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Titre du blog : Le journal de Frank THOMAS
Auteur : Frank-Marie-THOMAS
Date de création : 20-09-2009
 
posté le 18-11-2016 à 08:28:53

Je veux...

Je citais avant-hier deux phrases extraites du discours prononcé par Emmanuel Macron pour annoncer sa candidature à la présidence de la République.

 

 

 

Je voudrais aujourd'hui - déformation professionnelle certainement - analyser d'un peu plus près l'une de ces phrases pour en découvrir le vide sidéral :

 

"  Je veux une France qui croie en sa chance (...) et qui considère les plus faibles".

 

J'opte pour le subjonctif du verbe croire sans être sûr qu'il n'ait pas écrit "croit" à l'indicatif. Cette option, toutefois me semble raisonnable puisqu'il s'agit d'exprimer une volonté et donc de placer la France dans un état d'esprit qui n'est pas le sien au moment où parle l'orateur.

Ainsi par la force de sa volonté à la fois louis-quatorzième et magique ("je veux") Monsieur Macron se croit en mesure de faire en sorte que la France, de pessimiste et défaitiste qu'elle est actuellement, devienne optimiste pour peu qu'elle le décide sous la mâle impulsion de son chef. C'est beau comme  l'antique.

 

On pourrait s'interroger ensuite sur la consistance d'une expression comme "croire en sa chance". C'est là une de ces formules parfaitement vides qui n'engagent que ceux qui veulent bien y croire.

La question, en effet n'est pas que notre pays croie qu'il peut s'en sortir, mais qu'il s'en sorte.

Nous n'élisons pas des responsables politiques pour qu'ils stimulent notre capacité à espérer, mais pour qu'ils agissent afin d'améliorer notre vie et de nous rendre optimistes non en espérance, mais en réalité.

La formule de Monsieur Macron est de la rhétorique pure, c'est à dire vaine.

 

C'est encore plus vrai de la seconde partie de sa phrase, digne de figurer aux annales des attrappe-nigauds à côté du fameux "je vous ai compris" de feu le général de Gaulle.

Que peut bien signifier, en effet " une France qui considère les plus faibles ?"

Imagine-t-on les malades, les pauvres, les sans-travail, les malchanceux de la vie satisfaits de se savoir "considérés" ? 

Ce n'est évidemment pas de "considération" qu'ils ont besoin, mais d'aide effective, matérielle et morale.

Apparemment Emmanuel Macron se sait gré de "considérer" la misère comme le Roi touchait les écrouelles, et cela lui paraît un remède suffisant.

 

De quelque façon qu'on l'envisage, sa phrase traduit une vision à la fois étriquée, démodée et  condescendante du pays et du peuple.

C'est fâcheux pour qui prétend incarner la modernité, l'ouverture et le renouveau