On n'est plus qu'à deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle, et, comme de bien entendu, les esprits s'échauffent.
Répondant à la question d'un journaliste qui lui demandait quelle était sa position au sujet des lois mémorielles, et sur le discours de Jacques Chirac de juillet 1995 reconnaissant la responsabilité de l'Etat Français dans la rafle du Vel d'Hiv,, Marine Le Pen a répondu sans embages :
« Je pense que la France n'est pas responsable du Veld'Hiv. Je pense plus généralement d'ailleurs que s'il y a des responsables, c'est ceux qui étaient au pouvoir à l'époque, ce n'est pas LA France.»
Cette opinion est historiquement discutable.
On pourrait objecter à Madame Le Pen - tout comme à Monsieur Chirac - que le régime de Vichy était bel et bien légal entre 1940 et 1945 et que nombre de ses lois, d'ailleurs, sont encore en vigueur aujourd'hui. Que dans ces conditions c'est bien la France en tant que telle et pas seulement son gouvernement de l'époque, qui endosse la responsabilité du crime affreux perpétré contre les malheureux détenus du Vel d'Hiv.
Cependant, il faut raison garder.
Si, comme cela a été le cas il y a vingt deux ans après le discours de Chirac, on n'a pas tari d'éloge sur son initiative qualifiée à l'époque de courageuse et digne, on ne devrait pas, logiquement, s'indigner aujourd'hui des propos de Mme Le Pen.
Car au fond, elle dit la même chose que Chirac.
En effet, lorsqu'on réécoute les paroles du président Chirac, on constate qu'il parlait bel et bien de "l'Etat Français", c'est à dire des gouvernants, mais non de "la France".
La différence est plus dans l'oreille des auditeurs que dans la bouche de l'oratrice. Et de ce point de vue, ne soyons pas naïfs, le public n'a pas tout à fait tort.
Car il est clair que si, sur le plan des mots prononcés par la candidate, rien ne peut être juridiquement retenu contre elle, le seul fait que ce soit elle, la fille de Jean-Marie Le Pen, qui les dise donne à ses paroles une autre signification.
Elle est de toute évidence la première à en être consciente puisqu'elle ne le fait qu'à l'adresse des plus extrêmistes de ses électeurs et dans la perspective du second tour de l'élection, en contrebalançant la bourde d'Emmanuel Macron à propos de la colonisation "crime contre l'humanité".
Dérapage ? Non ! Calcul électoraliste, plutôt.
Cette campagne, déjà nauséeuse, n'avait pas besoin de cela.
Commentaires
a-t-on jugé tous les allemands, tous les russes, tous les chinois ?