On se souvient de la répartie de Martine Aubry lors du débat de la primaire de gauche de 2012 à propos du programme de François Hollande : "comme disait ma grand-mère : quand c'est flou, y'a un loup !".
En 2017, dans cette campagne présidentielle, la culture du flou semble devenir l'exercice préféré des candidats. Ce n'est plus un loup, c'est une horde.
Le public assiste, médusé, à un meeting de Marine Le Pen où elle reprend mot à mot les paroles prononcées un mois plus tôt par François Fillon, sans avoir la correction élémentaire de prévenir de la citation. Jamais vu.
La même candidate, nouvelle alliée de Nicolas Dupont-Aignan, accomplit une volte-face sur le sujet du futur rétablissement du franc plongeant ses électeurs potentiels dans les affres de l'incertitude.
Quant à Monsieur Macron, tout son discours est nimbé, tel les photos de David Hamilton, d'un flou qui n'a même pas l'intérêt d'être artistique, mais qui laisse derrière lui une sorte de malaise.
Qui comprend quelle sera sa majorité ? Que deviendront les députés sortants qui le soutiennent aujourd'hui? Quelle politique étrangère se propose-t-il de mettre en oeuvre au Proche Orient ou en Afrique ? En quoi consistera "l'autonomie des lycées et collèges" ? Avec qui compte-t-il gouverner ? etc .
Le pompon revient sans doute à Monsieur Mélenchon qui organise un petit référendum parmi les militants de son mouvement des "Insoumis". Il leur propose trois options : le vote Macron, le vote blanc ou l'abstention. Cette troisième option, déjà, est cocasse, venant de quelqu'un qui se propose de rendre le vote obligatoire. Passons sur ce détail...
Mais pourquoi sa consultation n'envisage-t-elle pas un vote Le Pen ? "Cachez ce sein que je ne saurais voir !". Vote piégé, donc, puisque les sondages annoncent qu'un quart de ses électeurs s'apprêtent à voter "Marine".
On pourrait avoir la cruauté d'évoquer aussi la gaze floue dans laquelle se drapent les communistes, les socialistes, les républicains qui nous annoncent tout de go qu'ils appellent à voter Macron puis, un mois après, à élire des députés dont la mission sera de l'empêcher de gouverner.
Monsieur Baroin dont les dents, déjà longues, semblent en train de pousser encore, appelle à voter Macron tout en menaçant d'exclure du parti Les Républicains ceux qui auraient l'audace de rejoindre En Marche pour les législatives...
Comprenne qui pourra : les flous sont entrés dans Paris.
Commentaires
Il est vrai que cette campagne présidentielle restera mémorable par son manque de clarté; ce manque de clarté est, je crois, provoqué par le fait qu un inconnu du monde politique ait entendu profiter de l extrême faiblesse (je pourrais dire "impopularité " du président sortant, pour tenter sa chance en se présentant comme n étant ni de droite ni de gauche, sans oser dire qu il représente en définitive les intérêts d un parti supra national: celui de la pure finance, des lobbies internationaux du capital.
On marche "masqué ".
Nous avons donc affaire à un libéral pur et dur préparant notre pays à devenir une terre de business - une politique bien éloignée des intérêts et des besoins de notre peuple.
Tout est dans le non dit et présenté un peu comme un dessert d exception que nous decouvririons en fin de repas; les électeurs sont désorientés.
Les partis politiques traditionnels, compte tenu des pouvoirs en jeu, sont quant à eux de veritables repères de loups professionnels- purs sang de la politique.
Les deux principaux partis (PS et LR) évincés voient leurs élus décontenancés entre ceux qui voudraient résister et ceux qui se sentent appelés par la voix epoumonee de l au-delà soit-disant salvatrice (Macron).
Les élections législatives pourraient devenir une deuxième élection présidentielle, comme pour rectifier le premier tir et on risque d assister à une sacrée mélasse.
Le PS déjà bien écrabouille par Petite Fraise se retrouverait cloué au pilori.
LR, meurtri par l affaire Fillon, se retrouverait bien amoindri - concrètement les candidats aux législatives se dispenseront d apparaître sur leurs affiches en compagnie de Fillon...
En revanche j imagine bien les électeurs voter massivement pour Melanchon et Le Pen. La France insoumise et le FN deviendraient alors le defouloir des insatisfaits du 1er et du 2ème tour de la Présidentielle. D autres se reporteraient sur ces deux partis extrêmes en considérant le PS et LR comme moribonde.
L extrême gauche aurait plus de députés que la gauche, de même pour l extrême droite.
Se dirige-t-on vers une France ingouvernable ?
Merci Macron! Merci Attali! Merci Petite Fraise!
On avait bien besoin de ça !
La Française des Jeux se mord la queue:
Hollande a gratté et il a gagné, Macron aussi veut gratter.
Mais que gagnerons-nous?: des mouvements sociaux, des manifestations, des grèves, la guerre des rues et des attentats en plein milieu...
Pauvre France.
Les Fous aussi .