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Titre du blog : Le journal de Frank THOMAS
Auteur : Frank-Marie-THOMAS
Date de création : 20-09-2009
 
posté le 23-01-2016 à 10:49:42

L'état d'urgence, en Algérie, déjà...

Le gouvernement d'Edgar Faure, en 1955, fut amené à décréter l'état d'urgence en Algérie à la suite des attentats qui, depuis le 1e novembre 1954, n'avaient cessé de se multiplier et de s'aggraver.

 

 

 

Comme souvent, l'histoire permet d'éclairer l'actualité.

Lorsque le gouvernement à majorité SFIO dirigé par Guy Mollet fut confronté à la révolte algérienne et aux attentats de plus en plus sanglants des terroristes du FLN, il dut se résoudre, contre son idéologie, à user de l'état d'urgence, c'est à dire de la suspension des libertés publiques au profit de la sécurité assurée par les forces de police, de gendarmerie et par l'armée. 

 

Mutatis mutandis, soixante ans plus tard, le pouvoir socialiste se trouve devant une situation similaire. Et les clivages qui se firent jour alors au sein de la coalition majoritaire au parlement, ressurgissent aujourd'hui à peu près dans les mêmes termes.

Si la comparaison est poussée un peu plus loin, il convient de rappeler que l'état d'urgence de 1955 ne fut levé qu'en 1962, une fois les évènements d'Algérie réglés, de la façon que l'on sait, par le général de Gaulle.

Ainsi cet état exceptionnel qui ne devait durer que quelques mois, le temps, pensait-on, de réduire les terroristes et de mettre fin à leurs attentats, se prolongea durant sept ans !

 

 

 

 Le vieux port de Marseille, janvier 2016.

 

Le débat actuel au sein de la majorité de gauche - puisque pradoxalement la Droite, elle, soutient la volonté du président de la République de prolonger de trois mois supplémentaires l'état d'urgence qui devrait se terminer le 26 février, rappelle en tous points celui d'il y a plus d'un demi-siècle.

Dans un premier temps du cafouillage invraisembable auquel nous assistons, Hollande avait fait fuiter l'idée que l'état d'urgence serait prolongé tant que la menace que fait peser sur la France l'état islamique perdurerait.

Cette position est celle du premier ministre, Manuel Valls, qui l'a répétée hier alors que François Hollande, comme nous allons le voir, avait déjà reculé sur ce point. Cacophonie.

 

Se rendant compte sans doute que cela conduisait à  prolonger sine die l'état d'urgence, le président, selon sa bonne habitude, est revenu sur cette idée et a affirmé à ses visiteurs politiques d'hier à l'Elysée - et notamment à Pierre Laurent, premier secrétaire du PCF -  que les deux choses seraient déconnectées, sans justifier clairement les raisons de cette déconnection.

Tant et si bien que nous en sommes pour l'heure à l'idée d'une suppression de l'état d'urgence à échéance de quelques mois, sans que pour autant les circonstances et les menaces qui ont justifié son établissement aient disparu ! 

 

Le précédent algérien montre, s'il en était besoin, que l'état d'urgence risque de devenir assez vite le fonctionnement ordinaire du pays, avec toutes les restrictions aux libertés publiques qu'il suppose, sans pour autant garantir absolument la sécurité des Français.

Nous avons dans notre copieux arsenal juridique et réglementaire tout ce qui est nécessaire au maintien de l'ordre et à la poursuite des terroristes qui nous menacent.

Ce n'est pas le maintien indéfini d'un état d'exception ni encore moins son inscription dans le marbre de la Constitution - qui par parenthèse donnerait satisfaction aux assassins qui nous attaquent -  qui pourra assurer la tranquillité publique, mais l'application rigoureuse des lois déjà existantes.

 

De deux choses l'une : ou bien l'état d'urgence est supprimé dans quatre mois, malgré le fait plus que probable que  la situation n'ait pas changé d'ici là; ou bien il est maintenu indéfiniment, et notre République change de face à la grande satisfaction de ceux qui la combattent.

Dans un dilemme aussi angoissant, il faudrait à la tête du pays un président et un gouvernement déterminés et capables. 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

decapedee le 25-01-2016 à 18:49:19
C'est une des raisons pour que cela change en 2017.


Trop de mauvais choix sont faits, trop de reculades, trop d'à peu près...gouverner, normalement ce n'est celasmiley_id2386919