L'Europe, menacée par la montée des nationalismes, gravement éprouvée par la défection du Royaume Uni n'avait pas besoin d'un scandale.
On apprend que José-Manuel BARROSO, ancien président de la Commission Européenne, vient d'être embauché par la banque Goldman-Sachs pour être conseiller sur le Brexit.
Le moins que l'on puisse dire c'est que cette nouvelle constitue un choc pour tous ceux qui souhaitent un peu plus de morale dans la conduite des affaires européennes.
La banque Goldman-Sachs est entachée d'une réputation plus que douteuse.
On lui doit deux des catastrophes que l'Europe a endurées depuis vingt ans.
En 2000 c'est elle qui a aidé la Grèce à maquiller ses comptes pour continuer à rentrer dans les critères économiques et financiers européens et ainsi pouvoir garder l'euro comme monnaie. On connaît la suite et les désastreuses conséquences pour le peuple grec en premier lieu et pour la Communauté européenne aussi.
En 2008 elle a joué un rôle particulièrement pervers et délétère dans la crise dite des "subprimes" qui a mené l'Europe au bord du gouffre et dont nous ne sortons qu'à peine.
Goldman-Sachs est plus qu'une simple banque : une institution au pouvoir puissant, ramifié. Beaucoup de ses responsables en sortent pour devenir de hauts personnages politiques et continuer à la servir avec tout le pouvoir de leurs nouvelles fonctions.
Trois de ses PDG deviennent Secrétaires d'Etat au Trésor américain dans les années Bill CLINTON : Robert RUBIN, John CORZINE et Henri PAULSON.
En Europe, de hauts responsables de la banque occupent des fonctions de toute première importance : Peter SUTHERLAND, Karl Van MIERT, Loukas PAPADIMOS, premier ministre grec en remplacement de Georgios PAPANDREOU, Mario MONTI premier ministre italien après BERLUSCONI, Mario DRAGHI successeur de Jean-Claude TRICHET à la tête de la Banque Européenne...
José-Manuel BARROSO, lui, suit le chemin inverse : il passe du pouvoir politique au lobbying financier au plus haut niveau.
En 2011 cette aimable institution financière est convaincue de créer artificiellement une pénurie mondiale de zinc et d'aluminium pour spéculer sur la hausse des cours...
La même année, un grand stratégiste de la banque, Alan BRAZIL, recommande aux clients de la banque de spéculer sur la crise de la dette en Europe...
Qu'un haut fonctionnaire européen, investi il y a peu des responsabilités les plus éminentes, puisse mettre tout son savoir, son entregent et ses contacts nombreux et puissants avec le monde de la politique et de la finance au service d'une banque privée au passé si sulfureux constitue non seulement une anomalie inadmissible sur le plan moral, mais un danger mortel pour les intérêts des peuples européens.
En mettant son pouvoir au service du monde de la finance et de l'économie pour atténuer, voire rentabiliser la sortie du Royaume Uni de l'Union Européenne, José-Manuel Barroso commet un véritable acte de piraterie qui devrait être sanctionné par l'Europe de la façon la plus sévère.
Faute d'une telle réaction, on ouvre encore un peu plus grand la porte aux anti-européens de tous bords qui ne manqueront pas - et ils auront raison - de stigmatiser l'Europe de la finance, caricaturée par cette incroyable trahison.