L'hypocrisie est un vice à la mode,
et tous les vices à la mode passent pour vertus.
Dom Juan
Dans un article intitulé "trop honnête pour être élu" daté du 28 novembre dernier, je prévoyais que François Fillon reviendrait sur son programme (voir article en lien).
" La machine à reculer et à diluer est en marche" écrivais-je ce jour-là.
A peine trois semaines se sont elles écoulées que Monsieur Fillon s'empresse de donner corps à ma prévision. Il faut dire qu'il n'était pas besoin d'être devin pour la formuler.
Il est dans la nature même de cette perversion de la Ve République que sont les primaires de pousser les candidats aux engagements excessifs et aux promesses démagogiques pour séduire la fraction la plus partisane de leurs électeurs potentiels, quitte, une fois leur élection assurée, à édulcorer leur programme pour ratisser le plus large possible. Le mensonge est constitutif de la primaire; la défiance envers les politiques, qui en est la conséquence, aussi.
Opposés dans leur propre camp à leurs "amis" qui partagent la quasi totalité de leurs opinions et de leurs projets, il faut bien que, pour exister et avoir une chance de l'emporter, ils se démarquent d'une façon ou d'une autre.
La plus expédiente est d'en rajouter, d'être le plus audacieux, le plus radical afin de tenir la corde et de mettre entre leurs concurrents et eux-mêmes une distance suffisante pour l'emporter.
Qu'importe après tout que leurs électeurs soient grugés (et d'ailleurs ils semblent contents de l'être) et qu'il faille que dès leur élection acquise ils fassent machine arrière : l'essentiel n'est-il pas de gagner ?
François Fillon, avec sa maladroite palinodie sur le remboursement des frais médicaux en est un assez déprimant exemple.
Mais voici Manuel Valls, aujourd'hui même, qui nous explique en quoi l'article 49-3 de la Constitution - dont il a fait usage à six reprises durant son ministère - est dépassé et brutal.
A qui le tour ?
1. colea le 15-12-2016 à 11:03:53 (site)
Bonjour! c'était prévisible en effet, mais je ne pense pas que ce soit spécifiquement lié à la primaire mais à l'élection en général, pour être élu il ne faut pas être honnête mais dire ce qui plaît aux électeurs. Cela a été le cas même pour les plus grands à commencer par de Gaulle, puis Mitterrand, Chirac et Sarkozy n'y ont pas échappé. Cela ne signifie pas qu'il faudrait supprimer les élections, mais peut-être rendre un rôle plus grand au parlement et réduire le pouvoir presque absolu du président...
En attendant, à nous de ne pas être dupes..
léa
2. Frank-Marie-THOMAS le 16-12-2016 à 11:04:52 (site)
@colea
Je ne suis pas tout à fait de votre avis.
Certes, il est fréquent que dans une campagne électorale au scrutin majoritaire à deux tours le candidat, au premier tour, fasse des promesses qu'il édulcore au second.
Ceci ne se produirait pas, soit dit en passant, si les élections avaient lieu à la proportionnelle.
Mais il y a dans les primaires une perversion supplémentaire, inhérente au système lui-même, puisqu'il s'agit, pour chaque candidat, de surenchérir sur ses concurrents afin de les distancer auprès des militants et des sympathisants. L'heure de la vérité - donc des désillusions - sonne plus tard, lors de l'élection elle-même.
Alain Juppé qui, dès la primaire a fait la campagne des présidentielles en ne promettant que des choses réalisables a fait les frais de cette supercherie que sont, par nature, les primaires.
Il arrivera la même chose à gauche si d'aventure l'un des candidats s'avisait d'être honnête.
3. tetedelinotte32 le 17-12-2016 à 12:17:51 (site)
Bonjour voila une personne qui ose parler de politique, bravo et courageux j'avais essayé une fois pour voir, mais j'ai vite stoppé les frais car les gens deviennent vites grossiers quand on ne va pas dans leur sens. Donc je me réjouis de trouver ton blog et cet article. De toute façon, les Français sont très versatiles, ils veulent la vérité avant de voter et comme souvent cela ne leur plaît pas ils votent pour le plus menteur qui va lui promettre mont et merveilles, que c'est beau! Vois tu j'adore la politique mais de loin, car j'estime que pour arriver au pouvoir il faut être menteur, hypocrite, et surtout arriviste. Le pouvoir monte vite à la tête(alouette) et ceux qui paraissent sincères changent vites une fois arrivés à la place du trône. Perso je souhaiterais un Président qui traite tout ce qui est extérieur, et laisser à un Premier Ministre gérer les vrais problèmes du pays. je sais cela peut s'apparenter à la monarchie aie! Mais bon nous en République alors.... Bonne journée et merci de m'avoir exprimé librement.
Il faut souvent changer d'opinion
pour être toujours de son parti.
Au tour d'Emmanuel Macron de massacrer le français.
Il a tendance à clore chacune des séquences de son discours par une formule censée la résumer et lui donner tout son sens : « C'est cela ce que...» ou « c'est cela la réalité ».
On n'est pas très loin de François Hollande et de ses « la France, elle...».
Diriger la République ou aspirer à la diriger impose selon moi de respecter notre langue.
A quand « c'est quand qu'on ? » ou « c'est qui qui ?»
Messieurs, mettez-vous donc au français.
On entend ici et là des critiques sur le nombre de candidats à la présidence de la République et certains prétendent qu'il est un signe idubitable de la dégradation de nos moeurs politiques.
Rappelons qu'ils étaient 6 en 1965,
7 en 1969,
11 en 1974 (sur 26 postulants),
10 en 1981 (sur 74 postulants),
9 en 1988,
9 en 1995,
16 en 2002,
12 en 2007
et 10 en 2012.
Parmi ces ambitieux plus ou moins fantasques, les inoubliables : Pierre Boussel, Bertrand Renouvin, Louis Ducatel, Marcel Barbu, Emile Muller, Jean-Claude Sebag, etc.
Selon ce qu'on peut en savoir à ce jour les postulants à l'élection de 2017 seraient environ 15 ce qui, une fois les primaires de la gauche passées devrait donner 6 ou 7 candidats au premier tour. Très raisonnable, comme on le voit.
1. Florentin le 09-12-2016 à 17:42:55 (site)
D'autant que, désormais, il ne peut plus y avoir de candidats fantaisistes. Puisque, si je ne m'abuse, ils doivent tous subir, dès l'abord, le filtre des fameuses "signatures" (publiées) d'élus. Florentin
T.A.A.F. Pour l'immense majorité de nos concitoyens ce sigle est un mystère.
Il désigne pourtant un magnifique territoire français, immense, infiniment varié et qui constitue une extraordinaire richesse potentielle pour notre pays : les Terres Australes et Antarctiques Françaises.
Dans la cacophonie politique actuelle, personne n'évoque sérieusement la chance pour notre pays de posséder un vaste domaine maritime, si ce n'est Jean-Luc Mélenchon (cf.article en lien), qui en fait même un point primordial de son programme pour le développement de notre économie. Il serait cependant plus crédible si, dans le même temps, admirateur des révolutionnaires sud-américains, il ne faisait pas partie de ceux qui militent pour l'indépendance de nos possessions ultramarines.
Les Terres Australes et Antarctiques Françaises comprennent cinq districts séparés par d'immenses étendues marines. Ce sont la Terre Adélie, sur le continent antarctique, les îles Kerguelen, Crozet, Saint-Paul, Amsterdam, dans le sud de l'Océan Indien...
...et les cinq îles ou groupes d'îles entourant Madagascar : les Glorieuses, Europa, Bassas da India, Juan de Nova et Tromelin, formant la partie des T.A.A.F. que l'on nomme " les îles éparses". Ces dernières ainsi que les quatre autres districts des T.A.A.F. sont placées sous l'autorité d'un Haut Commissaire résidant à Saint-Pierre sur l'île de la Réunion.
Ce vaste territoire, couvrant une immense zone dans le canal du Mozambique et dans toute la zone des quarantièmes rugissants participe avec nos autres terres ultramarines à faire de la France la seconde puissance maritime du monde après les Etats Unis, en passe de devenir la première si la révision des domaines maritimes en cours à la Commission des Limites du Plateau Continental fait droit à ses revendications (cf. article en lien)
C'est un atout capital dans le siècle qui commence et qui, a n'en pas douter, sera celui où la mer sera au centre de la recherche et du développement scientifique et économique.
Les Français, depuis toujours, sont trop indifférents à la présence de leur pays sur toutes les mers du globe. Très modestement j'essaie ici d'y intéresser mes lecteurs en lui consacrant une rubrique de ce blog.
Les sujets de satisfaction et d'espérance ne sont pas si nombreux qu'on puisse négliger celui-ci.
Peut-être serait-il intéressant de savoir ce qu'en pensent les multiples candidats à la présidence de la République, et quels projets ils envisagent pour protéger et mettre en valeur cette magnifique richesse française.
1. colea le 07-12-2016 à 11:52:47 (site)
Bonjour, article intéressant, dans lequel je me permettrai de relever avec bienveillance deux lapsus réjouissants (si tant est qu'on puisse parler de lapsus à l'écrit...) mais peut-être volontaires: la France comme pissance maritime, et les candidants, sûrement pas si candides que ça. Mon imagination débridée m'a inspiré la vision de candides politiciens se dandinant vers les flots bleus pour aller se soulager dans le vaste océan...
