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Titre du blog : Le journal de Frank THOMAS
Auteur : Frank-Marie-THOMAS
Date de création : 20-09-2009
 
posté le 06-01-2016 à 09:09:53

On solde dans le prêt à penser.

Dans le précédent billet je remarquais que les médias abusaient des superlatifs et des clichés vidés de leur sens.

 

 

 

Je voudrais brièvement poursuivre cette réflexion aujourd'hui. 

Jean Dutourd qui pour n'avoir pas été un grand écrivain, fut un témoin amusant et perspicace des modes de notre temps, a très bien su ridiculiser cette langue convenue et paresseuse dans un petit livre très drôle : " Ça Bouge dans le Prêt- à- Porter".

 

 

 

 

Il y collectionnait un grand nombre de clichés et d'expressions toutes faites qui permettent de parler pour ne rien dire (en insistant sur le POUR, car ces mots creux sont des masques destinés à échapper à la critique et à la polémique) ou, pour reprendre le titre d'un livre savant d'Oswald Ducrot datant de la grande époque de la linguistique structuraliste, de "Dire et ne pas Dire".


 Cette dérive ne serait pas trop grave en soi si l'emploi systématique de ces lieux communs modernes n'étouffait pas toute spontanéité et toute originalité de la pensée. Le moyen, en effet, de penser (et donc de dire) par soi-même si on puise ses expressions, donc ses idées dans un fonds public, sorte de supermarché à la fois rhétorique et idéologique ?

 

Car nos idées, malgré nous, sont entièrement dépendantes des mots et des expressions par lesquelles nous essayons de les exprimer. Si les mots ne sont plus les nôtres, nos idées ne le sont plus non plus.

Et c'est littéralement penser comme les autres que de  parler comme eux. C'est adopter une pensée commune et convenue, renoncer à toute liberté - laquelle ne va pas sans risques - et sombrer dans une attitude de soumission intellectuelle et morale directement opposée à la liberté, voire à la hardiesse qui caractérise un citoyen libre.

 

Il n'est qu'à entendre les tollés que soulève toute prise de parole un peu effrontée pour mesurer la profondeur du mal. Et ce ne sont certes pas les Facebook, Tweeter et autres médias à la mode qui vont le guérir : ils sont le royaume du prêt à penser.

Pensons y en ce jour d'ouverture des soldes.


 

 

Commentaires

Florentin le 06-01-2016 à 09:46:51
Bizarre ... Je me demande pourquoi votre billet me fait spontanément penser à la langue des politiques ....