"En même temps", locution creuse venue du langage "djeun" est, paraît-il, la marque de cette "pensée complexe" dont le président fait étalage et dont il considère qu'elle le met hors de portée des journalistes et de leurs questionnements simplistes.
Cette irritante manie de langage - qui est en passe de devenir une mode dont les journalistes, entre autres, usent et abusent en marquant le coup d'un petit sourire complice - n'est que la traduction d'une volonté de dire tout et son contraire.
Je ne vois pas quelle plénitude elle révèle. Au mieux elle est un truisme : "le verre est à moitié vide et en même temps il est à moitié plein"; au pire une façon grossière de brouiller les pistes.
En son temps Jacques Chirac pratiquait le "certes...mais". Ce balancement rhétorique avait à peu près le même usage, mais il avait la supériorité d'être en bon français, ce que n'est pas "en même temps" qui n'est guère qu'une formule fautive qui devrait être remplacée par "cependant" ou "toutefois".
Ce dont "la pensée complexe" ne saurait se passer n'est certainement pas cette locution creuse, qui n'a de nuancé que l'apparence, mais du véritable doute méthodique qui ne s'enferme pas en une simple formule passe-partout.
Avec ses affirmations de petit chef et ses envolées d'un lyrisme ridicule, notre nouveau président est aux antipodes de la pensée nuancée.