Les Champs Elysées étaient le paradis des anciens grecs. Il fut avant-hier soir l'enfer pour notre police.
Plutôt que de dénoncer les prétendues récupérations politiciennes de tel ou tel candidat - en omettant au passage de stigmatiser la scandaleuse froideur de Mme Arthaud ou de Monsieur Poutou (lequel, excusez du peu, ne propose rien de moins que de désarmer la police !)-, le premier ministre, Bernard Cazeneuve, aurait mieux fait de se taire, peut-être même de réfléchir à la responsabilité de la justice dans le drame qui venait de se jouer à deux pas de l'Elysée et de la place Beauvau.
L'assassin abattu par les collègues du policier tué, Karim Cheurfi, est un dangereux individu.
Il a séjourné 14 années en prison pour des violences qui, toutes, ont en commun une haine déclarée à l'égard des forces de l'ordre, quelles qu'elles soient.
Son parcours est édifiant :
- 2001 tentative d'assassinat de deux policiers.
- Jeté en prison, il violente six ans plus tard un surveillant
- l'année suivante il s'en prend à un codétenu.
- En juillet 2012 il est placé sous le régime de semi-liberté.
- Il est libéré sous condition l'année suivante, mais est à nouveau condamné.
- Il sort de prison en octobre 2015 et se rend en Algérie au mépris des obligations de déclaration prévues par sa libération conditionnelle.
- Un juge d'application des peines de Meaux est chargé de le suivre; en dépit de son grave manquement, il ne révoquera pas son sursis avec mise à l'épreuve, considérant apparemment que cet homme ne représente pas un danger pour la société.
- décembre 2017 il est dénonce à deux reprises pour avoir déclaré à des connaissances qu'il cherchait une arme pour tuer des policiers
- fin février 2017 il est arrêté, soupçonné d'avoir cherché à tuer deux policiers. Il est libéré le lendemain par le juge d'application des peines au prétexte qu'il n'a pas précisé le nom de sa future victime ni le lieu de l'assassinat ! Pourquoi pas, pendant qu'on y est, l'arme du futur crime et l'heure exacte ?
La question se pose tout de même de savoir comment un individu traînant un tel dossier et doté d'un tel palmarès de délinquance grave et violente, peut être relâché alors qu'il n'a pas respecté les obligations de sa remise en liberté sous condition et qu'il a menacé à plusieurs reprises de recommencer.
Comment il se fait aussi qu'on le relâche si vite malgré un soupçon gravissime et plus que plausible, vu ses états de service.( voir articles en lien)
On peut comprendre la colère des policiers que ne suffiront sûrement pas à calmer ni les cérémonies d'hommage ni les incriminations pitoyables du premier ministre.
Car il est tout à fait clair que si la justice avait appliqué la loi, rien que la loi mais toute la loi, Cheurfi n'aurait pas tué et blessé, jeudi soir, sur les Champs Elysées. Le malheureux Xavier Jugelé est mort par négligence.
Depuis plus d'un demi-siècle les petits écrans voient se succéder speakers, présentateurs et journalistes, sortes de vedettes familières reçues chaque jour dans les foyers français, dont les visages et les voix sont associés aux évènements de nos vies.
Léon ZITRONE, Roger GICQUEL, Yves MOUROUSI, Marie-Laure AUGRY, Philippe GILDAS, Daniel BILALIAN, Jean-Pierre ELKABBACH, Bernard RAPP, Henri SANNIER, Hervé CLAUDE, Paul AMAR, Jean-Claude NARCY, Claude SERILLON, Bruno MASURE, Patrick POIVRE D'ARVOR, Claire CHAZAL, Françoise LABORDE, Samuel ETIENNE, Audrey PULVAR, Thomas SOTTO, Louis LAFORGE, Carole GAESSLER, Catherine MATAUSCH, Memona HINTERMAN-AFFEGEE, Laurent BIGNOLAS, Jean-Claude BOURRET, Christine OCKRENT, Gérard HOLZ, Thomas HUGHES, Harry ROSELMACK, Julien ARNAUD, Béatrice SCHÖNBERG, Laurence FERRARI, Jean-Pierre PERNAUT, Laurent DELAHOUSSE, Marie DRUCKER, Lise LUCET, Anne-Claire COUDRAY, Jacques LEGROS...
Même presqu'oubliés pour certains, leurs noms réveillent encore des évènements, des tranches de vie collective et privée.
Peu à peu du simple présentateur impartial lisant le texte du journal, on est passé au journaliste dont la personnalité s'impose puis, dernier avatar et sans doute le moins positif, au "présentateur vedette" qui transforme le journal télévisé en un show souvent futile et irritant.
J'ai dressé une liste des journalistes de TF1, de France2 et de FR3.
Depuis l'apparition des chaînes d'information en continu, il faudrait y ajouter les Ruth ELKRIEFF, Yves CALVI, Jean-Michel APATHIE, Jean-Jacques BOURDIN et tant d'autres qui surgissent chaque jour chez nous.
Je voudrais m'arrêter sur ce dernier dont le style et les coups d'éclat me semblent particulièrement emblématiques de l'époque que nous vivons.
Jean-Jacques BOURDIN anime la radio RMC tous les matins ainsi que la chaîne de télévision de la TNT BFMTV. Il est pugnace et campe le rôle du journaliste exigeant, ne faisant aucun cadeau à ceux qu'il interroge, près des auditeurs et des "gens".
On lui doit quelques moments forts de radio et de télévision, comme celui, entre autres, où il réduisit Myriam EL KOMRI a bafouiller et à admettre son ignorance sur un sujet touchant à son ministère. Régulièrement il s'amuse au jeu de la question qui tue; hier encore, il essayait de faire réciter à Emmanuel MACRON sa table de multiplication.
Cette conception d'un journalisme faisant montre d'agressivité et d'intransigeance, entre l'information et le divertissement, lui vaut une audience flatteuse. Mais elle révèle aussi une dérive plus qu'inquiétante.
Monsieur BOURDIN joue les vedettes : son émission matinale du BFM s'appelle en toute modestie " BOURDIN DIRECT", avec ce subtil jeu de mots sur "direct" dans son sens à la fois télévisuel, moral et pugilistique.
Son nom s'étale en grosses lettres dans le dos de l'invité, réduisant celui-ci à jouer les seconds rôles sur le théâtre Monsieur BOURDIN, la puissance invitante.
Et lui de brutaliser son interlocuteur, de faire la grosse voix, de fixer son vis à vis d'un regard sévère pour bien faire sentir qu'il a le souci de l'information et du public "qui a le droit de savoir".
Le comble du culot est atteint dans une série d'interviews qui dure depuis quelques jours où il a entrepris d'interroger les onze candidats à l'élection présidentielle. En soi, rien d'anormal dans ce projet. Mais l'intituler "entretien d'embauche", témoigne d'une insupportable vision des choses.