Bonne journée à vous,
léa
2. Frank-Marie-THOMAS le 07-12-2016 à 12:22:08 (site)
@ colea
Merci pour vos remarques.
J'avais rectifié ces deux dérapages avant même de vous lire. En fait - mais sans doute l'avez-vous remarqué vous-même - il faut se lire sur le blog pour voir les fautes commises. Je ne saurais dire pourquoi c'est plus difficile durant l'élaboration de l'article.
En général, donc, je publie, je relis et je rectifie.
3. Florentin le 08-12-2016 à 18:41:11 (site)
Loin des yeux, loin du coeur. J'avoue, je ne me suis jamais vraiment intéressé à ce pan maritime de notre pays. Mais, il est vrai (on le dit en tout cas) que le Français est un peu fâché avec la géographie. Ceci étant, vous avez raison, nos responsables, qui, eux, devraient se préoccuper de tout notre territoire, seraient bien inspirés de faire valoir ces terres-là. Florentn
4. Nicloaï Vavilov le 17-12-2016 à 10:52:26
article très intéressant... En marge des TAAF.
Il paraît que la France aurait oublié de manifester ses droits sur Clipperton nous privant ainsi d'un domaine maritime de près de 500OOO km2 !!! zones de pêche et nodules polymétalliques
Qui a remarqué cette bévue?
5. Frank-Marie-THOMAS le 17-12-2016 à 11:04:03 (site)
@ Nicolaï Vavilov
Vous n'étiez peut-être pas encore lecteur de ce modeste blog lorsque j'ai abordé cette affaire.
C'était le 19 avril 2012, vous retrouverez facilement ce billet sous le titre : " 40000 km2 perdus."
François Fillon s'est défendu d'avoir voté ne fût-ce qu'une seule fois contre la légalisation de l'avortement.
Il a fermement affirmé qu'on ne saurait trouver un seul exemple d'un vote qu'il aurait émis contre la loi Veil.
Certes, on peut lui donner acte sans discussion du fait qu'en 1976, lors du vote de cette loi par l'Assemblée Nationale, il n'a pas émis un vote négatif : et pour cause, il n'était pas député !
Mais durant les quarante ans qui ont suivi, à quatre reprises au moins, il s'est opposé à toutes les propositions de loi visant à actualiser et renforcer la loi initiale.
Pour s'en convaincre, il suffit de se reporter à cette étude du Monde en cliquant sur le lien ci-dessous.
Il est bon de vérifier ce que nous disent ceux qui aspirent à nous gouverner. C'est éclairant.
1. Florentin le 05-12-2016 à 18:14:50 (site)
Les politiques ont souvent de petits arrangements avec la vérité. Ils savent qu'on va les relever. Mais, ils n'en ont cure. Ils savent bien qu'on va rapidement les oublier, omettant par la même occasion de leur en tenir rigueur. Combien de politiques ont été réélus, malgré les casseroles qui leur pendaient aux fesses ! On a trop souvent la mémoire courte ...
2. Paulo le 06-12-2016 à 12:08:51
Bonjour,
Merci de votre propos,mais vous n'avez jamais été confronté au désire d'une femme qui voulait être maman.j'ai connu cela.Celle ci a mis la main sur un enfant de sa sœur.La famille c'est adaptée,pour el grand bonheur de tous.La famille adoptive victime di nazisme.Je vous laisse juge.
Marion Maréchal Le Pen, louant ironiquement le renoncement de François Hollande, commet la phrase suivante :
« C'est un éclair de lucidité dont nous
lui sommes gré au Front National »
Fâcheuse bourde grammaticale chez une femme qui a l'ambition affichée de sauver les racines et la civilisation françaises. C'est "savons" qu'il fallait dire et non pas "sommes".
Quand on veut faire chic et employer des formules un peu archaïsantes, il faut maîtriser la syntaxe. Faute de quoi on joue grand genre et petits moyens.
1. Fusette le 04-12-2016 à 21:12:32 (site)
Bonsoir, Marion est jeune...elle n'a pas dû subir l'apprentissage des règles grammaticales de notre époque...Je suis plus "chiffonnée" par l'emploi non approprié du mot renoncement...utilisé à propos d'Hollande
2. Frank-Marie-THOMAS le 05-12-2016 à 09:42:05 (site)
@ Fusette
Merci pour votre commentaire.
Le choix des mots, les questions lecticales n'entent pas dans la catégorie des fautes de grammaire.
Quant à celles-ci, elles méritent à peine d'être signalées, je vous l'accorde, sauf quand elles sont dans la bouche de personnes prétendant être les protecteurs de la langue et de la civilisation françaises. C'est le sens de mon petit billet.
3. decapedepee le 05-12-2016 à 20:17:46
Oui c'est bien exact: Marion Maréchal Le Pen joue "grand genre" en tentant d'employer une formule surannée utilisée essentiellement par la noblesse, et il a encore peu par la grande bourgeoisie puisque vivant noblement elle utilisait les mêmes codes:
"Je vous saurai un gré particulier de bien vouloir être mon interprète.."
Hélas pour elle, raté: son électorat bourgeois, royaliste, militaire etc de la Région PACA - dorénavant minoritaire au FN - fuira ces "petits moyens", et plus généralement tout ce l'on peut trouver de petit au FN...
Enfin, des gros titres ont bien parlé en première page de "renoncement": j'ai vu une photo de ce qui ressemblait au crâne de François Hollande, le nez pointant vers le bas, avec le titre en lettres majuscules et énormes: IL RENONCE !
« Il n'y a pas d'alternative à François Hollande à gauche. Je serai à ses côtés ...
François Hollande est la voix de l'intérêt général. Celui qui doit incarner cette parole, c'est celui qui a été élu par les Français, qui est président et candidat, s'il le décide. La logique, c'est qu'il soit candidat puisqu'il est président ».
Cette audacieuse - et risible - tautologie est signée du grand spécialiste du genre, Manuel Valls. Il est le champion toutes catégories de cette figure circulaire et stérile. Il est vrai qu'elle est parfaitement adaptée à l'homme dont il explique qu'il est à la fois incontournable et indispensable.
Mais il ne faudrait pas en déduire que M. Valls soit privé de bon sens. Au contraire, si l'on fait un peu attention non au mots qu'il emploie, mais à leur destination réelle, on s'aperçoit que cet éloge du président est à la fois un assassinat et une assurance sur l'avenir.
Un assassinat parce que, dans l'état de dénuement où se trouve notre malheureux président, un panégyrique aussi décalé par rapport à la réalité et aux sentiments du peuple est l'équivalent du coup de pied de l'âne.
Une assurance sur l'avenir puisque de deux choses l'une : ou bien Hollande se présente, et effectivement la primaire à gauche n'aura pas lieu, et Valls pourra se targuer de l'avoir clairement annoncé.
Ou bien il renonce et Valls espère récolter les fruits de sa "fidélité" en étant lui même candidat, légitimé par cette fidélité même.
Je pense à ce vers de Britannicus de Racine, prononcé par le jeune Néron :
« J'embrasse mon rival, mais c'est pour l'étouffer ! »
1. Florentin le 04-12-2016 à 11:53:20 (site)
Bien des efforts pour pas grand-chose. Valls n'a aucune chance aux prochaines présidentielles. A supposer qu'il soit choisi aux primaires de la gauche.Ce qui n'est pas gagné non plus ! Florentin
2. Frank-Marie-THOMAS le 04-12-2016 à 12:02:26 (site)
@Florentin
Pas vraiment pour rien. Il se met en position de diriger ce qui reste du parti socialiste dans la perspective de reconstruire une gauche victorieuse en 2022 après 5 ans de gouvernement de droite. Cela vaut bien l'assassinat politique de Hollande...
« La retraite qu'il vient de faire est la plus éclatante
et la plus fausse action sa vie;
c'est un sacrifice qu'il fait à son orgueil (...)
il s'éloigne du monde, qui s'éloigne de lui »
De qui s'agit-il ? De François Hollande ?
Non ! du cardinal de Retz, stigmatisé par La Rochefoucauld.
1. decapedepee le 03-12-2016 à 00:25:39
Ce n est certes pas le Cardinal de Retz, mais je connais un prélat, qui après quelques années de prêches a réussi à prendre le pouvoir en France en 2012, de façon inespérée.
Il a passé son quinquennat à poudrer ses mains moites, et pour finir (Dieu merci..), il s est lui même sacrifié, soit-disant dans l intérêt de sa paroisse.
Alléluia ! !
Rire, se moquer, mettre en boîte, "déchirer". La mode est au sarcasme à tout prix.
On se souvient du bide essuyé par la jeune humoriste belge Charline Vanhoenhacker à la fin de " L'Emission Politique" de Léa Salamé et David Pujadas le mois dernier.
Après une longue confrontation avec François Fillon, souvent ardue et austère, voici que surgit sur le plateau une rigolote, talentueuse d'ailleurs, mais qui arrive là comme mars en carême.
Fillon ne sourit pas et conclut même l'exercice en disant quelques mots sur l'incongruité de ce petit sketche qui, j'en suis sûr, traduisaient l'opinion majoritaire des téléspectateurs, gênés par cet indigeste mélange des genres. Il a indéniablement marqué des points ce soir-là.
