Le feuilleton catalan commence à fatiguer tout le monde.
Cette belle et riche province espagnole ne veut plus, paraît-il, être espagnole.
De fait, lorsqu'on la parcourt - ce qui fut mon cas le mois dernier - on est frappé par l'évidente hostilité à l'égard de tout ce qui, de près ou de loin, rappelle l'Espagne.
A commencer, bien sûr, par la présence obsessionnelle du drapeau indépendantiste sur les ronds-points, aux frontons des bâtiments publics et aux fenêtres des maisons.
Bien sûr une fenêtre pavoisée fait son effet et lorsqu'il y en a cinq ou six dans une rue, on pourrait avoir l'impression que tout le monde pavoise. J'ai été très attentif à cela durant mon séjour, et j'ai toujours remarqué que les fenêtres sans drapeau étaient trois à quatre fois plus nombreuses que les autres, mais qu'on n'y arborait pas non plus le drapeau espagnol. On est en droit de se demander si ce n'est pas par crainte.
Et puis, il y a la langue. Je me souviens que dans les années qui suivirent la disparition de Franco et de son régime, au tout début de la restauration monarchique, dans tous les lieux publics et jusque dans les cabines téléphoniques, les deux langues, espagnole et catalane, cohabitaient ce qui permettait aux étrangers de comprendre ce qui était écrit.
Peu à peu, l'espagnol disparut et aujourd'hui, partout, seul le catalan demeure, comme si la province n'était plus espagnole et que l'espagnol était une langue étrangère.
Il est évident qu'à travers ce seul exemple on peut mesurer le chauvinisme et l'étroitesse d'esprit des "nationalistes" qui ne font pas mystère de leur détestation de la nation espagnole. Comme tous les chauvinismes - et la France connaît bien cela avec la Corse, notamment - il est le fait de ceux que Brassens appelait "les imbéciles heureux qui sont nés quelque part".
De plus, partout, les panneaux explicatifs placés sur les monuments historiques délivrent une interprétation mensongère de l'histoire, présentant systématiquement l'Espagne sous les traits d'une nation raciste, policière et oppressive.
Le même mensonge vient encore d'être proféré au sujet des prétendues "violences policières" de dimanche dernier qui n'ont pas fait le moindre blessé.
On fait mine de ne pas savoir que le fascisme du régime, mort avec son fondateur, n'a pas frappé que cette province, mais l'Espagne toute entière.
Et on entretient à travers les programmes scolaires - à l'imitation de ce qui peut exister entre Israël et la Palestine - une vision à la fois fausse et haineuse de la patrie espagnole.
Il est temps que tout ceci s'arrête.
L'Espagne est un grand pays, une brillante civilisation dont le génie a fécondé le monde. La magnifique langue espagnole rayonne sur tous les continents et chaque espagnol, aragonais, castillan, catalan, basque ou andalou doit mesurer la chance d'appartenir à cette nation universelle.
Les déclarations ridicules des prétendues autorités catalanes, leur surdité coupable dont tout laisse à penser qu'elle cache des desseins peu avouables, le harcèlement insupportable dont sont victimes tous les catalans non indépendantistes, l'irrédentisme étroit et le racisme des séparatistes finissent par détourner de leurs thèses même ceux qui ont pu un instant se laisser circonvenir.
Comme les partisans de la "Ligue du Nord" italienne, ou de la Flandre belge, les indépendantistes catalans mettent en avant la richesse de leur province et déclarent que le reste du pays vit à leurs dépens.
Cet égoïsme rapace déconsidère leur combat et permet d'imaginer quelle république bananière deviendrait une Catalogne indépendante. Encore faudrait-il que le reste de l'Europe accueillît ce petit pays en son sein.
On voit qu'il n'en sera rien, et pour cause : d'abord, les grandes entreprises sont prêtes à quitter la province si par malheur elle se détachait de l'Espagne, donc de l'Europe; ensuite, aucun pays européen n'a intérêt à ce que les régionalismes séparatistes soient encouragés par ce qui serait l'antécédent catalan et singulièrement la Belgique, l'Italie, la France.
La misérable aventure indépendantiste catalane est morte avant-hier.
Le recul pathétique du chef du gouvernement provincial, son incompréhensible bafouillage désespèrent même ceux qui penchaient vers ses thèses. Les catalans sont fatigués de ce remue-ménage théâtral et stérile et il est clair que cette farce ayant cessé, ils rechercheront dans la sagesse à concilier leur légitime attachement à leurs libertés provinciales et l'appartenance à la grande nation espagnole.