On connaissait le CDD, contrat précaire "à durée déterminée"; le CDIndéterminé n'avait plus de secret pour nous; voici venir, en cette fin d'été macronienne, un petit jeune tout frippé : le CDI "de Chantier".
Cette belle figure de style qui allie élégamment des notions antagonistes, l'oxymore, est la traduction stylistique et rhétorique de la trop célébre formule de notre nouveau président " en même temps". C'est cet abracadabra, ce "sésame ouvre-toi", continuation, d'ailleurs, des synthèses molles de François Hollande, qui rythme désormais officiellement notre vie politique.
Le clair et l'obscur, le chaud et le froid, la gauche et la droite réconciliés en une " ténébreuse et profonde unité", comme dit Baudelaire.
Avec un tel passe-partout les portes les plus hermétiquement fermées devraient s'ouvrir sans peine.
Mais quelque habitués que nous soyons à cette acrobatie sémantique et stratégique, le "CDIC" ne laisse pas de nous surprendre.
Ainsi, dorénavant, il serait possible et même banal d'être embauché pour une durée indéterminée - c'est à dire de façon permanente- mais bornée par la fin d'un chantier ! Un "toujours" provisoire, en quelque sorte.
Ce pourrait être, pourquoi pas, le pendant d'un "jamais" temporaire.
Une fois de plus le génie inventif des énarques qui nous gouvernent a découvert la clé à tous nos problèmes : recouvrir du voile émoustillant de la séduction, le cadavre putréfié de nos espérances.