Simone Veil, qui vient de disparaître, a été honorée de la façon la plus solennelle et la plus digne qui soit.
Ces hommages de la Nation sont justifiés. Elle a été une victime de l'horreur nazie; sa famille en a été victime aussi.
Elle a accompli un parcours politique à la fois brillant et exempt de taches, ce qui n'est pas si courant.
Plusieurs fois ministre, première présidente du Parlement Européen, élue à l'Académie Française, décorée des ordres de la République, la vie de cette dame qui n'a jamais voulu que fût effacé le tatouage infâmant qu'elle portait depuis son internement dans les camps allemands, est une extraordinaire carrière parsemée d'honneurs.
Comme Badinter pour l'abolition de la peine de mort, elle laisse son nom à la loi de légalisation de l'avortement qu'elle a su défendre avec force et dignité.
A tous ces titres, la proposition du président de la République de la faire entrer au Panthéon semble se justifier, encore que les critères qui sont retenus pourraient convenir à bien d'autres responsables publics pour lesquels personne ne se mobilise.
Mais il en va tout autrement de l'autre proposition de Monsieur Macron qui est de faire entrer en même temps qu'elle son époux, Antoine Veil, dans le temple des Grands Hommes.
Antoine Veil était assurément un homme honorable et un époux aimant et fidèle. Mais ce ne sont pas là les vertus qui justifient qu'on soit panthéonisé.
Quant à l'argument du caractère inséparable du couple, il ne tient pas puisque si une telle décision était effectivement réalisée, il faudrait en toute équité que les épouses et époux des autres héros de la République fussent eux aussi placés aux côtés de leur conjont.(*)
L'extraordinaire honneur fait à Simone Veil se limite à sa personne. Y adjoindre son mari, c'est confondre ce qui ressortit au domaine privé et ce qui est du domaine public et national.
Cela porte plus la marque de la volonté arbitraire du prince que de l'équité républicaine.
(*) Le seul cas en apparence similaire, sur les 81 personnes inhumées au Panthéon, est celui de l'épouse du physicien Marcellin Berthelot lequel mourut une heure après son épouse, terrassé par la douleur.
Commentaires
Ce pauvre Antoine Weill n'en demandait sûrement pas tant. Je ne crois pas qu'on ait servi sa mémoire en lui imposant cet honneur ...