Deux sondages viennent de donner au Nord et au Sud, Mesdames Marine Le Pen et Marion Maréchal Le Pen battues d'une courte tête par Messieurs Bertrand et Estrosi.
Pour surprenants qu'ils puissent sembler, ces scores ne sont pas tout à fait inattendus.
A deux reprises dans mes billets précédents j'ai envisagé l'hypothèse que malgré les résultats très flatteurs du premier tour, l'électorat du second tour pouvait fort bien se reprendre et barrer in extremis la route aux candidats du Front National arrivés en tête.
En effet, après avoir dit leur mécontentement sans frais, les électeurs se trouvent confrontés à la nécessité de choisir ceux qui durant six ans vont diriger leurs affaires, et ce choix crucial est influencé par les craintes que les candidats frontistes eux-mêmes, et le tapage médiatique qui les précède, ont enraciné dans leurs consciences.
L'extraordinaire succès du FN au premier tour est évidemment de nature à pousser les abstentionnistes aux urnes et, ce faisant, à infléchir les résultats du second. La montée qu'on observe depuis deux jours du nombre de procurations est un signal intéressant.
Le retrait des listes de gauche dans les régions Nord et PACA bouleversent les données, et obligent les électeurs de gauche à faire un choix plus que difficile, surtout dans le cas de C. Estrosi dont le moins qu'on puisse dire est que ses options passées ne montrent pas une franche hostilité à l'égard des idées du FN.
Deux remarques, cependant, me semblent devoir être faites.
D'abord, il est étonnant que les sondages ne s'intéressent qu'aux deux régions où ont lieu des duels et ne concernent pas les onze autres où les choses ne sont pas du tout jouées. Je pense en particulier au Grand Est, au Languedoc Aquitaine, à la Normandie, etc.
Il est vrai qu'il est plus facile de dégager des chiffres clairs avec deux listes qu'avec trois ou quatre, comme en Corse.
Mais il y a dans ce silence sur les trois quarts de la France quelque chose de pesant et d'anormal, qui pourrait laisser à penser que les sondages sont moins destinés à informer qu'à influencer.
Dans quel sens, finalement, jouera cette influence, si elle existe, telle est la question. Est-il impossible d'imaginer que les sondages défavorables à Mmes Le Pen depuis hier produisent un effet stimulant sur les électeurs qui leur sont favorables et qui ne sont pas allés voter dimanche dernier ? Ces questions réversibles à l'infini montrent bien le caractère pervers des sondages effectués à proximité d'un scrutin.
Ensuite, ces incertitudes et ces interrogations, les manipulations toujours possibles de ces enquêtes dont la rigueur n'est pas certaine, les intérêts en jeu, tout me pousse à aborder avec la plus grande méfiance les sondages électoraux.
En ce qui me concerne, et depuis de très nombreuses années, je serais favorable à ce qu'ils soient absolument bannis des périodes de campagne.
Dans la majeure partie des communes de France par exemple, faute de moyens pour les candidats de s'offrir des sondages, et faute d'intérêt pour les instituts à en pratiquer, les élections municipales se déroulent sans qu'aucune enquête d'opinion ne vienne influencer le vote des électeurs; chaque liste part donc avec le même espoir de l'emporter. Cela me semble infiniment plus sain.
Commentaires
@ Florentin
Au moins n'avez-vous pas perdu votre humour !
Même mon "mot d'excuse" est troué. Va falloir que je fasse des brouillons ...
@ Florentin
Vous êtes tout excusé.
Je vous prie, une fois de plus, de ne pas avoir relu mon commentaire ci-dessous. Je suis impardonnable.
Bonjour. Je suis un sportif .De fauteuil aujourd'hui (c'est l'âge, mon bon monsieur).. Aussi, j'aime le suspense et que la partie de soit pas gagnée ou perdu d'avance. C'est pourquoi, je n'apprécie guère tous ces sondage qui faussent ou infléchissent le résultat des courses. Mais, bon, il ne faut pas espérer qu'ils disparaissent. Les candidats en font le baromètre de leur campagne. A propos, j'ai lu avec gourmandise (voyez comme on est !) dans mon quotidien, ce matin, que les sondages en question sonnaient les glas des espoirs du FN aussi bien en NPDC qu'en PACA.