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Titre du blog : Le journal de Frank THOMAS
Auteur : Frank-Marie-THOMAS
Date de création : 20-09-2009
 
posté le 26-06-2017 à 10:41:35

La confusion des pouvoirs.

Montesquieu, sans doute le plus grand théoricien français de la démocratie, faisait de la séparation des pouvoirs le fondement de ce régime à la fois solide et fragile.

 

 

 

     Monsieur Macron, bien décidé à bouleverser notre vie publique et à y laisser une trace aussi durable que possible, est en train de mettre à bas le fragile équilibre des pouvoirs que la cinquième République avait déjà un peu malmené du temps du général de Gaulle.

 

     Il faut au moins lui reconnaître de ne pas nous prendre en traître, puisqu'il l'avait annoncé durant la campagne électorale. Ce point, d'ailleurs, passé inaperçu ou presque, était l'un de ceux qui m'ont conduit à la plus grande méfiance à son égard.

 

     De quoi s'agit-il ? Le candidat Macron s'était engagé, s'il était élu, à réunir le Congrès une fois par an. Le Congrès est cette assemblée exceptionnelle et temporaire constituée de la réunion  à Versailles des deux assemblées élues, le Sénat et l'Assemblée Nationale.

La réunion du Congrès est traditionnelle dans les cas exceptionnels. Nicolas Sarkozy y avait eu recours une fois, François Hollande aussi. Mais à chaque fois il s'était agi de faire jouer au Congrès le rôle pour lequel la Constitution le prévoit, à savoir d'entendre le président de la République sur un projet de modification constitutionnelle.

 

     Avec ce qu'Emmanuel Macron veut faire, il n'est plus question de cela. 

Le nouveau président de la République se propose de réunir le Congrès annuellement pour développer devant lui les grandes orientations de  la politique qu'il entend mener au cours de l'année.

 

     En soi, cette nouveauté semble ne présenter aucune  difficulté particulière. Même, elle paraît constituer une heureuse innovation démocratique allant dans le sens de plus de clarté dans les rapports entre l'exécutif et le législatif.

En réalité il s'agit d'une perversion de nos institutions dont les conséquences, si elle se pérennisait, pourraient être fort graves.

 

     Car cette réunion annuelle du Congrès, en dehors de toute circonstance exceptionnelle, est une mise sous tutelle du pouvoir législatif par le pouvoir exécutif. Le premier ministre et le gouvernement - qui constitutionnellement "définissent et conduisent la politique de la nation", - se voient également relégués au second plan, tout étant concentré dans les mains présidentielles.

 

     Parlement réduit à une chambre d'enregistrement, débordement abusif du pouvoir exécutif sur le pouvoir législatif et diminution du rôle du gouvernement, telles sont les trois inévitables conséquences de l'initiative autocratique,  bonapartiste et vaguement décalquée du modèle américain (sans en retenir les contre-pouvoirs forts) de Monsieur Macron. 

Les Français "satisfaits à 64 %" ( cf. article précédent) vont avoir un réveil pénible.

 

Commentaires

Florentin le 26-06-2017 à 20:58:19
Interrogé, ce soir, à la télé, à propos de ce curieux télescopage de dates, Bruno Le Maire à brillamment répondu :"Le président de la république est maître de son calendrier".J'aime l'argument. Une pointure, ce gars-là !