On se demande même comment les deux responsables de l'émission qui ni l'un ni l'autre ne sont de joyeux drilles, ont pu avoir une idée aussi saugrenue. C'est que depuis quelques années, il faut faire rire le badaud, coûte que coûte.
Cette obligation de drôlerie est fatigante; elle rabaisse tout, elle dévalue tout ( cf articles en lien). Alain Finkielkraut la dénonce régulièrement à juste titre.
Cependant le fou du roi joue un rôle utile, nul ne peut le nier. Encore faut-il qu'il s'en prenne aux véritables puissants et non à ceux qu'on peut sans risque traîner dans la boue. Le malheur est dans le mélange systématique - et orienté - des genres.
Et puis on ne peut pas ne pas voir, dans cette omniprésence du sarcasme mis à toutes les sauces, une vilaine démagogie destinée à satisfaire les instincts les moins nobles de la foule, à lui donner l'illusion du pouvoir, à lui lancer un os qu'on lui donne à ronger; une collusion, finalement, avec les dominants qu'on prétend dénoncer.
Le ministère de la santé vient de financer une grande campagne d'affichage destinée à rappeler la nécessité de se protéger contre le virus du sida.
Un grand nombre de gens ont trouvé cette campagne d'affichage obscène. Des maires ont décidé de ne pas permettre son exposition dans les rues de leur commune.
Sans doute n'avons-nous pas la même compréhension du mot "obscène".
Les photos montrent deux hommes face à face ou enlacés. Point de nudité, point de sexes, rien qui, selon moi, relève d'un film X. Tout au plus de ce qu'on appelle un film érotique, version très édulcorée du pornographique.
J'admets que les slogans peuvent avoir de quoi choquer les passants en leur mettant sous les yeux des éléments très réels de vie, peut-être même de celle de leurs proches.
Mais la prétendue morale de certains leur fait perdre de vue que la finalité de cette campagne est de susciter une réaction à un moment où la terrible épidémie est loin d'avoir été éradiquée.
De plus cette vertueuse indignation serait sans doute moins suspecte de rejet de l'homosexualité si elle s'exprimait avec autant de vigueur à l'encontre du fourmillement de placards publicitaires, sur les murs, dans les magazines et à la télévision, où les corps de femmes et d'hommes sont érotisés à l'extrême pour nous vendre voitures, parfums, boissons gazeuses, fromage frais ou dentifrice.
Quoi qu'on dise, en protestant contre la vision de ces couples d'hommes tout en gardant le silence sur l'exploitation outrancière de l'érotisme hétérosexuel, c'est bien de frilosité voire de franche hostilité à l'endroit de l'homosexualité qu'on fait preuve
1. decapedepee le 29-11-2016 à 23:41:56
S agissant d une campagne de prévention d un ministère, de surcroît celui de la santé, je me demande à quel titre certains maires viennent y mettre leur grain de sel en décidant d interdire la pose de ces affiches.
Les mêmes maires celebrent-ils donc des mariages entre personnes de même sexe sans publier les bancs par exemple?
Alain Juppé avait de toute évidence toutes les qualités personnelles et politiques pour remporter la primaire qui vient de se dérouler. François Fillon l'a largement battu, nul ne peut contester l'ampleur et le poids de son éclatante victoire.
Comme Sarkozy avait tenté de le faire , François Fillon a eu l'habileté de parler à la droite et de ne parler qu'à elle. Sa tactique a merveilleusement fonctionné. Il est même - tour de passe-passe remarquable - parvenu à faire oublier tout son lourd passé politique et à se présenter aussi frais que l'oeuf du jour.
Alain Juppé, lui, s'est adressé d'emblée, en homme d'Etat, à la France tout entière, avec toutes ses composantes. Les militants de droite et la frange la plus marquée de cet électorat, assoiffés de revanche sur la Gauche, y ont vu de la mollesse et de l'immobilisme.
Ainsi l'erreur tactique de Juppé aura sans doute été de faire une campagne présidentielle au lieu de se contenter de séduire d'abord les électeurs de droite et seulement eux.
Mais cette option beaucoup plus adulte et plus respectable au plan moral, si les électeurs l'avaient suivi, lui aurait permis de ne pas changer de discours entre les deux élections, ce qui, évidemment, ne sera pas le cas de François Fillon. Décidément l'électorat adore qu'on le trompe. Fillon - un peu comme Tsipras en Grèce ou Trump aux USA - va être forcé de diluer son programme pour lui ôter ce qu'il a de trop radical s'il veut réunir une majorité de Français.
La machine à reculer et à diluer est en marche. La déception ne va pas tarder, relançant bien sûr les actions et de la Gauche et de Mme Le Pen.
Pour résumer ma pensée en une formule, je dirais que l'un est trop honnête pour être élu et que l'autre est trop élu pour être honnête.
1. Florentin le 28-11-2016 à 15:35:09 (site)
Juppé s'est fait avoir comme un bleu. Comment peut-on se montrer aussi naïf à son äge ? Ceci étant, je vous fiche mon billet que Fillon va, progressivement (il a cinq mois pour cela) assouplir son programme. Un programme d'évidence inapplicable en l'état..Son unique but était d'être désigné représentant de la droite aux présidentielles. C'est fait. Bien joué ! Car, les choses étant ce qu'elles sont, il a des chances d'être notre prochain président. Florentin
2. Frank-Marie-THOMAS le 28-11-2016 à 16:54:01 (site)
@ Florentin
"Bien joué", dites vous. Certes, d'un point de vue tactique et si vous employez "bien" dans le sens de "gagnant".
Mais sur un plan éthique, c'est plus douteux puisque, comme nous semblons en être d'accord, il ne va pas falloir attendre longtemps pour voir fondre comme un sucre dans l'eau ce prétendu roc politique.
Et même en admettant que l'éthique ne soit pas à considérer - ce que je conteste - ces revirements inévitables auxquels Fillon va devoir se livrer pour capter l'électorat du centre droit dont il a besoin feront de lui le digne successeur, mutatis mutandis, de Hollande et de "son ennemi, la finance."
Ces promesses la main sur le cœur immédiatement suivies de retraits successifs sont sans doute ce qui détourne le plus nos concitoyens de leurs hommes politiques.
En ce sens, je ne trouve pas que "bien joué" soit vraiment adapté.
3. decapedepee le 29-11-2016 à 23:44:43
Valérie TRAITRESSE a du être bien déçue !
Je publie l'excellent commentaire d'une lectrice, Galinette, qui exprime son désaccord avec moi.
Je lui réponds à mon tour dans un commentaire...
« Je ne suis pas vraiment d'accord avec vous.
Je pense qu'il y a une logique instinctive des peuples qui fait que celui-ci "sait" collectivement ce qu'il lui faut.
Je ne crois pas du tout que le FN puisse remporter les présidentielles l'an prochain, quel que soit le candidat de droite, à part dans l'imagination fantasmée des journalistes et des manipulateurs aux commandes. Le psychodrame de 2002 n'aura sans doute pas le même impact et vraisemblablement (si tant est que MLP soit au 2ème tour) le FN fera un score important. Mais insuffisant. Ce parti n'est pas majoritaire dans ce pays loin s'en faut.
Et je pense, contrairement à vous, que Fillon les gêne beaucoup plus que Juppé.
D'ailleurs Florent Philippot, commentant les résultats dimanche soir, était beaucoup moins à l'aise qu'habituellement, et ses arguments sonnaient faux, comme une antienne usée et inappropriée.
Certes, sur le plan économique, comme sur le plan sociétal, Fillon rebute beaucoup plus la gauche qu' Alain Juppé. Mais il séduit davantage à droite et, tout en étant en adéquation avec un ressenti et un besoin puissant de changement et de reconnaissance, ne tombe pas dans la tentation et le piège de l'extrême. En cela il séduit la "majorité silencieuse" qui s'est déplacée en masse.
Je crains par contre que vous n'ayez raison quant à l'ordre d'arrivée dimanche prochain , non pas grâce à un sursaut démocratique mais à cause d'une alliance objective entre gauche et FN, dont un certain nombre de gens n'hésiteront pas à signer sur l'honneur un faux engagement â des valeurs qu'ils réprouvent pour faire barrage à l'espoir (ou la colère ou la bêtise etc -au choix- ) qui s'est exprimé par un moyen démocratique .
Un feu nourri s'est abattu dès hier sur Francois Fillon, qui avait réussi à passer entre les gouttes dans les médias avant le premier tour. (Il est amusant de voir tous les commentateurs expliquer ...ce qu'ils n'ont pas vu venir).
Toujours avec la même arrogance vis à vis de l'expression populaire. Ou populiste si on veut être dans les clous.
J'ignore si F.Fillon est ou sera l'homme de la situation et, je pense que quelle que soit la personnalité qui arrive au pouvoir, de droite comme de gauche, ça risque d'être mission impossible.
Je crois, et je voudrais me tromper, que nous avons presque atteint un point de non-retour dans la fracturation. Je ne vois pas comment nous allons en sortir par le haut.
Les heraults en présence ne semblent pas être â la hauteur des difficultés présentes et à venir. Â droite comme à gauche.
Et ce n'est pas malheureusement pas du duel de cette semaine que va sortir la lumière. Même si beaucoup, dans le peuple, l'espèrent.
