Un évènement récent illustre parfaitement les incohérences auxquelles conduit le respect tâtillon des règles juridiques en période d'état d'urgence.
Le dénommé Farouk Ben Abbes est un individu connu depuis longtemps des services de renseignement et de police.
Impliqué dans l'attentat du Caire de 2009 au cours duquel une jeune française de 17 ans avait été tuée, il avait été signalé à nos services par l'Egypte dès 2011.
Depuis, les autorités ont établi qu'il était en lien avec deux des terroristes coupables de l'attentat de Paris du 13 novembre 2015, les frères Fabien et Jean-Michel Clain, ainsi que de Hakim Ben L., lui aussi de ce groupe d'assassins reconnu par Daesh.
Ben Abbes est actuellement assigné à résidence à Toulouse, sans bracelet électronique.
Mieux, mis en examen en 2010, ayant bénéficié d'un non-lieu après 85 jours de détention, il vient de recevoir une indemnisation de 6000 euros pour "préjudice moral" ! S'agissant d'un homme dont l'idéologie, les relations et les projets sont indiscutablement criminels et hostiles à la France, ce qualificatif de "moral" serait comique s'il n'était honteusement pathétique.
Dans les circonstances exceptionnelles que nous traversons et dont il est à craindre, hélas, qu'elles ne cessent pas de sitôt, l'application pointilleuse de la lettre du Droit à des particuliers dont tout indique qu'ils ne rêvent que d'attenter à la vie de nos concitoyens et à faire régner le chaos dans le pays, a quelque chose non seulement de grotesque, mais aussi de profondément choquant.
Si, comme on nous en tympanise quotidiennement, nous "sommes en guerre", il faudrait à tout le moins que les criminels ou ceux dont tout prouve qu'ils rêvent de le devenir un jour, cessent de bénéficier des avantages dus aux personnes réellement innocentes, accusées et punies à tort.
L'affaire de Farouk Ben Abbes - tout comme celle, à la fois ridicule et tragique du "burkini", sur laquelle je reviendrai - est emblématique d'un Etat engoncé dans des règles stupidement rigides et incapable de les adapter aux circonstances, le temps d'éradiquer la peste qui nous ronge.
Nous n'avons aucune chance de gagner cette "guerre" si nous nous en tenons bêtement à la lettre de la Loi, imitant en cela nos adversaires qui le font pour le texte sacré qu'ils prétendent défendre.
Commentaires
Tout ce qui faite la différence entre l'esprit et la lettre. Florentin
Bonjour,
Je crois savoir que nous serions encore en état d'urgence pour quelques mois. Ne nous y trompons pas, nous risquons fort de voter à la prochaine présidentielle dans cette situation. Et pour des raisons que je n'ose imaginer.
Appliquer la Loi, toutes la loi, toutes les lois, même les plus ordinaires, et non selon le sens du vent.
Ce dernier est en train de tourner, car la prise de conscience élargie, mesure bien les premiers dangers qui menacent la démocratie qui n'en a plus que le nom.