Agnès Buzyn, ministre de la santé, a évoqué récemment devant le Sénat la possibilité d'interdire de fumer dans les films français.
On se souvient sûrement de cette campagne d'affichage dans les couloirs du métro, il y a quelques années, où, à la place de sa pipe, on avait fiché un moulinet d'enfant dans la bouche de Jacques Tati (voir article en lien).
On croyait alors avoir atteint le comble du ridicule. C'était sans compter avec la fertilité infinie de l'imagination des princes qui nous gouvernent.
Pendant que certains, comme Monsieur Blanquer, le ministre de l'Education Nationale, s'efforcent d'en revenir à des mesures de bon sens, d'autres, comme sa collègue de la santé, s'égarent sur les chemins de la démagogie.
Interdire à un metteur en scène de faire fumer ses acteurs dans telle ou telle scène de leur film est une atteinte à la liberté de création absolument inadmissible.
De plus, si l'on considère que les images cinématographiques sont des incitations pour le spectateur à reproduire ce qu'il a vu sur l'écran, avant d'interdire la cigarette la pipe ou le cigare, il faudrait bannir le mensonge, le banditisme, le viol, le meurtre etc.
Si l'on continue sur cette voie, demain, il sera interdit de montrer des personnages dégustant un verre de vin ou se servant un whisky.
Et on pourra montrer Hitler, qui ne fumait pas, mais pas Churchill et ses barreaux de chaise...
Madame Buzyn ne sent-elle vraiment pas le le ridicule qu'il y a à chasser la cigarette tout en permettant le fusil, la mitraillette et la tronçonneuse ?
Commentaires
Mario B
Je vous remercie, Monsieur de l'honneur que me vous faites, vous écrivain québécois , en postant vos commentaire sur ce blog. Ils l'enrichissent pour le plus grand plaisir de tous.
Ah, ce n'était pas si loin. Parole du Duce :
Je suis profondément convaincu que notre façon de manger, de nous habiller, de travailler, de dormir, tout l'ensemble de nos habitudes doit être réformé. (Fin de la citation.)
C'est précisément ce que les États de rectitude politique font.
Au Québec, les jeunes de moins de 30 ans n'ont pas le droit d'acheter du tabac et ses dérivés, de la bière, du vin ou de l'alcool, dans les petits commerces. Ils doivent montrer une carte pour prouver qu'ils ne sont pas des enfants de 29 ans.
C'est de l'ingérence, répondant à l'endoctrinement de rectitude politique, lequel est une variation du catholicisme ultramontain, où les signes d'interdictions remplacent Jésus en croix. On y croise aussi une philosophie paternaliste des politiciens, particulièrement à l'endroit des jeunes.
Pour les films des quinze dernières années, c'est facile de connaître le fourbe, le bandit, le dangereux : c'est le seul comédien du film qui fume.
Au Canada, toute production culturelle (disque, film, livre, etc.) doit passer par les subventions accordées par le gouvernement fédéral et le provincial du Québec. Or, ces gens ont doit de regard sur le projet (scénario de film, par exemple). Un cinéaste s'était vu refuser ces subventions et s'est battu longtemps pour trouver financement de son film. Parce qu'il y avait des comédiens fumant? Non, parce que lui-même avait toujours la clope à la bouche.
En 2013, un de mes romans passe par la censure. Une histoire des années 1940 où un prêtre fumait la pipe. L'éditeur m'a demandé de lui retirer l'objet des lèvres. J'ai répondu non. L'éditeur m'a dit, noir sur blanc : 'On va avoir des problèmes avec notre subvention.' Le roman a été publié et est devenu mon meilleur vendeur, mais cet éditeur m'a ordonné de ne plus leur envoyer de manuscrit.
Je vous citerais bien un extrait d'un discours de Mussolini, sur le contrôle que l'État doit avoir sur les gens, sur leurs goûts, mais je ne l'ai pas sous la main et tout ceci commence à être un peu long!