Déjà, deux jours à peine se sont écoulés et, le cri (ou le murmure) qui a jailli des urnes dimanche est expliqué, décortiqué, analysé, commenté ......pour mieux être étouffé ? Alors qu'en sortira-t-il ? Bien malin qui peut le dire.»
1. Frank-Marie-THOMAS le 22-11-2016 à 09:38:33 (site)
Il est plus que probable que Marine Le Pen soit présente au second tour de la présidentielle. En tout cas c'est l'hypothèse la plus sûre et celle dont il faut partir si l'on veut être efficace.
Dans ce cas de figure dont tous les chiffres montrent qu'il sera celui auquel nous serons confrontés au printemps prochain, la question est de savoir quel est le candidat le mieux placé pour la battre.
Je n'en voit que deux : Emmanuel Macron ou Alain Juppé si l'un ou l'autre passe le cap du premier tour.
François Fillon, lui, grapillerait certainement quelques voix FN des catholiques intégristes, mais il perdrait dangereusement à gauche, offrant une chance inespérée à Marine Le Pen.
Pour ne pas alourdir mon propos je ne dis rien du regain d'espoir que la désignation de Fillon redonnerait à la Gauche, ni des blocages insensés que son éventuelle élection provoquerait dans le pays sil s'avisait d'appliquer son programme brutal.
2. Florentin le 22-11-2016 à 17:00:51 (site)
Fillon sera élu président de la République en Mai prochain. Je ne vois pas qui pourrait désormais l'empêcher d'y parvenir. Tant pis. Quand le vin est tiré, il faut le boire. Même si c'est de la piquette...
3. Galinette le 22-11-2016 à 18:17:43 (site)
Les chiffres, par les temps qui courent...ne sont pas très fiables mais je veux bien partir de votre hypothèse pour ce qu'elle a de plausible.
Dans ce cas de figure, contrairement à vous, mon sentiment est que, peu importe le candidat de droite, il n'y a pas de risque de voir MLP élue.
(Je serais moins affirmative si Francois Hollande devait être au 2ème tour face au FN. Mais je suppute qu'il y aurait au moins 1 électeur qui ferait pencher la balance, si le danger était réel).
Alors pourquoi ne pas se placer dans la perspective qu'elle ne soit pas qualifiée au premier tour?
Lorsque j'ai vu les files d'attente, la composition de ces files et les motivations diverses et variées, je me suis dis que l'inattendu pourrait aussi venir de cette hypothèse "forcément " improbable. Les chiffres...
Peut-être qu'un homme, qui reprenait à son compte les aspirations qui semblent traverser les foules un peu partout avait su se frayer calmement un chemin.
Cette réflexion s'est heurtée rapidement à la réalité médiatique et politicienne.
Les deux déclarations annonçaient, dès le soir même, la suite déplorable que l'on voit. Les cartes se brouillaient quasi instantanément.
Fillon parlait aux gens et Juppé parlait de lui : "mon combat".
Les médias tournaient en boucle sur l'écume et sur leurs pauvres interrogations et conclusions.
Les attaques et les caricatures se concentraient déjà sur "la surprise", celui qu'on n'avait pas vu venir.
La machine à perdre se mettait en route.
Je crois que le FN peut se frotter les mains et recommencer à espérer passer le premier tour (je reviens â l' hypothèse de départ ).
Et la gauche n'a qu'à attendre que Juppé fasse le travail pour elle.
Elle a déjà choisi son champion au cas où elle ne serait pas présente au 2ème tour des présidentielles. Et a intégré comme probable l'hypothèse d'un FN affrontant les deux faces d'une même médaille.
La vision spécieuse du FN aura gagné.
Rien n'aura bougé véritablement et la situation deviendra de plus en plus inextricable avec comme perspective une déflagration.
Je crois que l'intérêt d'une candidature Fillon est dans un positionnement clair et net. Il est clairement de droite. Que l'on adhère ou pas est presque anecdotique. La gauche pourrait saisir l'occasion de se redéfinir sans hypocrisie, sans contradictions et de façon claire.
C'est ce choix, cette alternative sans ambiguïté que souhaite "le peuple".
Et la majorité choisira.
 mon avis, c'est un des sens de cette mobilisation.
La guerre que font à F.Fillon ses amis de droite va tous les pénaliser durablement et ôter quasi toute chance aux uns ou aux autres de faire les réformes nécessaires dans un climat pacifié.
Ils seront condamnés à l'immobilisme à peine de mettre la moitié des français dans la rue.
La gauche ne devrait pas être satisfaite car le même sort l'attend.
Toutes ces gesticulations sont affligeantes , désespérantes même.
C'est entendu, François Fillon a remporté une superbe victoire, d'autant plus impressionnante qu'elle est un cinglant démenti à tous les pronostics.
Alain Juppé, incontestablement affaibli par cette défaite après plus d'un an dans le rôle de favori de tous les sondages, va devoir affronter un second tour extrêmement difficile avec des chances non pas nulles, certes, mais très minimes de l'emporter.
Il me semble que l'argument le plus efficace pour renverser l'issue attendue du second tour n'est pas dans la contestation du programme de son concurrent. Ces discussions sur les programmes à bien des égards, sont des attrappe-nigauds dans la mesure où chacun sait bien qu'il est absolument impossible de planifier une action gouvernementale sur cinq ans, compte tenu de la rapidité avec laquelle les évènements se succèdent dans notre monde globalisé.
Plus un programme est détaillé, plus il énumère par le menu les mesures qui sont censées devoir être mises en oeuvre, moins il sera honoré dans les faits.
L'argument majeur, selon moi, est de mettre en avant la finalité de ces primaires : choisir le candidat le plus à même de battre Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle dans six mois.
A ce critère-là Fillon a une faiblesse : son positionnement très libéral sur le plan économique et très conservateur sur le plan social et sociétal détournera sûrement beaucoup d'électeurs de gauche de voter pour lui contre sa concurrente qui pourra même passer pour plus hardie que lui dans ces domaines.
Alain Juppé, au contraire, pourra réunir sur son nom, comme Jacques Chirac en 2002, tous les électeurs radicalement opposés au Front National.
C'est logique. Mais ces temps-ci, il ne semble pas que la logique soit la boussole des peuples.
1. Galinette le 22-11-2016 à 07:14:18 (site)
Je ne suis pas vraiment d'accord avec vous.
Je pense qu'il y a une logique instinctive des peuples qui fait que celui-ci "sait" collectivement ce qu'il lui faut.
Je ne crois pas du tout que le FN puisse remporter les présidentielles l'an prochain, quel que soit le candidat de droite, à part dans l'imagination fantasmée des journalistes et des manipulateurs aux commandes. Le psychodrame de 2002 n'aura sans doute pas le même impact et vraisemblablement (si tant est que MLP soit au 2ème tour) le FN fera un score important. Mais insuffisant. Ce parti n'est pas majoritaire dans ce pays loin sans faut.
Et je pense, contrairement à vous, que Fillon les gêne beaucoup plus que Juppé.
D'ailleurs Florent Philippot, commentant les résultats dimanche soir, était beaucoup moins à l'aise qu'habituellement, et ses arguments sonnaient faux, comme une antienne usée et inappropriée.
Certes, sur le plan économique, comme sur le plan sociétal, Fillon rebute beaucoup plus la gauche qu' Alain Juppé. Mais il séduit davantage à droite et, tout en étant en adéquation avec un ressenti et un besoin puissant de changement et de reconnaissance, ne tombe pas dans la tentation et le piège de l'extrême. En cela il séduit la "majorité silencieuse" qui s'est déplacée en masse.
Je crains par contre que vous n'ayez raison quant à l'ordre d'arrivée dimanche prochain , non pas grâce à un sursaut démocratique mais à cause d'une alliance objective entre gauche et FN, dont un certain nombre de gens n'hésiteront pas à signer sur l'honneur un faux engagement â des valeurs qu'ils réprouvent. Pour faire barrage à l'espoir (ou la colère ou la bêtise etc -au choix- ) qui s'est exprimé par un moyen démocratique .
Un feu nourri s'est abattu dès hier sur Francois Fillon, qui avait réussi à passer entre les gouttes dans les médias avant le premier tour. (Il est amusant de voir tous les commentateurs expliquer ...ce qu'ils n'ont pas vu venir).
Toujours avec la même arrogance vis à vis de l'expression populaire. Ou populiste si on veut être dans les clous.
J'ignore si F.Fillon est ou sera l'homme de la situation et, je pense que quel que soit la personnalité qui arrive au pouvoir, de droite comme de gauche, ça risque d'être mission impossible.
Je crois, et je voudrais me tromper, que nous avons presque atteint un point de non-retour dans la fracturation. Je ne vois pas comment nous allons en sortir par le haut.
Les heraults en présence ne semblent pas être â la hauteur des difficultés présentes et à venir. Â droite comme à gauche.
Et ce n'est pas malheureusement pas du duel de cette semaine que va sortir la lumière. Même si beaucoup, dans le peuple, l'espèrent.
Déjà, deux jours à peine se sont écoulés et, le cri (ou le murmure) qui a jailli des urnes dimanche est expliqué, décortiqué, analysé, commenté ......pour mieux être étouffé?
Alors qu'en sortira-t-il?
Bien malin qui peut le dire.