Ainsi Monsieur BOURDIN, au nom du peuple dont il se fait le porte-parole et qui dimanche prochain et dans deux semaines va "embaucher" un(e) président(e), ose jouer le rôle d'un directeur des ressources humaines ou d'un patron en s'autoproclamant son porte-parole.
Il y a à une dérive de l'information, du journalisme et de la démocratie tout à fait insupportable
Et ces femmes, ces hommes qui postulent à la magistrature suprême acceptent, à l'exception d'un seul, cette humiliation !
François FILLON a eu plus que raison de refuser de passer sous les fourches caudines de Monsieur BOURDIN et de se prêter à ses bourdineries.
Le 20 avril :
JJ. Bourdin dans son "entretien d'embauche" de ce matin recevait Jean-Luc Mélenchon. Ses questions insidieuses et orientées sur le Vénézuela ont fait sortir le candidat de ses gonds et lui ont inspiré de vigoureuses réponses qui ont eu le mérite de rabaisser quelque peu le caquet du monsieur. Réjouissant.
1. Decapedepee le 20-04-2017 à 09:56:58
Vous avez bien dit:
"Au nom du peuple.."
"Magistrature suprême. . "
Dans les faits, ces gens là "rendent la justice"; ils se sentent investis d un pouvoir de Justice, d une mission de Justice.
Il s agit bel et bien du "tribunal médiatique" - réelle dérive.
2. Nicolaï Vavilov le 21-04-2017 à 16:53:10
cher Maître,
auriez-vous trouvé le votre?
convergence? inspiration ?
ici Bernard R vexillologue, érudit loco-régional, censeur, le qualifie "d'infâme"
https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/dernieres-reflexions-avant-le-vote-avec-alain-finkielkraut
https://www.franceculture.fr/emissions /linvite-des-matins-2eme-partie/dernieres-reflexions-avant-le-vote-avec-alain-finkielkraut
Bourdin avait reçu Finkie lors de sa prise d'habit... habituellement le saltimbanque coupe la parole sans arrêt, Finkielkraut est à ma connaissance le seul à avoir pu s'exprimer sans interruption ni invective...
il faut écouter également Miller "Premier" le 21 avril "les matins de France Cul" stupéfiant...
Bourdin n'a semble-t-il pas fait allusion à la prestation de Finkielkraut ...
3. Frank-Marie-THOMAS le 22-04-2017 à 07:36:48 (site)
@ Nicolaï Vavilov
J'essaie en vain d'ouvrir les liens que vous nous suggérez. Il doit manquer quelque chose dans l'adresse. Pourriez-vous vérifier ?
J'en profite pour vous dire que, comme d'habitude, je ne me suis inspiré de la pensée de personne avant de rédiger ce billet, comme tous les autres. Je vais aux sources des faits, non des opinions.
Merci pour votre fidélité.
4. Nicolaï Vavilov le 22-04-2017 à 23:15:06
probable synchronicté jungienne !!!
"invité des matins de France culture" 7h40 première partie 2 ème partie 8h20 le 18 avril
https://www.franceculture.fr/programmes/2017-04-18
Finkie tance Bourdin
5. Frank-Marie-THOMAS le 23-04-2017 à 08:01:48 (site)
Nicolaï Vavilov
Je viens d'écouter l'émission de France Culture en question.
En effet, il semble que je sois sur la même longueur d'onde, comme on dit, qu'Alain Finkelkraut, au détail près.
Il stigmatise à juste titre la "vulgarité" de Bourdin et son incroyable irrespect; jusqu'à l'épisode de Mourousi s'asseyant, il y a trente ans sur le bureau de Mitterrand, indice de la prise de pouvoir par les médias, que j'avais envisagé d'évoquer dans mon billet...
Cette convergence n'est pas, je crois, le fruit du hasard : c'est que la formation intellectuelle, les passions de lecture, le regard sur le monde, lorsqu'ils sont en harmonie, conduisent à des visions qui ne peuvent que correspondre entre elles
Vous me donnez l'idée d'ajouter France Culture aux liens de ce blog. Merci.
Je n'apprécie guère que l'on utilise la notoriété d'un lieu pour y placer des oeuvres dont l'esprit et l'esthétique jurent avec lui.
C'est la mode depuis au moins trois décénnies.
Pour autant il ne s'agit pas de figer un lieu dans son authenticité historique et de le réduire ainsi à n'être plus qu'un témoin archéologique du passé.
On peut toujours discuter de l'érection de la pyramide de verre dans la cour du Louvre, de l'installation des colonnes de Buren dans le jardin du Palais Royal ou même de la construction du centre Pompidou dans le quartier des Halles.
Mais tous ces ouvrages sont dans la tradition séculaire de notre Europe, qui n'a jamais figé son histoire et qui sans cesse a démoli pour reconstruire.
C'est une tout autre affaire lorsque, au mépris du style et de l'esprit d'un lieu qui se suffit à lui même - comme Versailles, parc et château - on y colle une pustule qui l'enlaidit et le ridiculise.
Je donne aujourd'hui deux exemples : d'une part une insulte à ce palais et, à rebours, une création dans l'esprit de ses géniaux créateurs d'il y a quatre siècles et demi.
Le premier est ce grotesque bouquet de tuyaux d'arrosages censé, je l'imagine, actualiser les jets d'eau du parc et y introduire cette note prosaïque pleine de sens politique et social :
On peut y ajouter le trop célèbre "Vagin de le Reine" de Kapoor qu'on trouvera en lien ci-dessous, et autres horreurs.
Le second, au contraire, est une création contemporaine de Jean-Michel Othoniel évoquant les arabesques de la danse du Roi, à la fois luxueuse et gracieuse qui non seulement n'est pas un ajout superflu, mais constitue une continuation à la fois respectueuse et créatrice de l'oeuvre des créateurs de Versailles :
1. Decapedepee le 18-04-2017 à 13:39:57
Est ce que sans ces trucs là ce n'était pas plus beau?
Je trouve que c'est rajouts polluent les sites classés, et que de ce fait, on ne peut plus être "transporté" dans le passé.
Je ne suis pas contre la créativité en matière de décors de ce genre, mais plutôt sur des sites sans mémoire, des sites contemporains.
1. pouty88 le 17-04-2017 à 06:59:40 (site)
bonjour bravo pour la photo du jour !
bonne journée
pouty
2. jakin le 17-04-2017 à 11:01:28 (site)
Compliments pour la photo du jour et pour toutes ces belles fleurs....
En mars Mohamed Saou, responsable du mouvement d'Emmanuel Macron "En Marche" dans le Val d'Oise, a écrit sur Facebook : "Je n'ai jamais été et je ne serai jamais Charlie". Il a cru bon, dans la foulée, de faire l'éloge de Recep Tayyip Erdogan le célèbre démocrate ottoman.
