Dans un article intitulé "trop honnête pour être élu" daté du 28 novembre dernier, je prévoyais que François Fillon reviendrait sur son programme (voir article en lien).
" La machine à reculer et à diluer est en marche" écrivais-je ce jour-là.
A peine trois semaines se sont elles écoulées que Monsieur Fillon s'empresse de donner corps à ma prévision. Il faut dire qu'il n'était pas besoin d'être devin pour la formuler.
Il est dans la nature même de cette perversion de la Ve République que sont les primaires de pousser les candidats aux engagements excessifs et aux promesses démagogiques pour séduire la fraction la plus partisane de leurs électeurs potentiels, quitte, une fois leur élection assurée, à édulcorer leur programme pour ratisser le plus large possible. Le mensonge est constitutif de la primaire; la défiance envers les politiques, qui en est la conséquence, aussi.
Opposés dans leur propre camp à leurs "amis" qui partagent la quasi totalité de leurs opinions et de leurs projets, il faut bien que, pour exister et avoir une chance de l'emporter, ils se démarquent d'une façon ou d'une autre.
La plus expédiente est d'en rajouter, d'être le plus audacieux, le plus radical afin de tenir la corde et de mettre entre leurs concurrents et eux-mêmes une distance suffisante pour l'emporter.
Qu'importe après tout que leurs électeurs soient grugés (et d'ailleurs ils semblent contents de l'être) et qu'il faille que dès leur élection acquise ils fassent machine arrière : l'essentiel n'est-il pas de gagner ?
François Fillon, avec sa maladroite palinodie sur le remboursement des frais médicaux en est un assez déprimant exemple.
Mais voici Manuel Valls, aujourd'hui même, qui nous explique en quoi l'article 49-3 de la Constitution - dont il a fait usage à six reprises durant son ministère - est dépassé et brutal.
A qui le tour ?
Commentaires
Bonjour voila une personne qui ose parler de politique, bravo et courageux j'avais essayé une fois pour voir, mais j'ai vite stoppé les frais car les gens deviennent vites grossiers quand on ne va pas dans leur sens. Donc je me réjouis de trouver ton blog et cet article. De toute façon, les Français sont très versatiles, ils veulent la vérité avant de voter et comme souvent cela ne leur plaît pas ils votent pour le plus menteur qui va lui promettre mont et merveilles, que c'est beau! Vois tu j'adore la politique mais de loin, car j'estime que pour arriver au pouvoir il faut être menteur, hypocrite, et surtout arriviste. Le pouvoir monte vite à la tête(alouette) et ceux qui paraissent sincères changent vites une fois arrivés à la place du trône. Perso je souhaiterais un Président qui traite tout ce qui est extérieur, et laisser à un Premier Ministre gérer les vrais problèmes du pays. je sais cela peut s'apparenter à la monarchie aie! Mais bon nous en République alors.... Bonne journée et merci de m'avoir exprimé librement.
@colea
Je ne suis pas tout à fait de votre avis.
Certes, il est fréquent que dans une campagne électorale au scrutin majoritaire à deux tours le candidat, au premier tour, fasse des promesses qu'il édulcore au second.
Ceci ne se produirait pas, soit dit en passant, si les élections avaient lieu à la proportionnelle.
Mais il y a dans les primaires une perversion supplémentaire, inhérente au système lui-même, puisqu'il s'agit, pour chaque candidat, de surenchérir sur ses concurrents afin de les distancer auprès des militants et des sympathisants. L'heure de la vérité - donc des désillusions - sonne plus tard, lors de l'élection elle-même.
Alain Juppé qui, dès la primaire a fait la campagne des présidentielles en ne promettant que des choses réalisables a fait les frais de cette supercherie que sont, par nature, les primaires.
Il arrivera la même chose à gauche si d'aventure l'un des candidats s'avisait d'être honnête.
Bonjour! c'était prévisible en effet, mais je ne pense pas que ce soit spécifiquement lié à la primaire mais à l'élection en général, pour être élu il ne faut pas être honnête mais dire ce qui plaît aux électeurs. Cela a été le cas même pour les plus grands à commencer par de Gaulle, puis Mitterrand, Chirac et Sarkozy n'y ont pas échappé. Cela ne signifie pas qu'il faudrait supprimer les élections, mais peut-être rendre un rôle plus grand au parlement et réduire le pouvoir presque absolu du président...
En attendant, à nous de ne pas être dupes..
léa