Les Champs Elysées étaient le paradis des anciens grecs. Il fut avant-hier soir l'enfer pour notre police.
Plutôt que de dénoncer les prétendues récupérations politiciennes de tel ou tel candidat - en omettant au passage de stigmatiser la scandaleuse froideur de Mme Arthaud ou de Monsieur Poutou (lequel, excusez du peu, ne propose rien de moins que de désarmer la police !)-, le premier ministre, Bernard Cazeneuve, aurait mieux fait de se taire, peut-être même de réfléchir à la responsabilité de la justice dans le drame qui venait de se jouer à deux pas de l'Elysée et de la place Beauvau.
L'assassin abattu par les collègues du policier tué, Karim Cheurfi, est un dangereux individu.
Il a séjourné 14 années en prison pour des violences qui, toutes, ont en commun une haine déclarée à l'égard des forces de l'ordre, quelles qu'elles soient.
Son parcours est édifiant :
- 2001 tentative d'assassinat de deux policiers.
- Jeté en prison, il violente six ans plus tard un surveillant
- l'année suivante il s'en prend à un codétenu.
- En juillet 2012 il est placé sous le régime de semi-liberté.
- Il est libéré sous condition l'année suivante, mais est à nouveau condamné.
- Il sort de prison en octobre 2015 et se rend en Algérie au mépris des obligations de déclaration prévues par sa libération conditionnelle.
- Un juge d'application des peines de Meaux est chargé de le suivre; en dépit de son grave manquement, il ne révoquera pas son sursis avec mise à l'épreuve, considérant apparemment que cet homme ne représente pas un danger pour la société.
- décembre 2017 il est dénonce à deux reprises pour avoir déclaré à des connaissances qu'il cherchait une arme pour tuer des policiers
- fin février 2017 il est arrêté, soupçonné d'avoir cherché à tuer deux policiers. Il est libéré le lendemain par le juge d'application des peines au prétexte qu'il n'a pas précisé le nom de sa future victime ni le lieu de l'assassinat ! Pourquoi pas, pendant qu'on y est, l'arme du futur crime et l'heure exacte ?
La question se pose tout de même de savoir comment un individu traînant un tel dossier et doté d'un tel palmarès de délinquance grave et violente, peut être relâché alors qu'il n'a pas respecté les obligations de sa remise en liberté sous condition et qu'il a menacé à plusieurs reprises de recommencer.
Comment il se fait aussi qu'on le relâche si vite malgré un soupçon gravissime et plus que plausible, vu ses états de service.( voir articles en lien)
On peut comprendre la colère des policiers que ne suffiront sûrement pas à calmer ni les cérémonies d'hommage ni les incriminations pitoyables du premier ministre.
Car il est tout à fait clair que si la justice avait appliqué la loi, rien que la loi mais toute la loi, Cheurfi n'aurait pas tué et blessé, jeudi soir, sur les Champs Elysées. Le malheureux Xavier Jugelé est mort par négligence.