Il y a une semaine, devant la montée d'une polémique qui risquait de devenir dangereuse pour sa campagne, Macron expliquait que la "Commission d'éthique" de son mouvement se penchait sur la question.
Le 14 avril, invité de Beur FM, il a de nouveau évoqué le cas de Mohamed Saou. Il l'a fait en des termes qui laissent à désirer tant sur la forme que sur le fond.
Sur la forme d'abord, invraisemblable charabia lourd et flou à la fois :
"Il a des responsabilités. Et les messages qu'il a mis sur internet, ce sont des messages qui ont une part de gravité, qui ont touché des gens. Dire "Je ne suis pas Charlie", c'est un message qui blesse aussi des gens et donc oui, il fera l'objet de la procédure comme tout militant. Il est mis en réserve, il n'est pas destitué de ses fonctions, il est référent mais ne participe pas à la campagne. Et le comité d'éthique, qui est compétent sur le sujet, ce qui n'est pas moi, traitera son cas".
Et d'ajouter :
"il a fait un ou deux trucs un peu plus radicaux. C'est ça qui est compliqué. Mais à côté de ça, c'est un type bien. C'est un type très bien, Mohamed. Et c'est pour ça que je ne l'ai pas viré."
"Ce sont ...qui", "c'est un ...qui"," "ce qui n'est pas moi", "c'est ça qui ", "c'est pour ça que"... Quelle langue, bon dieu ! Quelle langue ! Désespérant.
Quant au fond de son propos, on ne peut qu'être inquiet devant sa mollesse à l'égard de prises de position provocatrices qui, à l'évidence, traduisent un repli communautariste et sectaire qu'un candidat à la présidence de notre République laïque, une et indivisible devrait condamner avec sévérité.
1. Decapedepee le 18-04-2017 à 13:29:41
Selon lui il n y a pas de culture française.
Donc il s exprimé dans son charabia et comprenne qui pourra!
Mais ça marche !
Hier à Marseille Jean-Luc Mélenchon, sous les yeux de la Bonne Mère, a brandi, puis mis à sa boutonnière, un brin d'olivier.
Il s'agissait selon lui de symboliser la politique de paix qu'il mènerait s'il était élu président.
Par le plus grand des hasards, c'était hier le dimanche des rameaux.
Ce n'était pas, ce ne pouvait pas être un calcul électoraliste en direction des chrétiens puisque quelques jours plus tôt, durant le grand débat il s'écriait : "fichez-nous la paix avec la religion !"
1. Decapedepee le 12-04-2017 à 00:32:49
Il a bien raison. Quand la religion entre dans la sphère publique, c est la pagaille.
Ç est peut être une appropriation symbolique du dimanche des rameaux ?
Image intéressante du candidat
On n'est plus qu'à deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle, et, comme de bien entendu, les esprits s'échauffent.
Répondant à la question d'un journaliste qui lui demandait quelle était sa position au sujet des lois mémorielles, et sur le discours de Jacques Chirac de juillet 1995 reconnaissant la responsabilité de l'Etat Français dans la rafle du Vel d'Hiv,, Marine Le Pen a répondu sans embages :
« Je pense que la France n'est pas responsable du Veld'Hiv. Je pense plus généralement d'ailleurs que s'il y a des responsables, c'est ceux qui étaient au pouvoir à l'époque, ce n'est pas LA France.»
Cette opinion est historiquement discutable.
On pourrait objecter à Madame Le Pen - tout comme à Monsieur Chirac - que le régime de Vichy était bel et bien légal entre 1940 et 1945 et que nombre de ses lois, d'ailleurs, sont encore en vigueur aujourd'hui. Que dans ces conditions c'est bien la France en tant que telle et pas seulement son gouvernement de l'époque, qui endosse la responsabilité du crime affreux perpétré contre les malheureux détenus du Vel d'Hiv.
Cependant, il faut raison garder.
Si, comme cela a été le cas il y a vingt deux ans après le discours de Chirac, on n'a pas tari d'éloge sur son initiative qualifiée à l'époque de courageuse et digne, on ne devrait pas, logiquement, s'indigner aujourd'hui des propos de Mme Le Pen.
Car au fond, elle dit la même chose que Chirac.
En effet, lorsqu'on réécoute les paroles du président Chirac, on constate qu'il parlait bel et bien de "l'Etat Français", c'est à dire des gouvernants, mais non de "la France".
La différence est plus dans l'oreille des auditeurs que dans la bouche de l'oratrice. Et de ce point de vue, ne soyons pas naïfs, le public n'a pas tout à fait tort.
Car il est clair que si, sur le plan des mots prononcés par la candidate, rien ne peut être juridiquement retenu contre elle, le seul fait que ce soit elle, la fille de Jean-Marie Le Pen, qui les dise donne à ses paroles une autre signification.
Elle est de toute évidence la première à en être consciente puisqu'elle ne le fait qu'à l'adresse des plus extrêmistes de ses électeurs et dans la perspective du second tour de l'élection, en contrebalançant la bourde d'Emmanuel Macron à propos de la colonisation "crime contre l'humanité".
Dérapage ? Non ! Calcul électoraliste, plutôt.
Cette campagne, déjà nauséeuse, n'avait pas besoin de cela.
1. Nicolaï Vavilov le 14-04-2017 à 23:06:35
a-t-on jugé tous les allemands, tous les russes, tous les chinois ?
Alain Finkelkraut est parfois irritant, il le sait et, apparemment, s'y complaît. Ses éclats, ses invectives et ses combats relèvent d'une théâtralité qui ôte souvent à ce qu'il dit la crédibilité qu'il revendique envers et contre tous.
Mais il est aussi, dans sa critique de notre société menacée de dislocation, un lanceur d'alerte, un veilleur vigilant et souvent salutaire.
A force de pratiquer la communication médiatique et d'exposer ses idées à contre-courant des modes intellectuelles, morales et politiques du temps, il parvient à d'heureuses formules, des sortes de maximes qui, pour être polémiques, n'en donnent pas moins à réfléchir.
Ainsi ce passage extrait de son ouvrage La Seule Exactitude paru chez Stock en 2015 et réédité chez Gallimard, collection Folio en 2016. Finkelkraut y pointe la vague de complotisme qui, depuis plus de quinze ans, submerge les réseaux sociaux et les médias qui s'y réfèrent. Il y voit un relativisme soupçonneux, alimenté par un recul effarant de la culture et de la réflexion. Pour lui, c'est un pressant danger :
« Les anciens charlatans régnaient par l'abus de confiance.
