On le sait, la mode, en France, est à la repentance.
Depuis une vingtaine d'années, la demande de pardon est devenue un mode normal de gouvernement.
Mea culpa pour les crimes de Vichy, loi mémorielle pour stigmatiser l'esclavage, affirmations approximatives de Monsieur Macron sur la colonisation française de l'Algérie.
Jusqu'à présent, du moins, nos excellences battaient leur coulpe, au nom de la France, à propos de crimes et de fautes commis dans le passé.
Madame Erika Bareigts, ministre des Outre-Mers, vient d'inaugurer la demande de pardon comme façon de gérér une crise actuelle.
Dépêchée dans la Guyane en ébullition en compagnie du nouveau ministre de l'Intérieur, Mathias Fekl, elle n'a rien trouvé de mieux, pour engager le dialogue avec les contestataires, que de présenter ses excuses au peuple guyanais.
Le lendemain c'était au tour de Jean-Claude Junker, président de la Commission Européenne, de regretter solennellement la négligence coupable de l'Europe à l'égard de ce lointain territoire.
Voici donc les guyanais objets d'une câlinothérapie à la fois ridicule et hypocrite.
Il paraît que depuis l'expression de ces regrets ministériels, l'atmosphère s'est considérablement détendue à Cayenne et sur tout le territoire.
Il me semble quant à moi, que c'est faire peu de cas de l'intelligence de nos compatriotes. Leur amour-propre, sans doute, a été flatté par ces pitoyables paroles. Mais outre qu'elles ne règlent en rien les difficultés bien réelles auxquelles ils sont confrontés, elles sont un poison dont les effets sont à ce jour encore difficiles à mesurer.
Prétendre compenser les négligences de la Métropole par cette théâtrale repentance, c'est ajouter le mépris à l'incurie.