abord par ceux de son camp idéologique qui doivent commencer à bouillir face à tant de bourdes successives des unes et des autres.
Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierrre ... Mais, vous avez raison, cela fait désordre. Le problème, c'est que les ministres ne sont pas forcément nommés dans leur domaine de compétences. J'ai, par exemple, bien connu B. Caseneuve, puisque je l'ai eu comme maire. C'est un homme de dossiers et de chiffres, que rien ne prédisposait à la sécurité. Il est ministre de l'Intérieur. Il y peine, évidemment ...
Qu'il etait beau Monsieur Cazeneuve dans son bel habit de ministre de l'intérieur ..chez Monsieur Bourdin ce matin..mécontent que l'on s'en soit pris à un ministre de la republique.!! Un ministre blessé..pauvre chou..!! Pas envie de la plaindre..moi..!! On ne demande pas à un ministre du travail de réciter le code ..mais un stricte minimum de connaissances..on pourrait presque en rire.si ce n'était a pleurer..!!fse