C'est l'abus de défiance qui, de nos jours, dévoie le jugement. »
Et il ajoute ceci, que le professeur que je suis a hélas pu constater de plus en plus souvent :
« Et les maîtres, équipés pour faire reculer l'ignorance,
sont de plus en plus démunis face à un pseudo-savoir
imbu de ses trouvailles et fier de ne pas s'en laisser compter. »
Selon moi, par delà les emportements spectaculaires du philosophe et du caractère un peu trop systématique de sa critique de la France contemporaine, le reproche, le seul, que j'adresserai à Alain Finkelkraut est de ne pas suffisamment savoir rire des grotesques de l'époque. Ils ne manquent certes pas.
1. Nicolaï Vavilov le 18-04-2017 à 21:25:17
écouter Finkie ce matin 1ère et 2 ème partie
https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/dernieres-reflexions-avant-le-vote-avec-alain-finkielkraut
... la langue l'école,
Guilly , la bourdieuserie Bourdin
diagnostic pronostic pas de traitement
2. Frank-Marie-THOMAS le 19-04-2017 à 07:40:42 (site)
Nicolaï Vavilov
Merci. Malheureusement j'ai raté cette émission. Je ne sais pas ce que Finkelkraut a dit de JJ. Bourdin, mais justement je m'apprêtais à en parler ce matin.
Faut-il que nous soyons en pleine décrépitude politique et morale pour considérer que Philippe Poutou a frappé un coup de maître en face de Marine Le Pen.
Certes on s'attendait à ce que les six candidats qui avaient été exclus du premier débat chercheraient à prendre une revanche à l'occasion de ce grand show télévisé.
Mais si Madame et Messieurs Arthaud, Dupont-Aignan, Asselineau, Cheminade et Lassale ont, chacun dans son genre et avec ses idées, su se montrer dignes et respectueux du public, il n'en va pas de même pour Monsieur Poutou.(*)
Celui-ci, surjouant son rôle d'ouvrier de base en ses habits du quotidien, récitant son bréviaire révolutionnaire avec un débit de mitraillette, invectivant les uns et les autres, était tout à fait déplacé.
Cependant, ne voilà-t-il pas que je découvre ce matin les commentaires admiratifs sur sa prestation d'hier soir, notamment au moment où il lance à Marine Le Pen : " il n'y a pas d'immunité ouvrière !" ?
Or c'est là une grosse ânerie.
Si Monsieur Poutou sortait un instant de son catéchisme pseudo-marxiste succinct, indigent et faux, il aurait peut-être l'occasion d'apprendre que l'immunité juridique (partielle) accordée aux parlementaires est l'une des conquêtes fondamentales de la République.
Que certains en fassent un usage abusif - comme c'est à l'évidence le cas de Madame Le Pen - n'est pas plus une raison de le remettre en cause qu'il n'en serait une d'abolir le droit à la propriété privée pour tous, sous prétexte que certains ont obtenu leur patrimoine par la prévarication ou le vol, ou de retirer le permis de conduire à tous les automobilistes à cause de quelques chauffards
Son mot plus que lourdingue sur "l'immunité ouvrière" ne prouve qu'une chose, c'est son ignorance crasse de ce qui fonde la liberté des élus de la nation. Car si les "ouvriers" venaient à jouir de la même immunité, il faudrait que les paysans, les fonctionnaires, les commerçants, les membres des professions libérales et les retraités fussent aussi protégés de toute poursuite durant toute leur vie, c'est à dire qu'on abolît la justice pour tous les citoyens.
Qu'une stupidité aussi énorme puisse passer pour un bon mot et un coup de maître, qu'elle soit reprise en boucle par les chaînes d'information continue et qu'elle envahisse les réseaux sociaux montre à quel degré d'ignorance et de veulerie certains en sont arrivés.
(*) Il y a dans les apostrophes violentes de Philippe Poutou, dans sa façon d'appeler les gens par leur nom de famille, dans le relâchement voulu de son discours quelque chose du "Père Duchêne" de l'épouvantable Hébert. Robespierre s'en est débarrassé comprenant bien que ses excès, au fond, étaient contre-révolutionnaires parce que, à force de faire peur au "bourgeois", il faisait le jeu des anti-républicains.
La bête n'est pas morte.
1. Decapedepee le 05-04-2017 à 23:56:11
"Il n y a pas d immunité ouvrière " est une formule creuse qui n a aucun sens.
Mais M. Poitou est dans sa logique selon laquelle les ouvriers (le reste de la population ne comptant pas) doivent bénéficier, non pas des mêmes droits que les autres - ce qui s imposerait - mais de tous les droits qui existent.
Preuve que le ridicule ne tue pas, bien au contraire, l évidence grotesque devient une formule géniale.
On vit dans un monde qui aime les formules réductrices. Cela permet de se persuader que l on a tout compris, chacun se retrouve dans un petit tiroir que l on actionne ou pas et le tour est joué.
Jusqu'à la fin de cette campagne les médias auront bien pourri les débats et les candidats.
Espérons le sursaut des électeurs car les extrêmes réunissent déjà 50% des intentions de vote dans ce pays.
L ignorance gagne du terrain.
2. Frank-Marie-THOMAS le 07-04-2017 à 09:06:59 (site)
@ decapedepee
Plût au Ciel qu'il s'appelât Poitou, comme vous le nommez !
Les Français, comme les Grecs et les Romains de jadis, adorent les bavards lyriques.
Ils ont adoré les chansons de geste; ils se sont enivrés durant cinq ans, à la fin du XVIIIe siècle, de la rhétorique grandiloquente et souvent creuse des orateurs de la Révolution.
Ils ont adoré les envolées de Lamartine ou de Hugo, plus tard celles de Jaurès ou du général de Gaulle.
Celui-ci, le jour de la libération de Paris, alla jusqu'à affirmer, dans une longue période à la Chateaubriand - contre toute évidence - que le peuple de la capitale s'était libéré "par lui-même"; et une décennie plus tard il développa sans cesse le thème de la "grandeur" de la France alors que tout montrait son affaiblissement et son repli.
Cependant le long - et intéressant - débat d'hier soir souligne jusqu'à la caricature ce syndrome français.
Huit des onze candidats ont, chacun sur sa ligne, développé des idées et des propositions parfaitement irréalistes et irréalisables.
N'importe : ils l'ont fait avec talent et avec ce panache à la Cyrano qui séduit tant nos compatriotes.
Dans trois semaines, ils voteront - sans doute la rage au cœur - pour l'un des candidats qui ne les a pas fait rêver hier.
Et leur aigreur n'en sera que plus profonde.
Et voilà ! Les excuses bafouillées par la ministre des Outre-Mers Mme Bareigts, a produit son premier effet.
Le collectif des "Cinq Cents Frères" qui mène la danse, lève si je puis dire la cagoule : les revendications, d'économiques et sociales, sont devenues en une nuit, par la magie du verbe ministériel, politiques, autonomistes voire indépendantistes.
