La résolution était ferme et sans discussion : "En Marche"(E.M.), devenue depuis dimanche "La République en Marche"(R.E.M.)- autrement dit Emmanuel Macron (E.M.) devenant "La République Emmanuel Macron" (R.E.M.) - devait présenter un candidat dans chacune des 577 circonscriptions législatives.
La promesse, flattant le désir de renouvellement du personnel politique - et reprenant sur le mode mineur et assagi le fameux "dégagez-les !" de Jean-Luc Mélenchon réutilisé par Marine Le Pen - a reçu un accueil indiscutablement favorable dans l'électorat, lassé des visages vus et revus cent fois.
Enfin un grand coup de balai allait être donné; enfin des têtes nouvelles; enfin une vraie parité entre les hommes et les femmes; enfin la mort des appareils partisans et de leurs combines éculées !
Un grand souffle d'air frais et de jeunesse allait souffler sur la France, chassant les miasmes délétères du pessimisme, du cynisme et du défaitisme.
Las ! l'aube qu'on nous a promise et que Monsieur Macron s'est efforcé de faire briller à l'horizon à grands coups de portées de voix et de gestes pathétiques est plus brouillardeuse que prévu. Le beau rêve se dissipe aux premiers rayons du vrai jour.
Déjà, quarante huit heures après la victoire, on en est aux palinodies bredouillées par les uns et les autres, chargés par le patron de faire retomber la pression et d'en revenir aux dures réalités.
Il s'avère impossible - ce dont j'ai toujours été persuadé - de faire élire 290 députés nouveaux qui constitueraient la majorité absolue de la Chambre des Députés.
Pour y parvenir il faudrait ou bien que tous les sortants acceptassent de se retirer et de soutenir le candidat de "la République en Marche", ce qui est une vue de l'esprit, ou bien qu'ils abandonnassent leur ancienne étiquette pour adopter la nouvelle. Dans les deux cas ils se verraient immédiatement opposer des candidats appartenant aux partis traditionnels et souvent plus connus qu'eux dans la circonscription.
Bref, l'opération du grand renouvellement de la Chambre est une gageure perdue d'avance.
Du coup on vient de voir messieurs Delevoye et Ferrand, sectateurs enthousiastes du nouveau président, commencer à effectuer quelques entrechats pour nous expliquer que la nouveauté ne signifiait pas l'absence de toute implication dans la vie politique nationale ou locale...
Nouveaux, oui; mais sans implantation locale, non.
En d'autres termes, on ne change rien à ce qui s'est toujours pratiqué et on maquille les vieilles recettes en nouveautés pimpantes, sur le modèle de Macron lui-même, conseiller et ministre de Hollande, réussissant à se faire passer pour un poussin du jour.
Les élections législatives seront une heure de vérité. Leur approche oblige les vainqueurs d'hier à renier leurs promesses.
Déjà !
Le 10 mai
Les indécentes circonlocutions de Manuel Valls, à gauche, et de Fabienne Keller, à droite, pour ne citer qu'eux, sont un début de démonstration de ce que je disais hier.
En fait de "renouvellement total de la vie politique", rengaine dont on nous scie les oreilles depuis quelques jours, il s'agit d'un ripolinage de la très vieille formule : "ôte-toi de là que je m'y mette !".
Commentaires
Oui absolument et cela est encore bien triste!
Le chef de l État donnant le tempo, les uns après les autres mettent gaiement leurs principes, leur pudeur et leur fierté au fond de leur poche et le mouchoir par dessus - prêts à tout renier sans vergogne.
Mais le comble pour ces derniers est que, Macron ayant placé la balle au centre, nous nous retrouvons ainsi avec pratiquement deux fois plus candidats (de droite et de gauche) pour les mêmes places.
Le plus ennuyeux est que Macron a déjà promis des places - sans quoi personne ne l aurait soutenu...
Il doit donc aussi récompenser ses fidèles.
Tout cela nous promet pour bientôt une jolie foire d'empoigne, et la constitution d une coalition lors des élections législatives de juin.
Nous saurons alors quelles promesses pourront être tenues et lesquelles devront être oubliées.
Le joli projet échouera rapidement et les français en paieront encore les frais.