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Titre du blog : Le journal de Frank THOMAS
Auteur : Frank-Marie-THOMAS
Date de création : 20-09-2009
 
posté le 26-04-2016 à 08:06:40

"Lanceurs d'alerte" ou délateurs ?

Jean-Pierre Chevènement  (cf son site en lien) affirme que le scandale des "Panama papers" n'aurait pas pu éclater sans la collecte de "11 millions et demi de documents" par "des services spécialisés" qui ont selon lui en outre "choisi leurs cibles".

 

 

 

 

 

Autrement dit, on nous mène en bateau lorsqu'on nous laisse entendre  que ces "révélations" sont dues au courage, à l'honnêteté  et à la lucidité de chevaliers blancs du net, ceux que l'on  nomme noblement "les lanceurs d'alerte" et qui, dans un français courant, s'appellent plus simplement des délateurs.

 

 

 

 

Bien sûr, nous sommes tous satisfaits que des citoyens ou des sociétés sans scrupule qui font des profits en France (ou ailleurs) et qui vont cacher leur argent dans des paradis fiscaux en suivant des filières si complexes qu'il est presque impossible de les remonter, soient dénoncés et, mieux encore, sanctionnés. Notons au passage que les dénonciations sont finalement assez peu suivies d'effet.

 

Mais Jean-Pierre Chevènement a raison de dire qu'il est fort douteux qu'un hacker isolé puisse avoir accès à des documents si nombreux ( 11 millions et demi), si massifs ("ils pourraient remplir 700 bibles") et si disparates. Selon lui, il faut nécessairement que des services spécialisés et puissamment équipés se soient mis au travail. 

De plus, étant donné que pour que les ordinateurs travaillent, il faut y introduire des mots-clés, il est clair que des cibles étaient désignées à l'avance, ce qui contredit l'idée qu'on s'efforce de faire passer selon laquelle ces personnes physiques ou morales dénoncées l'auraient été à l'issue d'une recherche à l'aveugle.

La Maison Blanche n'est apparemment pas étrangère au choix de ces cibles dans la période de tension Est Ouest que nous traversons, et en pleine négociation sur le commerce entre l'Europe et l'Amérique. La mise en avant de la banque Rossia est de ce point de vue très significative : c'est, selon le "lanceur d'alerte" la tire-lire des dirigeants et des oligarques russes.

 

Enfin, pour parfaire cette réflexion éclairante et aux antipodes des histoires qu'on nous raconte, Chevènement fait remarquer que l'immensité des données auxquelles il faut avoir accès pour être un "lanceur d'alerte" suppose qu'on soit en relation avec le regroupement de médias appelé Consortium International de Journalistes d'Investigation (ICIJ) dont fait partie, par exemple, le quotidien Le Monde.

 

Soyons donc attentifs aux révélations qui sont lancées dans le public et qui nous éclairent sur la réalité du monde dans lequel nous vivons.

Mais ne prenons pas pour argent comptant - c'est le cas de le dire - la légende du héros solitaire, agissant sans intérêt personnel et révélant au monde les turpitudes cachées du capitalisme international.