Le drapeau français, d'abord brandi dans les défilés et sur les barrages, a pour ainsi dire disparu, laissant la place à l'emblème du territoire, cher à Mme Taubira dont il serait d'ailleurs intéressant que les journalistes cherchent à connaître le rôle dans cette montée de fièvre.
A la fin d'un quinquennat misérable, le président et son fantomatique gouvernement auront une fois de plus réussi à se prendre les pieds dans le tapis.
Il faut décidément que les candidats à l'élection présidentielle brûlent d'un feu sacré pour envisager sans frémir de prendre une telle successsion !
On le sait, la mode, en France, est à la repentance.
Depuis une vingtaine d'années, la demande de pardon est devenue un mode normal de gouvernement.
Mea culpa pour les crimes de Vichy, loi mémorielle pour stigmatiser l'esclavage, affirmations approximatives de Monsieur Macron sur la colonisation française de l'Algérie.
Jusqu'à présent, du moins, nos excellences battaient leur coulpe, au nom de la France, à propos de crimes et de fautes commis dans le passé.
Madame Erika Bareigts, ministre des Outre-Mers, vient d'inaugurer la demande de pardon comme façon de gérér une crise actuelle.
Dépêchée dans la Guyane en ébullition en compagnie du nouveau ministre de l'Intérieur, Mathias Fekl, elle n'a rien trouvé de mieux, pour engager le dialogue avec les contestataires, que de présenter ses excuses au peuple guyanais.
Le lendemain c'était au tour de Jean-Claude Junker, président de la Commission Européenne, de regretter solennellement la négligence coupable de l'Europe à l'égard de ce lointain territoire.
Voici donc les guyanais objets d'une câlinothérapie à la fois ridicule et hypocrite.
Il paraît que depuis l'expression de ces regrets ministériels, l'atmosphère s'est considérablement détendue à Cayenne et sur tout le territoire.
Il me semble quant à moi, que c'est faire peu de cas de l'intelligence de nos compatriotes. Leur amour-propre, sans doute, a été flatté par ces pitoyables paroles. Mais outre qu'elles ne règlent en rien les difficultés bien réelles auxquelles ils sont confrontés, elles sont un poison dont les effets sont à ce jour encore difficiles à mesurer.
Prétendre compenser les négligences de la Métropole par cette théâtrale repentance, c'est ajouter le mépris à l'incurie.
En politique le choix est rarement
entre le bien et le mal,
mais entre le pire et le moindre mal.
Les sondages sont une calamité. Mais aussi inévitable, dans l'état actuel des choses, qu'une éruption volcanique, un cyclone ou un tremblement de terre.
Il ne faut pas rêver : on ne reviendra jamais en arrière. (voir articles en lien)
Les politiques en campagne électorale ou dans l'exercice du pouvoir ne sauraient plus s'en passer. Quant au peuple, il supporterait difficilement, je crois, d'en être privé.
Et pourtant... Imaginons un moment que nous n'ayons pas eu de sondages depuis quelques mois. Nous aurions bien été obligés de penser par nous-mêmes, sans être influencés par ce qu'on nous présente comme l'opinion publique.
On a beau nous répéter, à chaque publication de sondage, que ce n'est qu'une photographie de l'opinion à un instant T, cette mise en garde ne suffit pas plus à nous en persuader que la fameuse mention à consommer avec modération ne convainc un alcoolique de ne pas boire. On nage en pleine hypocrisie.
Si lors de la primaire de la droite nous n'avions pas été mis au courant de la remontée de Fillon sur Juppé, sans doute celui-ci n'aurait pas été si sévèrement battu; sans les sondages qui se sont succédé durant toutes les primaires de la gauche, il est probable que Hamon eût été moins facilement élu.
L'électeur, seul face à lui-même n'aurait pas le réflexe panurgien et paresseux de se ranger derrière les gagnants annoncés et le suffrage universel, déjà si abîmé par l'inculture d'un grand nombre d'électeurs, redeviendrait une expression à peu près authentique de leur volonté.
Et cela continue, sur une plus grande échelle encore avec l'élection présidentielle.
Les chiffres qui nous sont livrés quotidiennement jusqu'à nous en donner le tournis nous indiquent, par exemple, la remontée de Mélenchon et la baisse de Hamon. Cette simple annonce est de nature à accélerer l'une et l'autre.
Eternelle question : les sondages décrivent-ils l'opinion ou la formatent-ils ?
Il me semble qu'ils font l'un et l'autre, mais dans l'ordre inverse : ils l'influencent puis mesurent cette influence. Bref, ils faussent l'élection.
Car, je le demande, qui, à l'énoncé des noms des onze candidats, serait capable de les placer dans l'ordre que les sondages nous indiquent et, plus encore, de percevoir les mouvements de hausse et de baisse dont on nous parle tous les jours ?
Je le répète : les sondages sont une calamité. Il faudrait les restreindre à des périodes éloignées de toute élection si l'on voulait véritablement que le peuple s'exprimât en toute indépendance.
Mais il ne faut pas rêver.
1. johnmarcel le 31-03-2017 à 10:29:01 (site)
Si Marine Le Pen est au second tour, je vote pour le candidat en face d'elle pour lui faire barrage ?
Ou je vote nul et laisse les autres faire ?
2. Decapedepee le 31-03-2017 à 20:45:23
Cette réflexion est hélas bien juste.
Les sondages influençant l opinion puis prenant la mesure de cette influence sont sans doute sous influence.
Je ne vois pas comment il en serait autrement.
3. Ségaline le 26-04-2017 à 17:09:20 (site)
CQFD. Les sondages jusqu'à l’écœurement ont sans aucun doute et quoi qu'en disent les médias (complices) influencés les électeurs, c'est pathétique. Nous ne savons plus penser par nous mêmes, faire preuve de sens critique et d'esprit d'analyse, c'est à désespérer de l'humanité. Et rien ne nous sert de leçon, que ce soit les sondages sur les primaires ou ceux de l'élection américaine, mais bordel quand va-t-on enfin ouvrir les yeux?
Manuel Valls, l'ancien premier ministre de François Hollande et candidat malheureux à la primaire socialiste, vient de se rallier à Emmanuel Macron.
A vrai dire c'est le genre de nouvelle qui n'en est pas une, puisqu'on savait déjà la décision qu'il allait prendre, et que, au risque de sortir définitivement du champ politique, il ne pouvait pas ne pas la prendre.
En effet si, comme tout le laisse à penser, Valls veut être l'homme autour duquel se regroupera l'aile socio-démocrate du PS (qui, soit gardera le nom de la boutique, soit en adoptera un autre), il ne peut pas demeurer à l'écart de cette campagne présidentielle.
Peut-être même - tout est possible dans cette période d'amoralité triomphante - espère-t-il secrètement donner là le baiser de la mort.