2. decapedepee le 26-11-2016 à 23:57:59
Dès le premier tour de la Présidentielle, Fillon va deballonner le dernier électorat FN, certes dans proportions sans doute faibles...mais réelles.
En cas d absence du PS au second tour, certes l électorat dit "socialiste" votera moins massivement qu il ne l aurait fait pour Juppé.
Mais si l on ne veut plus voir le score FN augmenter à chaque élection, il faut une fois pour toute avoir une gauche et une droite à leur place.
Avec Fillon le FN ne pourra plus claironner "UMPS" ou "droite et gauche même combat".
Fillon a au moins, me semble-t-il, le mérite de clarifier les lignes...Sans parler de son projet qui tourne assez autour de "Travail-Famille-Patrie".
Avec lui, le FN prosperera de moins en moins... à mon humble avis.
3. Frank-Marie-THOMAS le 27-11-2016 à 09:57:22 (site)
@ decapedepee
Je ne suis pas en désaccord avec cette analyse, qui a sa logique.
Néanmoins, si dans six mois le second tour de la présidentielle oppose Fillon à Le Pen - ce qui n'est pas certain du tout, la gauche n'ayant pas perdu toute chance d'y figurer, surtout si Valls et Bayrou se présentent - je pense que les électeurs FN préfèreront toujours l'original à la copie.
Deuxièmement je pense que les électeurs de gauche au cas où ils seraient privés de candidat, ne se presseront pas pour voter Fillon qui représente à peu près tout ce qu'ils détestent. Ils risquent bien de rejeter dos à dos Le Pen et Fillon," blanc bonnet et bonnet blanc".
Ainsi les voix que Fillon peut grapiller au FN seront largement compensées par celles qu'il perdra à gauche.
Juppé, lui, au contraire, aurait eu dans ce cas de figure une élection de maréchal.
L'erreur de tactique de Juppé aura sans doute été, par honnêteté, de faire une campagne présidentielle au lieu de se contenter de séduire d'abord les électeurs de droite et seulement eux. Mais cette option beaucoup plus adulte et respectable au plan moral, si les électeurs l'avaient quand même suivi, lui aurait permis de ne pas changer de discours entre les deux élections, ce qui, évidemment, ne sera pas le cas de François Fillon.
Celui-ci - un peu comme Tsipras en Grèce ou Trump aux USA - va être forcé de diluer son programme pour lui ôter ce qu'il a de trop radical s'il veut réunir une majorité de Français.
Ce soir l'un de ces trois hommes sera en tête. Dans huit jours, l'un de ces trois hommes - pas nécessairement le même - sera le probable prochain président de la République.
Je ne m'amuse ordinairement au jeu des pronostics qu'en privé. Je vais pour une fois faire une entorse à cette discipline.
Je gage que la spectaculaire remontée de François Fillon dans les sondages depuis quelques jours aura une grande incidence sur les résultats de ce soir, par le biais de la participation des électeurs à ce scrutin de premier tour.
Le favori, jusqu'à la semaine dernière, était sans conteste Alain Juppé. L'envolée de Fillon a fait chûter sa cote, c'est évident, tandis que celle de Sarkozy se maintenait.
Ce qui, selon moi risque de se passer aujourd'hui c'est une mobilisation de l'électorat qui serait sans doute resté à la maison dans la certitude que Juppé et Sarkozy seraient les deux finalistes mais qui, devant cette nouvelle donne, va venir leur apporter son soutien.
Ainsi, paradoxalement, le regain de popularité de Fillon pourrait bien, finalement, profiter au maire de Bordeaux et, dans une moindre mesure, à l'ancien président de la République.
Et si ces messieurs étaient des chevaux courant pour le prix du président de la République, je donnerais le tiercé suivant pour ce soir : Juppé, Fillon, Sarkozy.
On saura dans quelques heures si j'ai dit une bêtise. Je n'en serai pas plus confus que cela; c'est un jeu.
Le même jour à 23 h:
Perdu ! J'ai les deux gagnants, mais dans le désordre...
1. Florentin le 20-11-2016 à 16:45:02 (site)
Quels que soient les élus de ce jour, je ne se serai pas content. Revenir sous le joug de la droite ne me sourit pas du tout. Les démunis n'ont pas rigolé sous Hollande,c'est sûr, mais ce sera pire sous la prochaine législature...
2. decapedepee le 20-11-2016 à 18:25:43
A ce jeu là, je parierais:
FILLON. SARKOZY. JUPPE
Ce dernier s étant trop révélé à mon avis comme l homme du compromis, du "tout en rondeurs", ce qui, vu l état de la France laissé par "Petite Fraise" et l élection de TRUMP, ne me semble plus être dans l air du temps et coller aujourd'hui aux attentes et aux besoins des participants à ces primaires.
Enfin, FILLON est apparu depuis le début de la campagne comme un outsider et risque de profiter de l esprit ambiant qui tente de déjouer les pronostics les plus favorables.
3. Frank-Marie-THOMAS le 20-11-2016 à 20:39:57 (site)
@decapedepee
A 20h39 il semble bien que j'aie touché juste...Attendons la fin.
4. Frank-Marie-THOMAS le 21-11-2016 à 09:12:07 (site)
@ decapedepee
Nous ne nous disputerons pas ; vous disiez Fillon-Sarkozy; je disais Juppé-Fillon nous nous sommes donc trompé l'un et l'autre.
Et pour le second tour ?
Quant à moi, dussé-je être définitivement dans l'erreur, je ne change pas l'ordre de mon tandem pour le 27 et je crois fermement que la droitisation de Fillon lui portera finalement tort.
Je citais avant-hier deux phrases extraites du discours prononcé par Emmanuel Macron pour annoncer sa candidature à la présidence de la République.
Je voudrais aujourd'hui - déformation professionnelle certainement - analyser d'un peu plus près l'une de ces phrases pour en découvrir le vide sidéral :
" Je veux une France qui croie en sa chance (...) et qui considère les plus faibles".
J'opte pour le subjonctif du verbe croire sans être sûr qu'il n'ait pas écrit "croit" à l'indicatif. Cette option, toutefois me semble raisonnable puisqu'il s'agit d'exprimer une volonté et donc de placer la France dans un état d'esprit qui n'est pas le sien au moment où parle l'orateur.
Ainsi par la force de sa volonté à la fois louis-quatorzième et magique ("je veux") Monsieur Macron se croit en mesure de faire en sorte que la France, de pessimiste et défaitiste qu'elle est actuellement, devienne optimiste pour peu qu'elle le décide sous la mâle impulsion de son chef. C'est beau comme l'antique.
On pourrait s'interroger ensuite sur la consistance d'une expression comme "croire en sa chance". C'est là une de ces formules parfaitement vides qui n'engagent que ceux qui veulent bien y croire.
La question, en effet n'est pas que notre pays croie qu'il peut s'en sortir, mais qu'il s'en sorte.
Nous n'élisons pas des responsables politiques pour qu'ils stimulent notre capacité à espérer, mais pour qu'ils agissent afin d'améliorer notre vie et de nous rendre optimistes non en espérance, mais en réalité.
La formule de Monsieur Macron est de la rhétorique pure, c'est à dire vaine.
C'est encore plus vrai de la seconde partie de sa phrase, digne de figurer aux annales des attrappe-nigauds à côté du fameux "je vous ai compris" de feu le général de Gaulle.
Que peut bien signifier, en effet " une France qui considère les plus faibles ?"
Imagine-t-on les malades, les pauvres, les sans-travail, les malchanceux de la vie satisfaits de se savoir "considérés" ?
Ce n'est évidemment pas de "considération" qu'ils ont besoin, mais d'aide effective, matérielle et morale.
Apparemment Emmanuel Macron se sait gré de "considérer" la misère comme le Roi touchait les écrouelles, et cela lui paraît un remède suffisant.
De quelque façon qu'on l'envisage, sa phrase traduit une vision à la fois étriquée, démodée et condescendante du pays et du peuple.
C'est fâcheux pour qui prétend incarner la modernité, l'ouverture et le renouveau.
J'ai attentivement écouté l'annonce par M. Emmanuel Macron de sa candidature à la présidence de la République.
Cette annonce est habilement située dans le temps un mois avant celle du président Hollande sur ses intentions pour 2017, à quatre jours du scrutin de la primaire de Droite et un jour avant le dernier débat de cette primaire. Manière de capter la lumière, après un déferlement de plusieurs dizaines de unes dans les magazines tout en jouant les modestes et les ennemis du "système".
La ficelle est grosse.
Elle se veut aussi habile dans le lieu : un centre d'apprentissage de Bobigny, pour faire peuple.
Peu importe qu'on n'ait pas aperçu l'oreille d'un apprenti ni même le garage où la conférence était organisée. L'essentiel est qu'on sache qu'il s'agit d'un lieu inhabituel pour ce genre d'exercice. Encore un cable.
Extraits pour juger de l'ébouriffante originalité du monsieur :
"Je veux une France qui croie en sa chance...et qui considère les plus faibles".
"L'enjeu n'est pas pour moi de rassembler la Droite ou de rassembler la Gauche mais de rassembler les Français".
Cet "appel de Bobigny", décidément, va bouleverser notre vie politique.
