Deux cents milliards d'euros : c'est la somme réclamée par le MIR (Mouvement International pour la Réparation) en réparation de l'esclavage, aboli dans les colonies françaises depuis 1848.
On se souvient que la "loi Taubira", en 2001, avait constitué l'esclavage comme crime contre l'humanité avec le caractère imprescriptible attaché à cette qualification. La France, responsable d'avoir organisé la déportation et la traite des africains vers ses colonies d'Amérique et de l'Océan Indien entre le XVIIe et le XIXe siècles s'est donc volontairement reconnue elle-même, en tant que personne morale, coupable de ce crime.
En se fondant sur cette donnée, le Mouvement International pour la Réparation a intenté dès 2005 un procès à la nation pour demander réparation de ce crime.
Jusqu'à présent les tribunaux ont débouté cette organisation en se déclarant incompétents pour juger de cette affaire et surtout pour imposer à l'Etat une amende, quelle qu'elle soit, au titre d'une prétendue "réparation".
Cette année va avoir lieu le procès en appel. Un des avocats du MIR, Madame Sarah Aristide du barreau de Pointe à Pitre déclare que la réparation demandée - 200 milliards d'euros - permettra aux victimes de "se reconstruire et de se réaffirmer".(*)
Me Emmanuel Germany, autre avocat du MIR, va bien plus loin en faisant un parallèle entre les victimes de la Shoah, dont certaines ont obtenu des indemnisations, et celles de l'esclavage. Il ose même sous entendre que le refus d'indemniser les victimes de l'esclavage repose sur un mobile raciste, puisque les juifs, eux, sont "des blancs" indemnisés par d'autres blancs.(*)
Toute cette affaire oscille entre le ridicule et l'odieux.
Ridicule, en effet, de demander aux Français de 2017 de "réparer" par une amende collective, les fautes de leurs lointains ancêtres. Ce serait admettre que les descendants de criminels ont à endosser et réparer la faute de leurs aïeux, dérive exorbitante.
De plus, à quel titre les citoyens français descendants de leurs ancêtres esclaves auraient-ils droit à toucher cet argent en réparation d'un mal que leurs contemporains ne leur ont pas fait et qu'ils n'ont pas eux-mêmes subi ? Comment justifier que la République, qui par deux fois a aboli l'esclavage, la première République en 1794 et la deuxième en 1848, puisse être tenue pour responsable de ce qu'ont fait l'Ancien Régime et le Premier Empire ?
A ce compte, il faudrait aussi que les turcs, les espagnols, les anglais, les allemands, les descendants des serfs, les petits fils des enfants des mines, etc. demandassent réparation pour les fautes subies par leurs ancêtres !
Que des avocats et des juristes puissent se fourvoyer dans une aussi absurde aventure judiciaire est littéralement confondant.
Odieux d'oser tracer un parallèle entre l'esclavage et le nazisme. D'abord parce que, quelles que soient les indiscibles souffrances du peuple noir déporté dans des îles lointaines, maltraité, martyrisé, réduit à l'état de bétail par un système cruel et atroce, jamais la France n'a eu comme projet - comme ce fut le cas pour les nazis - d'éradiquer totalement une population.
Ensuite parce qu'un crime commis il y a des siècles, à une époque où les valeurs n'étaient pas les nôtres, ne saurait être mis sur le même pied que les horreurs datant de sept décennies et dont certaines victimes sont encore vivantes, donnant ainsi tout leur sens à de légitimes réparations.
Nos concitoyens d'outre-mer sont raisonnables : dans leur immense majorité ils sont satisfaits que leur pays ait eu la lucidité et le courage de reconnaître la faute qu'il a commise dans le passé à l'égard des populations africaines déportées et asservies. Mais ils savent aussi que le jusqu'au boutisme de certains a pour motivation non pas une recherche de la justice, mais le désir d'humilier, de culpabiliser et de troubler la paix civile de la France.
(*) Journal télévisé de RFO Martinique du 29 septembre.
Commentaires
Ils pourraient aussi faire un procès ai Vatican puisque l Église cautionnait l esclavage et qu il n y avait aucune séparation avec l État royal.
De même les pauvres indiens pourraient sortir de leur (s) réserve (s). Il paraît qu un bon procès ça paye mieux aux USA.
Non les indiens n oseraient jamais.
Le problème est que les victimes sont décédées depuis.
Il s agirait d établir des arbres généalogiques et d enrichir spontanément leurs descendants ?
On considère un peu trop la France comme une bonne épicerie.
les potentats africains ont vendu leur frères, on entend nulle repentance, ni de demande d'indemnisation à l'Afrique . Il semble bien que seul l'occident ait aboli l'esclavage par des textes de loi. La Mauritanie le pratique encore (Haratins). Par la pratique repentance, on dirait que l'occident cherche à afficher une supériorité sur le plan moral.