Il prend cependant le risque - inévitable - d'être considéré comme un traître par les soutiens du gagnant de la primaire socialiste, Bernard Hamon puisque le principe même de la primaire, c'est l'engagement sur l'honneur de soutenir le gagnant, quel qu'il soit. A dire vrai, dans le lamentable épisode de la vie politique nationale que nous traversons depuis quelques mois, ce reniement, pour grave qu'il soit, n'est que peu de chose comparativement aux mensonges et volte-face dont nous sommes quotidiennement abreuvés.
Après tout, Valls ne fait qu'emboîter le pas à ses ministres qui, tels Mesdames et Messieurs Pompili, Le Drian, Le Guen, Kanner, Braillard, Meadel ou Eckert (liste non close, on peut le penser) - bref, le gouvernement sortant ou peu s'en faut - ont déjà rejoint Macron. Mais qui trop embrasse, mal étreint.
Le candidat, en quasi lévitation, va partout répétant avec une suspecte insistance, que ces ralliements sont les bienvenus, mais ne constituent en aucun cas un passeport pour faire partie du futur gouvernement : "pour ce qui est de la démarche et de ce que j'entends conduire, je serai le garant du renouvellement des visages, du renouvellement des pratiques".
Cette formule alambiquée, bien dans le style habituel de l'ancien ministre de François Hollande, semble accréditer l'idée que ces ministres actuels n'ont pas à espérer de l'être dans son futur gouvernement.
La formule, cependant, est suffisamment amphigourique pour laisser place, le moment venu, à toutes les palinodies possibles : il pourra toujours dire que les pratiques sont "renouvelées", même avec ces revenants potentiels.
Mais ce qui me semble le plus significatif dans la phrase que je cite, c'est l'invraisemblable aplomb qu'elle traduit. Car non seulement elle signifie que Monsieur Macron n'a pas de doute sur sa victoire finale, mais qu'il est déjà si loin projeté dans ce futur de rêve, qu'il en est à annoncer qui n'aura pas l'honneur d'être de son futur gouvernement. C'est mallarméen : présence de l'absence.
Le roi a parlé. Et cette parole est diamétralement opposée au renouvellement des pratiques qu'on ne cesse de mettre en avant.
1. Decapedepee le 30-03-2017 à 20:59:25
Le banquier associé de la banque Rothschild et socialiste était déjà une belle confusion.
Le nom de baptême de la loi travail"El Komri" en était une autre, s agissant en fait d une autre loi Macron.
Sa sortie du gouvernement pour créer son mouvement et se mettre à la soit disant disposition du peuple pour mieux l entendre - sans se préoccuper de savoir si le pauvre Hollande se représenterait ou pas - était encore une belle confusion.
Son mouvement lui même, mais qui n était pas un parti était encore une confusion.
Son programme baigne dans la confusion comme lui même dans la confusion des genres.
Son positionnement politique lui encore est confus: une fois il est socialiste, une autre fois il ne l est plus, il le redevient et pour finir il l est mais un peu.
Il devient forcément le candidat de la confusion et de l ambiguite.
Présence de l absence...OUI
Que de contradictions...
En marche pour le candidat du cosmos ...
Ridicule !
La Guyane française occupe depuis deux jours la une de l'actualité au point même qu'elle s'invite dans la campagne présidentielle.
Je n'ai pas attendu que les évènements actuels secouent ce pays pour en parler sur ce blog.
D'une façon plus générale les lecteurs se seront aperçu que je consacre à l'Outre-Mer français une importante part de mes articles.
C'est que je considère qu'une des originalités et des chances de notre pays est d'être présent sur quatre continents et sur toutes les mers du globe.
Mais je ne cesse de regretter aussi le peu de cas que nos gouvernements et le peuple français font de cette chance extraordinaire, et la profonde ignorance de nos compatriotes à l'égard de ces possessions ultra-marines de la France.
Le fait n'est d'ailleurs pas nouveau et du temps des colonies, déjà, les Français ignoraient à peu près tout de l'empire, qui se résumait à quelques clichés à la fois racistes et faux.
Or je suis convaincu que malgré le progrès des moyens d'information, nos concitoyens demeurent tout à fait ignares concernant les départements, collectivités, territoires et pays d'outre-mer. Demandez, par exemple à quelqu'un d'énumérer les douze territoires de la République; vous serez édifié.
Comment voudrait-on que ceux-ci se développent de façon harmonieuse dans une telle indifférence de la Métropole ?
Ce qui est en train d'advenir en Guyane est la conséquence directe de cette ignorance et de cette indifférence.
Régulièrement les Antilles, la Réunion, Mayotte, les territoires du Pacifique sont secoués par des crises plus ou moins graves, plus ou moins durables. Et à chaque fois quelques ministres se déplacent, quelques promesses sont faites pour apaiser la fièvre, puis tout retombe dans le silence et dans l'oubli, jusqu'à la prochaine crise.
Cette foi-ci, c'est le tour de cette immense collectivité territoriale (et non plus département comme les journalistes incultes ne cessent de le répéter).
La Guyane est le seul territoire ultramarin continental (n'en déplaise à Monsieur Macron). Elle couvre une superficie de 91000 km2(*), soit l'équivalent du sixième du territoire de la France métropolitaine.
Ses potentialités sont immenses : agriculture, pêche, industries agro-alimentaires, ressources minières, tourisme, centre spatial, jeunesse nombreuse et capable.
Depuis de nombreuses années déjà les guyanais ont la désagréable sensation - largement vérifiée - d'être les parents pauvres de la France d'Amérique.
Ils viennent de prendre le mors au dents. Ce gouvernement en fin de vie peut se rendre utile en prenant sérieusement en compte leurs justes revendications, exprimées de façon modérée et responsable.
On peut raisonnablement espérer qu'il ne laissera pas passer l'occasion de lancer sérieusement le développement social et économique de ce magnifique pays.
(*) Une zone d'environ 6000 km2 administrée par la France mais revendiquée par le Surinam est comptée dans cette surface (voir carte ci-dessous zone délimitée par un pointillé entre les rivières Marouini et Litani).
C'est ce qui explique la différence qu'on constate parfois entre les superficies avancées sur les médias, qui oscillent entre 83000 et 91000 km2.
1. MarioB le 28-03-2017 à 05:44:18 (site)
Ce coup d'oeil architectural européen fait toujours plaisir à voir, moi qui suis Nord-Américain où il y a peu de villes avec des rues étroites et des édifices plus que centenaires. Merci bien.
2. Decapedepee le 30-03-2017 à 21:02:38
Je regrette de ne pas connaître Aix en Provence
Décidément nos ministres ne sont pas forts en géographie.
On se souvient sans doute de Mme Cécile Duflot, expliquant que le Japon était soumis à un régime de typhons en raison de sa position dans l'hémisphère sud.