Depuis l'inénarrable Henri Chapier, le divan plus ou moins psychanalytique fait florès. Et l'on se bat pour s'y allonger chez Marc-Olivier Fogiel ou pour s'y asseoir, chez Mme Lemarchand.
Cette mode m'est insupportable. Et j'ai mes raisons.
Le temps employé à découvrir le salon de l'un, la cuisine de l'autre, à échanger des platitudes sur la vie comme elle va, à faire mine de s'intéresser aux marottes des uns et des autres serait mieux employé à contraindre les invités à aller au bout de leurs affirmations, à éclairer réellement l'électeur, etc.
P our cela il faudrait que les journalistes fussent d'une culture suffisante pour déjouer les habiletés de personnages souvent très cultivés et très au fait des dossiers qu'ils évoquent ou qu'ils ne fussent pas bridés par leur propre carriérisme. Mais c'est un rêve.
Le rêve de saisir un homme ou une femme politique dans sa globalité, intimité comprise.
J'avoue quant à moi ne pas voir le rapport entre ses capacités à gouverner et ses goûts intimes.
Je dirais même que, élargissant le concept de laïcité jusqu'au bout de ses exigences, je trouve qu'il y aurait là un mélange dangereux entre le public et le privé, sans aucun bénéfice pour la conduite des affaires de l'Etat.
Il est fort probable que si les Français de l'époque avaient connu la vie intime des grands hommes de leur temps, ni Colbert, ni Richelieu, par exemple, n'auraient eu leurs suffrages.
Et vous voyez Jaurès, Mendes-France ou de Gaulle sur le canapé de Mme Lemarchand ?
Les primaires de la Droite et du Centre où, soit dit en passant, on cherche désespérément le Centre, nous donnent l'occasion d'observer de près, dans son jus, un phénomène intéressant : Monsieur Jean-François Copé.
Il appartient par passion et par formation à cette espèce particulière d'animaux politiques qu'aucun revers, aucune avanie, aucun signe patent de son impopularité ne suffit à convaincre qu'il n'est pas le roi de la savane.
Jean François Copé a du talent, pourtant, cela n'est guère discutable. Son esprit d'à propos, sa connaissance des dossiers, son expérience de très bon élu local, sa capacité de travail, sa mémoire, sa culture et son allant constituent un ensemble de qualités qui, en effet, pourraient le conduire aux fonctions les plus éminentes et singulièrement à la première d'entre elles.
Jusqu'à son absence remarquable de modestie qui est une sorte de qualité lorsqu'on nourrit de telles ambitions.
Mais là s'arrêtent ses chances.
Déjà desservi par son profil d'ami des riches, il s'est trouvé empêtré dans une querelle de chiffonniers avec François Fillon lorsqu'il s'est agi d'arracher la présidence de la défunte UMP.
On a pu mesurer à cette occasion à quel point la déconnexion d'avec les préoccupations premières des Français pouvait conduire ces petits marquis sortis des grandes écoles qui considèrent avec mépris - ou au mieux une condescendance apitoyée - le petit peuple infinitésimal qui grouille à leurs pieds.
Ah ! certes, Copé n'est pas le seul à être certain de son incommensurable supériorité. Mais pour son malheur, cela se voit un peu trop chez lui.
La "traversée du désert" que lui a imposée son sanglant duel avec l'ancien premier ministre, le soupçon appuyé d'avoir quelque peu trafiqué l'élection qui l'a porté à la tête de son parti, l'imbroglio, plus tard, de la tortueuse affaire Bygmalion dans laquelle, avec ou sans raison, il a laissé le peu de sympathie qu'il inspirait encore l'ont littéralement mis à terre.
Bien des hommes ainsi sonnés et rejetés par les leurs auraient jeté l'éponge. Pas lui; et c'est là que d'homme politique ordinaire, il bascule dans la catégorie des monstres de foire.
Il s'active durant un an pour obtenir les parrainages indispensables à sa candidature au primaires et, à force de volonté et d'insistance, il les obtient au grand dam, d'ailleurs, de ses concurrents qui le voyaient déjà mort et momifié.
Ragaillardi par ce succès, le voici de retour dans toute une série d'émissions télévisées où il expose ses plaies saignantes pour arracher enfin cette sympathie après laquelle il court.
Mais le plus fort reste à venir: flanqué de calamiteux sondages qui le donnent entre 1 et 2 pour cent, Jean-François Copé vient de se livrer dans une interview intimiste où il explique tout uniment qu'il a toujours voulu, depuis sa tendre enfance, être un jour président de la République et que, selon la méthode du docteur Coué devenue celle de Copé, il est convaincu que son rêve deviendra réalité. Et comme la journaliste lui fait observer que cette ambition, peut-être, semble pour lui hors de portée, il a cette réponse sidérante : oui, mais je me prépare.
Et là, brusquement, ce personnage si maître de lui laisse apercevoir une faille qui n'est pas sans donner un peu le vertige.
1. Marcelblog le 14-11-2016 à 15:12:10 (site)
Merci
2. Florentin le 14-11-2016 à 15:57:58 (site)
Je suis très agacé de lui trouver un air de faux cul. Jugement parfaitement irraisonné, j'en conviens. Ce serait Matamore que cela m'étonnerait moins. Il se prend pour le redresseur de torts. N'a-t-il pas dit que la France n'était pas gouvernée et qu'il se faisait fort d'y réussir. A coups de décrets (vingt au plus, mais bien sonnés)....
On éclate de rire (ou de rage) devant tous ces journalistes et spécialistes plus ou moins autoproclamés qui se sont tous lourdement trompés, une fois de plus, et qui depuis deux jours envahissent les écrans pour nous expliquer avec componction pourquoi ils ont eu raison d'avoir tort.
Il est tout à fait comique de voir Sarkozy ou Macron, fascinés par ce qui vient de se passer aux USA, tenter de se faire passer pour les représentants du peuple oublié et pour les ennemis du "système".
L'ancien maire de Neuilly, ancien ministre de l'Intérieur, ancien président de l'UMP puis des Républicains, ancien président de la République ennemi du système !
L'énarque, ancien conseiller à l'Elysée, ancien cadre de la banque Rothschild, ancien ministre de l'Economie et des Finances représentant du petit peuple des oubliés et des laissés-pour-compte !
Io crepo se non rido
1. fugace le 12-11-2016 à 14:21:41
Bonjour,
En effet comment aussi tenir devant une quelconque émission à caractère politique ou chacun coupe la parole de l'autre pour imposer ses vues, son idéologie. Dès que certaines personnalités journalistiques ou politiques apparaissent dans la "fenêtre" je fuis ailleurs,
D'ici le mois de mai 2017, il va être intéressant d'observer les premières actions majeures de Trump avec l'aval des Sénat, Chambre du Congrès, Chambre des représentants.
S'agissant d'un personnage de la société civile, je le verrais bien bousculer l'ordre des choses, pour le meilleur et ou le moins bien pour ne pas dire le pire.
Il à déjà nommé trois de ses enfants dans son équipe de transition ! Pas surprenant pour moi, il à besoin d'yeux et d'oreilles proches.
L'écrasante victoire de Donald Trump est un soufflet dans le visage de tous ceux qui n'avaient jusqu'à hier soir pas de mots assez durs pour stigmatiser les électeurs décérébrés qui osaient avouer qu'ils allaient voter pour Trump.
En tout premier lieu cette victoire "inattendue" est une catastrophe pour Barack Obama.
Jamais depuis le début de l'histoire américaine un président en exercice n'avait à ce point pris parti contre un candidat. Obama, en effet, ne s'est pas contenté de soutenir - ce qui était son droit - Mme Clinton; il a renversé tous les usages en insultant son concurrent et en essayant d'apeurer les électeurs américains.
Par crainte de voir son oeuvre ténue et fragile mise à bas par l'accession de Trump à la Maison Blanche, il s'est engagé contre lui au delà de ce que la décence et l'usage démocratique pouvaient tolérer.
La cinglante défaite de son ancienne Secrétaire d'Etat - contre laquelle lui même, quelques années plus tôt soit dit en passant, avait eu des mots très durs - est sa défaite.
Car il est à présent possible que Donald Trump, disposant de la totalité des pouvoirs présidentiels grâce à la majorité républicaine au Sénat et à la Chambre des Représentants, revienne sur ce qu'Obama a fini par obtenir avec les plus grandes difficultés face à un Parlement hostile.
Encore n'est-ce pas certain. Car ce personnage atypique et largement imprévisible pourrait bien surprendre là encore. Il se peut tout à fait - et c'est même une intuition que j'ai - qu'il endosse à ce point les habits du président rassembleur qu'il veuille faire entrer ses idées dans les faits sans démolir l'oeuvre de son prédécesseur.
Assurément il gagnerait par là le coeur de millions d'américains et, de grand diviseur qu'on craint qu'il ne soit, il pourrait bien devenir un président consensuel et très populaire.
En même temps que la déroute d'Hilary Clinton, c'est tout le lobby politico-médiatique qui sombre.
Depuis des mois l'immense majorité des médias, des sondeurs et des vedettes du showbiz nous annoncent que Trump ne peut être choisi comme candidat par les Républicains. Une fois la chose acquise, ils annoncent sa défaite après chacun de ses "dérapages" et chacune de ses incartades.
En France la quasi totalité du monde politique - de droite comme de gauche - ainsi que les médias unanimes, se déclarent horrifiés à l'idée d'une victoire de Trump.
