Dans la masse des promesses non tenues et des changements de cap incohérents, je voudrais aujourd'hui pointer le leurre que constitue la prétendue "priorité" à la jeunesse et à l'éducation de ce triste gouvernement. Examinons les choix faits en ce qui concerne l'enseignement des langues anciennes dans notre pays.
93% des 7100 collèges de France proposent aujourd’hui l’option LCA ( Langues et Cultures de l'Antiquité), soit 6603 collèges environ. Cette option, sorte de fourre-tout "culturel", ne laisse qu'une place très restreinte à ce qui, dans ces études, est réellement formateur pour l'esprit : l'étude de la langue elle même. Mais ce n'est pas tout :
si l’on réalise une projection sur ces 6603 établissements du nouveau système introduit par la réforme de Mme Vallaud-Belkacem, cela donne :
26115 par semaine, soit 940140h par an perdues d’enseignement des Langues Anciennes soit l’équivalent temps plein de la suppression de 1450 postes de professeurs certifiés ou 1741 postes de professeurs agrégés. Telle est la triste réalité, fort éloignée des rodomontades mensongères de la ministre.
Souvenons-nous : la réforme du Collège qui sera mise en place à la rentrée 2016 annonçait une « démocratisation » des Langues Anciennes, il était même question de « latin pour tous », en tout cas du « même nombre d’heures de cours » après la réforme, mais nous sommes très loin du compte (réécouter les déclarations de Najat Vallaud-Belkacem le 25 mars 2015 devant la commission des affaires culturelles de l’Assemblée Nationale).
Bien au contraire, à l’épreuve de l’organisation concrète de la rentrée 2016, le constat est sans appel : le « latin pour tous » est une chimère.
Pire, il constitue la preuve irréfutable du démantèlement brutal des Langues Anciennes par la réforme du collège 2016.
Commentaires
@Florentin
Malheureusement je ne crois pas que le départ de ce mauvais gouvernement suffira à inverser cette tendance.
Voilà au moins trente ans que, gauche et droite confondues, la relégation des humanités est une constante de la politique de l'Education Nationale : suppression du latin dans les petites classes du collège, relégation des heures d'études à des horaires impossibles, fusion en un seul groupe d'élèves hétérogènes,etc.
Les uns pour lutter contre ce qu'ils appellent stupidement la "culture bourgeoise", les autres au nom d'une société de plus en plus libérale tournant le dos aux formations "inutiles". Mais les deux d'accord pour étrangler avec méthode et constance les langues anciennes. Elles gênent dans cette époque d'inculture parce qu'elles sont une école de rigueur intellectuelle et d'esprit critique.
La décision de Mme Vallaud-Belkacem n'est qu'un pas de plus dans cette longue marche qui laisse tout le monde indifférent puisque de moins en moins d'adultes ont suivi ces études et sont donc en mesure d'en apprécier la nécessité.
J'ai fait du Latin de la sixième à la première et du Grec à partir de la quatrième. C'est donc avec beaucoup de tristesse que j'ai appris la quasi-disparition des langues anciennes en secondaire. Il est grand temps que tous ces gens-là disparaissent.