Il y a quelques jours, Monsieur Macron nous expliquait qu'une dame originaire de la Guadeloupe était "expatriée" en France.
Voici que, commentant les évènements de Guyane sur M6 il dit :
« Ce qu'il (sic) se passe en Guyane depuis plusieurs jours est grave. C'est grave en raison des débordements. Mon premier mot est celui d'un appel au calme parce que bloquer les pistes d'un aéroport, bloquer les décollages, et parfois même bloquer le fonctionnement de l'île ne peut être une réponse apportée à la situation »
Macron a métamorphosé la Guyane française en une "île".
Ou il est doté de pouvoirs surnaturels, ou il est ignare en géographie.
Il sera en tout cas intéressant d'observer son score dans ce département.
1. Florentin le 27-03-2017 à 16:13:58 (site)
Vous avez vérifié ? Qui sait ? La Guyane s'est peut-être récemment détachée du continent pour aller voguer au gré Duflot ...... euh ... au gré des flots ...
2. Decapedepee le 28-03-2017 à 00:22:06
Il est toujours en surface, et n arrive pas à aller à l essentiel.
Ç est quelqu un qui survole, qui plane.
Il n a pas les pieds sur terre, ce qui explique ses lacunes en géographie.
Selon lui il n y a donc pas de culture française et la géographie (comme l histoire aussi apparemment) doit lui paraître comme une matière bien terre à terre...et surtout trop éloignée des intérêts de la finance internationale.
3. Nicolaï Vavilov le 30-03-2017 à 00:10:10
voilà ce que l'on apprend en histoire de la france d'Outre -mer en Bourgogne:
http://www.raphaeladjobi.com/archives/2017/02/22/34968292.html
4. Frank-Marie-THOMAS le 30-03-2017 à 08:22:44 (site)
@ Nicolaï Vavilov
Je vous remercie pour ce document édifiant. Devant un public qui ignore tout, ou à peu près, de ces questions, le conférencier a beau jeu de tordre la vérité historique dans le sens de son idéologie. Vous me faites regretter de n'être plus là-bas (je plaisante).
Je constate que l'imposante personne du maire se trouve aux côtés du conférencier. Pour avoir donné quelques conférences en ces lieux, je dois dire que cette exposition, inédite dans les années passées, est cocasse : elle s'apparente au concours hebdomadaire du Canard Enchaîné :"ma trombine partout". Quel pitre !
Vous me donnez envie de reprendre la rubrique "Un si charmant village" que j'ai négligée depuis deux ans. J'évoquerai ce personnage le moment venu.
5. Nicolaï Vavilov le 14-04-2017 à 11:42:35
à la question d'un auditeur "alors dans l'océan Indien, à la Réunion les colons pratiquaient la traite ?" "bien entendu" répondait l'orateur...
occultant la traite trans saharienne, la traite depuis Zanzibar
...
Monsieur Macron s'efforce de taquiner les Muses. Peut-être ne devrait-il pas.
Veuillez prendre deux minutes pour visionner la vidéo que je mets en lien dans ce billet.
Outre les contradictions invraisemblables entre deux interviews, vous y trouverez une sorte de prêcheur exalté qui ne recule pas devant la poésie de buffet de gare.
Je ne suis pas certain que c'est de ce salmigondis que la France ait besoin.
Dégustez ce petit florilège :
https://twitter.com/OBerruyer/status/838435873435893761
- ”Parce que nous sommes des enracinés, il y a des arbres à coté de nous, il y a des rivières, il y a des poissons, il y a des frères et des soeurs”
- “L’argent ne se mange pas, il ne se mange pas, je confirme. Il ne se respire pas”
- ”Lorsque tout semble triste, tout semble morose, il faut penser printemps”
- ”Penser printemps, ça ne veut pas dire non plus que sans avoir semé on pourrait déjà promettre la moisson à tout un chacun !”
Il semble que la banque et la finance ne soient pas des Muses très inspirantes.
1. Decapedepee le 26-03-2017 à 00:08:39
Il se fait pourtant passer pour un homme très brillant !
Après avoir réinvente l histoire de la France et de l Algérie, il réinvente la culture.
Un génie ?
Quelqu'un qui se serait endormi il y a trente ans et qui se réveillerait aujourd'hui aurait mille raisons de s'étonner.
Certaines surprises seraient heureuses : les extraordinaires progrès de la médecine, le smartphone aux multiples fonctions, le GPS, les équipements domestiques nouveaux, etc.
D'autres le seraient moins qui, sans entrer dans le détail, pourraient se résumer en une formule : une diminution globale des libertés individuelles (sur ce thème, voir aticles en lien).
Ce matin j'ai pu en constater une misérable, certes, mais fort irritante manifestation.
La "poubelle jaune" réservée aux emballages divers que j'avais sortie la veille au soir pleine à ras bord de plastiques, de boîtes et de cartons variés que le commerce nous contraint à rapporter chez nous, n'a pas été vidée. Un bandeau collant portant la mention "poubelle non conforme" en fermait le couvercle, de la même couleur que ceux installés par la police sur la maison du crime.
Désagréable impression, quand on s'efforce d'être un bon et honnête citoyen, de verser dans une délinquance stigmatisée aux yeux du public par le scotch infâmant !
Très désagréable impression, aussi, d'être pris pour un cochon de payant taillable à merci (cherté des "taxes d'enlèvement des ordures ménagères") et corvéable itou puisqu'on le contraint, en plus de ses activités ordinaires, à jouer les éboueurs spécialisés.
Reste à vous dire ce qui n'était pas "conforme" dans ma pauvre poubelle : renseignement pris, c'était la présence d'un petit pot en plastique ayant contenu une jolie fleur achetée la veille.
Crime impardonnable, apparemment, de ne pas savoir qu'il y a plastiques et plastiques; des plastiques autorisés et des plastiques prohibés. Sachez-le : les pots des jardineries appartiennent à cette catégorie ostracisée.
Où les mettre, me direz-vous ? Ni dans la poubelle, ni à la déchetterie, qui les refuse. Alors ? Mystère !
Oui, notre Hibernatus aurait la surprise de constater qu'on ne saurait être un bon citoyen français en 2017 sans être un peu caissier de supermarché, pompiste et éboueur. Mais un éboueur-pompiste-caissier disposant d'un smartphone et d'un GPS.
2. Decapedepee le 26-03-2017 à 00:16:33
On a tellement infantilise le citoyen qu il a fallu un peu le responsabiliser.
Les poubelles font partie de ces rares missions.
3. Decapedepee le 30-03-2017 à 21:05:23
Je ne compacte plus les bouteilles chinoises en plastoque. Qu ils se débrouillent.
Cela me casse trop les oreilles
Samedi 18 mars, Nicolas Dupont-Aignan candidat à l'élection présidentielle a quitté le plateau du journal de 20 heures de TF1. Je reviens un instant sur ce coup d'éclat.
