La "communication", euphémisme à la mode pour "propagande", est sans conteste le point le plus fort de Monsieur Macron et du gouvernement qu'il a nommé.
Tout est bon pour montrer au public de belles images bien léchées et débarrassées, autant que possible, de ces insupportables scories que sont les cravates de travers, les bafouillages, les rencontres avec des opposants,etc.
Certes il arrive - et ce fut très récemment le cas avec les paroles de Monsieur Macron saisies "à la volée" par un téléphone indiscret ( mais dont il y a fort à parier que c'est une rouerie digne de la défunte "caméra cachée") - que certaines images soient réputées négatives. Même dans ce cas, et l'exemple que je viens de donner le laisse à penser, c'est de propagande publicitaire qu'il s'agit, comme le bafouillage volontaire de "pachez sez shosch". Je ne pense pas, ou plus exactement j'espère, que les Français ne sont pas naïfs au point de se laisser prendre à d'aussi grossières ficelles.
Un pas vient d'être franchi par le bellâtre Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, qui le 4 octobre, a diffusé une séquence où on le voit à côté de son chauffeur dans sa voiture ministérielle, commenter le dernier conseil des ministres.
Exit le solennel lutrin d'où le ministre s'adresse aux journalistes : c'était le "vieux monde".
Bonjour à l'entretien familier avec les citoyens invités par l'excellence à grimper dans sa voiture et à écouter ses confidences évidemment sincères puisque distillées dans ce cadre familier et rassurant.
Et pour faire bonne mesure, Monsieur Castaner écrit ce tweet sur son compte facebook : "Tout juste sorti de l'Élysée, je vous debriefe en voiture le Conseil des ministres de ce jour."
"Je vous debriefe": en anglais, pour bien signifier que c'en est fini avec le "vieux monde" où les ministres parlaient français; on est passé à l'ère moderne, on parle business, comme dans les "start up". "Tout juste sorti de 'Elysée" (alors que plusieurs heures se sont écoulées durant lesquelles cette petite mise en scène a été concoctée) le ministre entre dans nos foyers encore tout parfumé de l'air élyséen et en tenue de travail, costume trois pièces de bonne coupe. Cette excellence est trop bonne, vraiment.
De Giscard jouant de l'acordéon à "Midi Première", à Chirac croquant sa pomme en passant par Mitterrand parlant verlan avec Mourousi assis sur son bureau, jusqu'au "président normal" et à Nicolas Sarkozy assurant les Français "qu'avec Carla, c'est du sérieux", c'est une longue histoire de démagogie.
De ce point de vue, le "nouveau monde" ressemble furieusement à l'ancien.
"Faut voir comme on nous parle !" : il a raison Alain Souchon.