Un lecteur qui signe du pseudonyme original "Decapedepee" vient de laisser un commentaire à l'article précédent qui m'inspire la réflexion suivante.
Après 5 ans d'une présidence calamiteuse, la vie politique française et la France en général, sont en piteux état. Une poule n'y retrouverait pas ses poussins.
Commerce extérieur en berne, industrie à l'agonie, chômage catastrophique, niveau de vie des plus faibles digne d'un pays pauvre, dislocation du corps social, classe politique éclatée en individualismes ambitieux, montée dangereuse et incontrôlée des communautarismes, culture en capilotade, incivilités, violence, abandon des banlieues et des campagnes, Education Nationale minée par le retour en force de l'obscurantisme religieux, laïcité de plus en plus souvent remise en cause, relâchement moral des élites, écart de plus en plus béant entre les riches et les pauvres, mort des centres-villes, dégradation des paysages, agonie de l'agriculture à taille humaine, politique étrangère erratique et fumeuse.
Certes notre vieux pays n'en est pas à sa première épreuve, et l'espoir demeure qu'il parvienne à surmonter cette crise d'asthénie, comme il est sorti d'autres périodes sombres de son histoire.
Il n'en reste pas moins que le champ de ruines laissé par le premier tour de l'élection présidentielle est un symptome très alarmant d'un état de santé dégradé du corps social et de la nation.
Les deux partis de gouvernement sont battus. Les élections primaires de droite et de gauche ont désigné des candidats représentant l'aile la plus extrême de leurs partis respectifs ce qui leur a rendu impossible, comme j'en exprimais ici même la certitude il y a peu (voir article en lien), de rasssembler une large partie de l'électorat sur leur nom.
Les deux vainqueurs du premier tour, quant à eux, représentent jusqu'à la caricature deux idéologies diamétralement opposées qui, ni l'une ni l'autre, n'incarnent réellement les préoccupations, les envies et les besoins de l'immense majorité du peuple français.
D'un côté un nationalisme dont les conséquences, s'il était mis en oeuvre, risquerait de nous éloigner de l'Europe, d'obérer nos finances et de fragiliser notre économie; de l'autre une ouverture sans frein aux influences extérieures, une dissolution de notre système de protection sociale, une pente dangereuse vers le communautarisme et un abandon des spécificités culturelles de la France.
Notre pays a soif de justice sociale, de respect de son mode de vie, d'innovation contrôlée, de reconnaissance internationale et d'innovation respectueuse de son mode de vie et de ses valeurs. Il est désespérément à la recherche du dirigeant qui saurait incarner cette double aspiration et dont la probité, le désintéressement et la capacité à gouverner lui garantiraient sécurité, développement et continuié.
Or ni l'un ni l'autre des deux postulants à la présidence de la République n'est ce personnage tant attendu.
Les médias égrennent depuis trois jours la liste interminable des ralliements de circonstance à Monsieur Macron. Le caractère hétéroclite des personnalités qui lui déclarent leur flamme toute nouvelle aurait de quoi faire éclater de rire si ce spectacle n'était pas si attristant. Voir barboter dans le même marigot Monsieur Hue, Monsieur Estrosi, Monsieur Valls, Madame Kosciusko-Morizet, Monsieur Sarkozy, Monsieur Hollande et tant d'autres, constitue un spectacle à faire dresser les cheveux sur la tête et à éloigner durablement nos concitoyens de l'engagement politique.
Je suppose que les Français sont interloqués par la scène qu'on leur joue là.
Rien ne dit qu'ils seront des spectateurs dociles de cette mascarade et qu'ils appaudiront là où les chauffeurs de salle leur diront de le faire.
Le petit monde médiatique vilipende Monsieur Mélenchon parce que, comme le fit Arlette Laguiller en 2002, il semble réticent à rejoindre la troupe bêlante des ralliés de la dernière heure. On peut pourtant comprendre sa réserve.
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Sans doute se projette-t-il un peu plus loin et imagine-t-il le désarroi accru des électeurs lorsque les apôtres qui aujourd'hui appellent à voter pour Monsieur Macron leur demanderont avec le même aplomb de battre ses candidats aux élections législatives de juin, les contraignant à un nouveau revirement digne d'un contortionniste.
Commentaires
Permettez moi de vous dire que je suis honoré que mon petit commentaire ait pu susciter votre réflexion.
Celui ou celle qui sera elu (e), le sera au bénéfice du maintien de Fillon accablé par les affaires - coup de bol pour celui ou celle qui aura réussi à se faire élire Président de la République.
Même coup de bol il y a 5 ans pour la petite fraise qui a réussi à se faire élire entre l affaire Strauss-Kahn et la déception de Sarkozy (certes concernant le chômage la petite fraise n à "pas eu de bol" pour le coup..ce furent ses propos).
On ne peut pas gagner à tous les coups; il est bien connu que ceux qui grattent aux jeux de la Française des Jeux(éminemment développés sous Jospin...) se retrouvent à sec pour finir.
Aussi, je crois qu après cette élection inouïe , les français rectifieront vite le tir à l occasion des législatives en privant le futur président élu de toute majorité présidentielle. Et le président élu ne gouvernera pas.
On le verra de temps de temps, il sera interviewé lors de ses visites aux Chefs de État et prononcera ses voeux.
Concernant la défense et la diplomatie, domaines a priori réservés du Président de la République:
Fort heureusement en vertu des articles 20 et 21 de la constitution le gouvernement dispose de prérogatives constitutionnelles faisant que ces domaines sont aussi partagés.
La Veme Constitution est bien faite!
Bonjour. Vos préoccupations sont les miennes. J'ai été ahuri par le spectacle de ces élections. Parfois, je me suis demandé si je ne rêvais pas. Nous voilà condamnés à Macron, l'artificiel. Que va-t-il sortir du salmigondis pour le moins hétéroclite dans lequel il est enfermé ? Je suis vraiment curieux de voir ce qui va se passer au lendemain des législatives (lesquelles seront une sacrée foire d'empoigne). Mais, la certitude d'être gouverné par un pareil oiseau ne me rend vraiment pas optimiste. On va rentrer dans la falaise, c'est sûr ! Florentin