Dès ce matin certains - à commencer par M. Cambadélis - nous mettent en garde contre un phénomène Le Pen sur le modèle de celui de Trump. Gageons que cette petite musique va gagner en intensité durant les six mois qui nous séparent de notre élection présidentielle.
Mais s'il est vrai que les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets, soyons sûrs que tous ces prophètes risquent bien, une fois encore, de se fourvoyer tant il est vrai qu'ils sont aveuglés par leurs préjugés et par le confort de la pensée unique qui leur tient lieu de réflexion.
La déroute d'Obama ne suffira sans doute pas à les rendre moins présomptueux et plus lucides.
1. johnmarcel le 11-11-2016 à 17:24:23 (site)
Peut-être Trump sera-t-il entouré de bons conseillers et tout se passera sans trop de mal ?
2. johnmarcel le 15-11-2016 à 14:43:25 (site)
J'apprend, il y a quelques jours, tout comme vous je pense, que Trump s'entoure de membres de sa famille pour la transition... j'espère qu'il ne va pas les garder dans son future gouvernement ? Sinon on peut oublier les bons conseillers...
Regardez attentivement ce vase d'église et cette sculpture de bois (photo malheureusement un peu floue).
La même scène y est reproduite : des musulmans enturbannés sont en train de décapiter au sabre un religieux catholique tandique trois autres attendent leur tour et qu'un martyre gît déjà au sol, sa tête étant brandie par un autre soldat turc.
Ces deux objets portugais datent des XVIe et XVIIe siècles. La violence de ce qu'ils représentent nous montre que les atrocités qui ensanglantent notre époque ne sont que la triste continuation de celle des siècles qui nous ont précédés.
Cela ne rassure pas, mais cela éclaire.
1. Florentin le 05-11-2016 à 20:24:32 (site)
On pourrait voir des scénes aussi sanglantes sur des lieux de culte musulmans, mais qui concerneraient alors la cruauté des Croisés. Les religions, par essence, générent conflits et guerres.Ce fut, c'est et ce sera. C'est comme ça. Hélas !
2. Frank-Marie-THOMAS le 06-11-2016 à 12:05:34 (site)
La religion est porteuse de fanatisme qui lui-même engendre la violence, c'est vrai.
Mon propos n'est pas de stigmatiser les musulmans, mais de montrer que le passage des siècles ne change rien au fond.
1. Florentin le 02-11-2016 à 20:40:04 (site)
J'ai vu les mêmes façades en Autriche et en Allemagne. Comme si l'art n'avait pas de frontières ... Florentin
François Hollande qui durant les quatre années et demi déjà écoulées de son quinquennat a reçu un grand nombre de journalistes pour expliquer son action et sculpter sa statue pour les générations futures, allume un incendie par imprudence et légèreté.
Vient de paraître un livre d'entretiens entre lui et deux journalistes du Monde, Fabrice Lhomme et Gérard Davet. Au détour d'une question qui lui est posée il déclare à propos de la Justice :
"Cette institution, qui est une institution de lâcheté... Parce que c'est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux... On n'aime pas le politique. La justice n'aime pas le politique..."
Passé le moment d'étonnement devant la violence crue de ces propos, on s'interroge sur l'exaspération qui a pu conduire un homme aussi calculateur et prudent que le président de la République à se laisser ainsi aller.
Comme son prédecesseur qu'il avait pourtant durement critiqué en son temps pour avoir comparé les magistrats à des "petits pois ", Hollande y va à son tour de son attaque, cette fois beaucoup plus cruelle, à l'encontre du pouvoir judiciaire dont il a pourtant mission de protéger l'indépendance.
On se doute que les intéressés n'ont guère apprécié ses propos dont ils sont immédiatement allés demander raison à l'Elysée en la personne du président et du procureur général près la Cour de Cassation, les deux plus hauts magistrats français.
Sans me prononcer sur le fond de la question et sur les raisons de l'accusation de lâcheté lancée contre la magistrature à laquelle - l'honnêteté oblige à le dire - il avait rendu une indépendance bienvenue après les empiètements de Sarkozy, je constate que cette hostilité du pouvoir exécutif à l'endroit du pouvoir judiciaire est une très vielle affaire.
Elle remonte à la monarchie. Durant des siècles le roi et l'Etat se sont heurtés aux velléités d'empiètement des juges et leurs relations ont été le plus souvent détestables.
En cela - mais en cela seulement - Hollande est l'héritier de Louis XIV.
1. decapedepee le 31-10-2016 à 19:55:11
l'homme calculateur et prudent n'aurait-il pas "calculé" que, compte tenu de la défiance de 56% des français à l'égard du système judiciaire, il valait mieux se poser en gardien de la Justice et de celle que les français attendent?
Dommage, pas de bol !
2. Galinette le 04-11-2016 à 02:51:00 (site)
Je ne pense pas que Francois Hollande ait "allumé un incendie par imprudence et légèreté ". Rien qui ne soit mûrement réfléchi et distillé pour infuser dans les têtes les moins averties. Si on lit attentivement ces entretiens, on s'aperçoit, au delà de l'insoutenable sentiment de barboter dans un marigot puant l'arrogance et la fatuité , que Davet et L'homme servent des plats conconctés par Ubu pour ferrer un électorat en déshérence. En pénétrant soi-disant dans l'intimité de Hollande, ils expliquent et justifient pour le péquin toutes les actions du president. De Leonarda aux prises de position controversées en passant par les couacs ou les tartarinades, tout est passé en revue pour ventiler et montrer que c'est l'absence de pédagogie , la fausse maladresse volontaire qui explique l'incompréhension du bon peuple. Et perversion suprême : tous les ressentiments de la population et ses inquiétudes sont partagés par le president , des "migrants qui posent problèmes", des "juges qui sont des lâches", des footballeurs qui n'ont pas de cerveau etc etc
Tout y passe. Rien n'échappe à la sagacité du Guide Suprême.
Dans le journal ""Marianne" On trouve un excellent papier qui décrypte bien cette pêche à l'électeur , et le piège qui est presenté à l'opposition de droite comme de gauche. C'est qu'il ratisse large pépère!!
J-P Brighelli dans "Causeur" partage aussi cette analyse qui etait la mienne à la lecture de l'ouvrage. Ça a marché sur les politiciens et les journalistes qui crient au suicide, à l'acte manqué, à la folie.... Cela marchera-t-il sur les électeurs ciblés? Je crains que oui hélas.
Vu la médiocrité de quasi tous les opposants, le dégoût , la paresse et/ou la versatilité de beaucoup d'entre nous.
3. Frank-Marie-THOMAS le 04-11-2016 à 08:21:35 (site)
@ Galinette
Ce que vous dites est d'un grand intérêt.
C'est une clé pour comprendre ce livre qui, sans cette explication, peut en effet passer pour un suicide d'autant plus incompréhensible qu'il n'est pas du tout en accord avec le personnage.
Cependant cette habileté retorse aura-t-elle un impact sur son électorat ? C'est ce dont je doute fortement.
Une nouvelle polémique, dont notre pays est friand, agite les esprits de nos responsables politiques; elle touche au rôle à assigner à l'histoire de France dans les études de nos bambins.
Notons pour commencer qu'il n'est pas indifférend d'appeler cette matière scolaire "Histoire de France" ou "Histoire de la France".
Dans le premier cas il y a une sorte d'incarnation du pays en une entité humaine unique, vivante et dotée d'une âme, dans l'autre une réduction de celui-ci à un pays comme les autres.
" Histoire de France" suppose un a priori laudatif et hagiographique; "Histoire de la France" est une formule neutre et descriptive.
On a vu ces derniers temps, dans le cadre des débordements de démagogie malheureusement inévitables en période électorale, encore aggravés par les meurtrières compétitions internes des primaires, un déferlement de prises de position péremptoires - surtout à droite, mais ausssi à gauche - sur la nécessité de revenir à une présentation enchantée de l'histoire de notre pays.
Il s'agirait d'en finir avec la repentance, la critique des erreurs et des crimes du passé pour focaliser l'attention sur ce qu'il y a de beau, de pur, de grand et d'universel dans les mille ans de notre histoire.
Focus sur Jeanne d'Arc, Saint-Louis, Louis XIV, Napoléon, de Gaulle. Bémol sur les guerres de religion, l'esclavage, les crimes de la Révolution et le régime de Vichy.
Cette querelle est absurde et tristement primaire.
La France, comme tous les pays du monde, a connu dans son passé lointain et récent des épisodes glorieux, des combats légitimes; elle a entraîné le monde à sa suite dans des idées dont elle a à s'enorgueillir.
Mais il faut être d'une singulière mauvaise foi pour ne pas admettre qu'elle s'est à de multiples reprises laissée aller à des fautes ou des crimes qui, pour blesser notre amour pour elle, n'en sont pas moins bien réels, et que ces héros de l'histoire sont des hommes et des femmes comme les autres, avec leurs grandeurs et leurs misères.
Souhaite-t--on apprendre à notre jeunesse l'Histoire ou un catéchisme nationaliste ?
L'Education Nationale doit avoir suffisamment confiance en la force de ses valeurs pour dire toute la vérité. Notre pays a certes commis des fautes dans son passé, et il convient de les étudier comme le reste, sans essayer ni de les grossir - comme c'est parfois le cas - ni de les minimiser.
