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Titre du blog : Le journal de Frank THOMAS
Auteur : Frank-Marie-THOMAS
Date de création : 20-09-2009
 
posté le 06-07-2016 à 07:49:55

A propos de Michel Rocard.

La mort de Michel Rocard a donné lieu à un concert de louanges qui eût été unanime sans la réserve de Jean-Marie Le Pen.

 

 

 

 

 

L'Etat vient de perdre un grand serviteur.

Il ne fait de doute pour personne, même pour ceux qui, au sein de son parti n'ont cessé de le contrer, de l'attaquer et qui aujourd'hui mêlent leur voix au concert de louanges, que Rocard fut un esprit fécond, lucide et sans tabous. Cela, déjà, suffit à en faire une exception au sein d'une classe politique de plus en plus médiocre, inculte et privée de caractère.

 

Avoir été le grand rival de François Mitterrand dont il disait que ce n'était pas "un honnête homme", est un titre au respect qui ne peut lui être contesté.

Durant les quelques mois de son gouvernement, il n'a pu gouverner qu'en forçant l'Assemblée Nationale par le 49-3, les socialistes lui faisant régulièrement défaut, et le président de la République agissant en sous-main contre lui.

 

Mais il ne faut pas oublier les faiblesses de son action.

Le Pen l'a rangé violemment, selon son habitude, dans le camp des traitres à la patrie en raison de son engagement en faveur de l'indépendance de l'Algérie dès 1958. Ce jugement est par trop sévère, même s"il reste vrai que le jeune Rocard a bel et bien fait partie des opposants à l'Algérie Française.

Le drame de la guerre d'Algérie et l'épouvantable dénouement auquel aboutit l'action de de Gaulle ont été une sorte d'école pour lui. Il s'en est souvenu presque trente ans plus tard lorsqu'il eut à gérer le délicat problème de la Nouvelle Calédonie. Son action permit de mettre fin aux violences et d'ouvrir la longue période de compromis et de négociations dont ce territoire devrait sortir bientôt.

Même si tout n'est pas parfait dans ce processus ( cf article en lien ) il faut reconnaître qu'il laisse une chance à ce pays de connaître un avenir moins sombre que celui auquel il semblait voué avant l'intervention de Rocard.

 

Michel Rocard, néanmoins, c'est aussi une vague d'impôts nouveaux, ingénieux et lourds. C'est un renforcement de la décentralisation, excellente dans son principe mais si contestable dans la pratique faite, hélas, de multiplication exponentielle du nombre de fonctionnaires territoriaux, de la réalisation d'équipements aussi dispendieux qu'inutiles, de la dégradation de nos paysages, de complexité administrative et de magouilles locales en tous genres. 

 

Rendons hommage à l'honnête homme et au républicain qui vient de s'éteindre. Respectons sa volonté - surprenante (*) - d'un hommage solennel aux Invalides. Mais évitons de le figer en une excessive et grotesque apothéose.

 

(*) Les dernières volontés de Michel Rocard sont très précises; Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS vient de les révéler au public :

1) Cérémonie au temple protestant. 

2) Incinération de son corps, les cendres étant enterrées en Corse.

3) Hommage solennel aux Invalides avec discours du président de la République et de M. Edmond Maire, ancien secrétaire général de la CFDT.

4) Cérémonie rue de Solférino au siège du PS avec un discours du premier ministre, de M. Alain Bergougnioux, historien du PS et du premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis.