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Titre du blog : Le journal de Frank THOMAS
Auteur : Frank-Marie-THOMAS
Date de création : 20-09-2009
 
posté le 12-07-2017 à 09:18:52

Pauvre Monsieur Philippe !

Ce qui vient de se passer est plus qu'un simple revirement devant la probable réaction de l'opinion publique : c'est un coin du voile qui se soulève sur un spectacle assez peu attrayant.

 

 

     En début de semaine dernière, le pouvoir exécutif était aux nues.

Tour à tour le président de la République et le premer ministre mettaient en scène le grand spectacle de la fermeté et de la responsabilité de l'Etat. Le premier dans un interminable et terne discours devant les deux chambres réunies en congrès à Versailles, le second le lendemain devant l'Assemblée Nationale, pour son discours de politique générale.

 

     Déjà ce calendrier avait quelque chose d'inquiétant puisqu'ainsi programmées les deux interventions loin de se compléter, s'amoindrissaient l'une l'autre.

On nous a seriné que les deux  hommes étaient bien dans leur rôle respectif puisque le président fixait les "grandes orientations" de l'année à venir et du quinquennat tandis que les chef du gouvernement en déroulait le calendrier et les modalités  budgétaires. Comme si les deux moments devaient forcément intervenir à la suite immédiate l'un de l'autre.

 

     Mais le plus discutable n'était encore pas là : par cette répartition léonine des interventions, le président se donne le beau rôle, ne laissant à son premier ministre que celui de collaborateur secondaire et réduit à un simple exécutant. Que dire, dans ces conditions, de l'infime place réservée aux ministres et secrétaires d'Etat ?

Cette conception régalienne de l'organisation du pouvoir est terriblement datée et le "jeune" président qui nous a vendu jusqu'à la nausée sa nouveauté et sa façon inédite de faire de la politique, nous ramène, sans avoir l'ampleur ni le talent nécessaires, à la "grandeur" surjouée du général de Gaulle.

Jean-Luc Mélenchon et sa fumeuse "assemblée constituante" devant élaborer une "sixième République" trouve là de quoi alimenter sa propagande en dénonçant cette dérive de la personnalisation excessive du pouvoir.

 

     Pendant ce temps on assiste au désolant spectacle d'une Assemblée écrasée par une majorité marécageuse, d'autant plus soumise et platement approbatrice qu'elle est constituée de personnes inexpérimentées qui savent bien qu'elles doivent tout à celui qui les a tirées de l'ombre en leur offrant une opportunité dont elles n'auraient jamais osé rêver; dans le même temps où - en vertu d'un "dégagisme" aussi violent que stupide -  nombre de femmes et d'hommes de grand talent dont la République a besoin, ont été brutalement et souvent injustement balayés, privant le pouvoir législatif de son rôle de véritable contre-pouvoir.

 

     J'en viens à mon accroche : le revirement au sujet de la suppression de la taxe d'habitation, annoncée comme un point majeur de la campagne de Monsieur Macron.

Sa relégation imprévue a suscité une levée de boucliers et une sortie de ce que les journalistes appellent "l'état de grâce", encore que l'expression soit très abusive en l'occurrence, s'agissant d'un président élu par 25 % du corps électoral qui n'a donc jamais bénéficié de cet "état de grâce".

 

     Que le pouvoir efface en un jour une promesse essentielle est déjà inadmissible en soi; qu'il revienne le lendemain sur ce reniement est pire encore puisqu'à la tromperie il ajoute l'incurie laquelle, on le sait, est directement contraire au climat de confiance que réclament les entrepreneurs grands et petits.

Mais que le président, après avoir poussé son premier ministre à faire l'annonce de ce revirement l'oblige quarante huit heures plus tard à annuler cette annonce de revirement est la marque évidente non seulement, comme je l'ai dit, d'une inquiétante impréparation, mais en plus - chose tout aussi grave - du profond mépris de ce président "jupitérien" pour ceux qui le servent et même pour les institutions, lesquelles laissent au premier ministre et au gouvernement le soin de "déterminer et de conduire la politique de la nation".

Combien de temps Monsieur Philippe acceptera-t-il d'être traité avec une telle méprisante désinvolture? Et combien de temps les godillots de la Chambre applaudiront-ils veulement à ces incartades ?

 

 

Commentaires

Florentin le 12-07-2017 à 16:56:55
Il faut tout de même manquer de fierté pour accepter un poste de premier ministre sous la cinquième république ...