Il faut décidément avoir bien peu de confiance en l'amour qu'il peut susciter pour craindre que ses fautes détournent de lui nos jeunes concitoyens.
Laissons le récit embelli et mythique aux vendeurs de rêve, et étudions notre histoire avec confiance.
N'oublions pas non plus, comme c'est hélas trop souvent le cas, que cette histoire nationale est une petite partie de la grande histoire du monde dont la France, plus que bien d'autres pays, est absolument indissociable.
Est-il nécessaire que nos parents soient des saints et qu'ils soient seuls au monde pour que nous les respections et les aimions ?
1. colea le 23-10-2016 à 18:33:40 (site)
Tout à fait d'accord avec vous! (c'est rare, mais ça arrive!!!)
léa
2. decapedepee le 31-10-2016 à 20:12:44
Il est effectivement indispensable que les enfants sachent tout de notre Histoire.
Mais cela présuppose que les enseignants fassent comprendre aux élèves ce qu'est le discernement et le sens de la nuance - sans quoi tout sera encore dénaturé et chacun fera de l'Histoire de France sa petite histoire.
Hélas, je ne crois pas qu'aujourd'hui les enseignants s'investissent autant dans leur mission pour aller jusque là...
Eglise des Saintes Maries de la Mer
La légende de l'arrivée des Saintes Maries en Camargue n'est pas sans rappeler la tragédie des réfugiés syriens et lybiens.
La première exigence qu'on doit avoir à l'égard d'un ministre ne serait-elle pas de parler français ? Cette exigence n'est-elle pas encore plus pressante lorsqu'il s'agit de la ministre de l'Education Nationale ?
Apparemment Mme Najat Vallaud-Belkacem ne s'y sent pas obligée. Ce matin, interrogée sur France-Inter elle a commis cette invraisemblable phrase :
« Certains parents ne comprennent juste rien à comment aider leurs enfants. »
Aïe !
Rappelons ces quelques passages de la prose de la ministre déjà cités dans un des articles en lien, ils nous permettent de mesurer l'écart entre théorie et pratique :
" La citoyenneté à l’école, c’est contribuer au sentiment d’appartenance à la communauté nationale, qui passe d’abord par notre langue commune, le Français... Nous devons faire plus encore pour améliorer l’acquisition du langage. "
Ouille !
1. Florentin le 03-10-2016 à 18:11:44 (site)
Comme disait monsieur le curé : faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais ...
Q'un mot glisse du registre matériel et physique au registre intellectuel et moral est un phénomène assez banal. Qu'il ne conserve que cette acception l'est moins.
A l'origine de l'adjectif nauséabond il y a le mot grec naus qui signifie navire. La nausia c'est le mal de mer, l'envie de vomir.
Par extension est nauséeux celui qui éprouve ce malaise au sens premier, bien sûr, mais aussi au sens moral.
Devant un spectacle dégoûtant, devant une attitude répugnante sur le plan moral, le sujet ressent cette répulsion dans son âme et dans son corps.
Une application particulière du phénomène dans le domaine olfactif, la nausée née d'une odeur repoussante, a donné naissance au mot nauséabond.
On a pris l'habitude de qualifier de nauséabond les objets repoussants par leur odeur.
Par extension - et notamment depuis quelques années - l'adjectif est de plus en plus souvent appliqué aux idées d'un adversaire qu'on stigmatise par ce mot censé frapper d'indignité ce à quoi on l'accole.
C'est un mot commode, une facilié globalisante qui évite à celui qui l'emploie d'aller plus avant dans la réfutation des idées de son adversaire, en les signalant comme profondément souillées, ignobles et dangereuses pour la santé morale. C'est la cliquette des lépreux ou la rouelle, sinistre ancêtre de l'étoile jaune des juifs.
Juif de Worms portant la rouelle, l'ail et l'or.
L'idée de ce billet m'est venue en entendant ce matin Madame Emannuelle Cosse, ministre du logement, qualifier de "nauséabondes" les propositions de ses adversaires en matière de logement.
Abus manifeste et caricatural. Guerre des mots profondément anti-républicaine.
Les harkis sont les musulmans qui, durant la guerre d'Algérie s'engagèrent comme supplétifs de l'armée française. Ils sont les victimes de l'Histoire.
A notre époque où plus personne - pas même ( un comble !) le Front National - n'ose plus remettre en cause l'action du général de Gaulle, la journée du 25 septembre permet de remettre un peu les choses à leur place.
En dépit des accords d'Evian qui organisaient le passage à l'indépendance de l'Algérie, les harkis furent purement et simplement abandonnés. La plupart de ceux qui n'eurent pas la possibilité de faire partie des 42000 qui gagnèrent la France métropolitaine en 1962, furent massacrés dans d'épouvantables conditions par le FLN qui les considérait comme des traîtres.
De Gaulle se comporta alors de façon tout à fait indigne.
Alain Peyrefitte raconte dans C'était de Gaulle, un entretien qu'il eut avec le général en mars 1959 et qui éclaire d'un jour intéressant sa position sur l'immigration des musulmans d'Algérie :
« Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcher de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! »
Trois ans plus tard, durant le conseil des ministres du 21 juillet 1962 alors que venait d'être proclamée l'indépendance de l'Algérie survenue dans les catastrophiques circonstances qu'on connaît, de Gaulle enfonce le clou :
« On ne peut pas accepter de replier tous les musulmans qui viendraient à déclarer qu’ils ne s’entendront pas avec leur gouvernement ! Le terme de rapatriés ne s’applique évidemment pas aux musulmans : ils ne retournent pas dans la terre de leurs pères. Dans leur cas, il ne saurait s’agir que de réfugiés ! Mais on ne peut les recevoir en France comme tels que s’ils couraient un danger ! ».
Aveuglement ou cynisme ? Les harkis couraient effectivement un danger; on ne les acceuillit pas pour autant. On abandonna la plupart d'entre eux aux mains de leurs impitoyables ennemis et on parqua ceux qui avaient pu s'enfuir dans des camps où ils durent mener une vie indigne.
Ce fut un crime d'Etat. De Gaulle en est coupable.
Depuis, les gouvernements successifs se sont efforcés de réparer, autant qu'il était possible, cette faute originelle.
La loi du 9 décembre 1974, prise sous la présidence Giscard d'Estaing, reconnaît aux harkis le satut d'anciens combattants.
Le 31 mars 2003 un décret de Jacques Chirac institue une journée nationale d'hommage aux harkis le 25 septembre de chaque année.
Le 14 avril 2012 Nicolas Sarkozy reconnaît officiellement la responsabilité du gouvernement français dans "l'abandon" des harkis:
« La France se devait de protéger les harkis et leurs familles, elle ne l'a pas fait. Elle porte désormais cette responsabilité. »
François Hollande, en ce 25 septembre, doit prononcer un discours pour marquer cette reconnaissance de la nation.
C'est nécessaire. C'est la première fois, depuis le début de son mandat, qu'il se rend aux Invalides pour cette cérémonie.
Sans doute, si de Gaulle n'avait pas abandonné ces soldats à leur tragique sort, et si les quelques milliers qui avaient réussi à s'échapper en venant en France n'avaient pas été indignement parqués dans des camps comme des criminels, la Fance aurait-elle moins à souffrir de la haine que cet abandon a fait naître chez nombre de descendants des malheureux harkis.
Ajouté le 26 septembre:
Le président de la République a repris presque mot pour mot ce qu'avait dit son prédécesseur il y a quatre ans :
« Je reconnais les responsabilités des gouvernements français dans (...) les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d'accueil inhumaines de ceux transférés en France ».
1. Paulo le 26-09-2016 à 11:41:12
Bonjour,
J'étais en Algérie,avant l'indépandance,mais après j'ai surtout vue les pieds noirs fuirent.J'ai vue aussi è Oran des bidons villes,dans des marécages.J'ai des collègues qui ont remplacé des instituteurs alors qu'ils étaient ajusteurs dans l'industrie.Tout ceci après 300 ans de colonisations.Ceux qui qui prenaient l'avion,pour la France,n'étaient pas les victimes des gaulistes mais bien des socialistes qui ont déclaré la guerre,et éxécutés à mort les indépendantistes algériens.
2. Frank-Marie-THOMAS le 26-09-2016 à 15:53:22 (site)
@Paulo
Les pieds-noirs ont fui, c'est un fait.
Les harkis auraient bien aimé fuir, c'en est un autre.
Que les socialistes, à commencer par le ministre de l'Intérieur de l'époque, François Mitterrand, aient une lourde responsabilité dans ce qui s'est passé en Algérie ne fait pas de doute.
Mais le lâchage des pieds noirs et des harkis par de Gaulle n'en fait pas non plus.
Les fautes des uns n'excusent en rien le crime de l'autre.
3. Florentin le 27-09-2016 à 11:41:06 (site)
Trnsmission de pensée, j'ai aussi écrit un mot à ce sujet sur mon blog ce matin, y soulignant, comme vous, mais de manière moins détaillée, la responsabilité du Génaral de Gaulle. Je suis d'autant plus préoccupé par ce sujet que j'ai participé là-bas au conflit, avec un quart de poil de responsabilités : j'y étais sous-lieutenant..
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