Outre un gastéropode marin, un peintre grec et une micro-particule, le nom de Macron désigne, pour les latinistes et les historiens, un des plus habiles et des plus amoraux hommes politiques de l'antiquité Romaine.
Macron, de son nom complet Quintus Naevius Cordus Sutorius Macro, né en 21 av. dans un milieu qui ne le destinait pas à la glorieuse carrière qui fut la sienne, était un habile intriguant qui sut, à force d'insinuation et de services rendus, s'introduire dans les bonnes grâces de l'empereur Tibère.
Celui-ci au plus haut point méfiant et peu confiant en la nature humaine, avait, comme on sait, fini par s'enfermer dans son palais, à Capri, pour des raisons de sécurité.
Toutes ses précautions n'empêchèrent pas Séjan, le préfet du prétoire ( c'est à dire le chef de la garde prétorienne, dévouée à la sécurité de l'empereur), d'intriguer contre lui au point de prendre la tête d'une conspiration destinée à le chasser du trône. L'historien Tacite peint admirablement le portrait de ce Séjan et raconte ses intrigues et son effroyable fin de façon saisissante dans les Annales.
C'est à l'occasion de la chute de Séjan que Macron devint à son tour préfet du prétoire, poste le plus proche de la personne du souverain, conseil et protecteur à la fois.
Mais Macron avait d'autres ambitions. Voyant Tibère vieillir et lentement décliner, cet homme à peine quarantenaire entrevit la possibilité d'une grande carrière au service d'un prince de la maison impériale, Caïus, le futur empereur Caligula.
Macron n'hésita pas, pour entrer dans les bonnes grâces de ce personnage inquiétant et fantasque, à pousser dans son lit sa propre épouse, Ennia. La manoeuvre, bientôt aidée par le crime, réussit au delà de ses espérances.
Tibère, d'ailleurs, était lucide à propos des Macron au point, raconte Dion Cassius dans son Histoire Romaine, de lui dire : " tu as raison d'abandonner le soleil couchant pour t'empresser au soleil levant."
Un jour que le vieillissant Tibère venait de faire un malaise - la scène se passait dans sa villa du cap Misène - Macron, sous couvert de porter secours à l'empereur, le fit étouffer - à moins qu'il ne l'étouffât lui-même - sous des couvertures.
Le successeur de Tibère, Caligula, conserva auprès de lui Macron, qui l'avait tant aidé à se défaire de son prédécesseur. et dont le crime lui paraissait un gage de dévouement et une assurance de fidélité.
Macron, renforcé dans son pouvoir par la confiance du nouvel empereur ne vit pas venir l'orage. Caligula, encore plus méfiant que Tibère et dont la raison était de plus en plus troublée, se mit à se méfier de son préfet du prétoire. Pour l'éloigner tout en lui faisant miroiter un avenir glorieux et doré, il le nomma en 38 ap. préfet d'Egypte, l'un des gouvernorats les plus brillants et les plus rémunérateurs de l'Empire.
Mais alors que Macron et son épouse Ennia - qui était toujours la maîtresse de Caligula - allaient s'embarquer à Ostie pour se rendre à Alexandrie, une lettre de l'empereur leur parvint leur enjoignant de se suicider sur le champ.
Telle fut la fin de ce couple d'ambitieux.
Certains, aujourd'hui, tel le dessinateur humoristique Deligne, voudraient tracer un parallèle entre ces temps anciens et ce que nous sommes en train de vivre. Loin de moi une telle idée ! Autres temps, autres moeurs.