Monsieur Dupont-Aignan, député-maire de Yerres et président de Debout la France est un homme propret et bien rangé. Rien ne semble le prédisposer à faire un esclandre.
Pourtant, samedi dernier, sans se départir d'un calme ferme et déterminé, il a, après en avoir justifié la raison, quitté le plateau du journal de TF1, laissant désemparée une journaliste qui ne savait que répéter en boucle que sa chaîne avait agi en toute "équité", selon l'autorisation des plus hautes autorités de la République.
Ce dernier point n'est pas douteux. C'est d'ailleurs là que le bât blesse: comment se peut-il admettre qu'un candidat ayant obtenu les parrainages nécessaires soit traité ( lui et six autres ) d'une façon aussi évidemment inique et cavalière ?
A quoi sert donc ce luxe de précautions que la République prend à juste titre pour sélectionner des candidats s'ils se heurtent à la toute puissance d'une chaîne commerciale de grande écoute ?
L'argument de la prétendue "équité" repose sur la notion de "grands" et de "petits" candidats. Mais sur quel fondement cette classification s'appuie-t-elle ? Sur les résultats antérieurs de ceux qui se sont déjà présentés, sur les scores de leurs formations respectives et, surtout, sur les sondages.
Quand on sait le caractère aléatoire de ces derniers, si souvent démontré, on reste sans voix. Mais quand bien même ils seraient une mesure exacte de la situation politique à un instant T, décider à partir de cette mesure purement théorique quel candidat a le droit de se faire entendre et quel autre doit se taire est non seulement une absurdité, mais aussi un abus exorbitant et une infâmie.
Dupont-Aignan n'est pas mon candidat favori. Je n'en ai d'ailleurs aucun à ce jour. Mais l'injustice qui lui est faite devrait susciter les protestations de tous, y compris et en premier lieu des "grands"candidats.
En 2008, dans le "village" où je conduisais une liste aux municipales, la même situation se présenta, aux dimensions d'une modeste commune.
RadioBleu Bourgogne organisa un grand débat entre trois têtes de listes sur les cinq qui étaient en lice. Bien que j'eusse obtenu six ans plus tôt l'honorable score de 18,5% des suffrages, on m'écarta de l'émission.
Je dois à la vérité de dire que si la liste sortante et son chef ne trouvèrent rien à redire à ce déni de démocratie, les deux autres concurrents, eux, bien qu'opposés à ma liste, refusèrent de participer au débat; et l'on vit - chose ridicule - la tête de lise sortante "débattre" seul en face des journalistes qui ne savaient plus où se fourrer.
J'aurais bien aimé que Madame Le Pen et Messieurs Fillon, Hamon, Macron et Mélenchon en fissent autant !
Mais pour l'heure je dis : bravo, Monsieur Dupont-Aignan !
Le 21 mars :
Le petit couplet de certains candidats à l'interminable débat d'hier soir ajoute l'hypocrisie à une apathie qui, déjà, n'était rien moins que glorieuse.
Ils ont cru en effet se dédouaner et passer pour de généreux républicains en exprimant leurs regrets que les onze candidats ne fussent pas invités. On pourrait croire à leur sincérité si eux-mêmes avaient refusé de prendre place sur le plateau. Mais leur indignation suivie de leur participation signe leur duplicité.
Je profite de ce post scriptum pour sourire de l'empressement que certains instituts de sondages, quelques secondes après la fin du débat, ont mis à déclarer vainqueur Monsieur Macron. Personnellement, j'ai trouvé confuses et équivoques ses interventions, et presque pathétique sa conclusion. Je n'en dirais pas autant des autres.
1. lafianceedusoleil le 20-03-2017 à 10:38:44 (site)
Bonjour,
oui, bravo !
Bon début de semaine.
2. Florentin le 20-03-2017 à 13:47:00 (site)
Je l'avais déjà décidé. Ma manière de résister à ce déni de démocrati, et de justice sera de ne pas écouter ce débat. Les circonstances feront qu'il sera évidemment tronqué. Florentin
A méditer, cette phrase du fondateur du Canard Enchaîné :
«Mon premier mouvement quand je vois quelque chose de scandaleux c'est de m'indigner;
mon second mouvement c'est d'en rire :
c'est plus difficile, mais plus efficace.»
Saisi au vol ce matin sur France Ô, cette phrase prononcée par Bruno Magras, président de la collectivité territoriale de Saint-Barthélémy dans les Antilles Françaises, plagiant la célèbre formule de Michel Rocard :
« Saint Barth ne peut accueillir
toute la richesse du monde. »
1. Decapedepee le 18-03-2017 à 08:26:10
C est vraiment injuste.
Ces riches font finir par devenir communistes.
2. Florentin le 18-03-2017 à 15:40:09 (site)
Mon lave-vaisselle m'a lâché ce midi. Je crois que je vais arriver à trouver les sous pour le faire réparer. Mais ça m'embête bien. On ne joue pas dans la même cour ...Florentin
L'apanage des grands écrivains, ceux qui ont su créer un univers, est de donner leur nom pour former des adjectifs qui suffisent à peindre des caractères ou des situations, sans qu'il soit besoin, pour les saisir, de plus de détails.
Homérique, virgilien, rabelaisien, cornélien, racinien, voltairien, sthendalien, lamartinien, proustien, célinien, etc. A ceux qui partagent notre culture, ces mots disent tout.
Eh bien, je dis que ce que la mesquinerie et la rapacité de François Fillon nous font vivre ces jours-ci, ne peut mieux être qualifié que par l'adjectif balzacien.
Le décor y est, les personnages sont campés, l'action est désespérément lamentable.
Sablé sur Sarthe
Une petite ville de la France profonde, son pont, sa rivière, ses quartiers bourgeois. Des cagots et des cagotes, une famille honorable de châtelains dont le chef, un monsieur à la componction respectable, décoré, familier de la messe dominicale, a franchi tous les échelons du cursus honorum et devant lequel les chapeaux se lèvent et les fronts s'inclinent. Une vie réglée, sans éclat, rassurante par son respect des conventions et de la tradition.(*)
Et tout à coup une crise, un déchirement qui fait voler en éclats toute cette tranquille harmonie, et dont le pouvoir et l'argent sont le moteur. Le vernis se craquèle, on aperçoit dessous tout un monde de petits arrangements patrimoniaux et financiers, de sordides rapports entre les époux et leurs enfants, un insatiable goût du confort et du luxe jusqu'alors bien caché sous de modestes dehors. Comme dans un roman de Balzac.
Mais ce n'est pas un roman.
(*) J'ai connu ce monde durant plus de tente ans dans une petite ville de l'Yonne. Il n'y a que les noms à changer.
1. jean23 le 16-03-2017 à 11:53:06
On va pouvoir dire Fillonien
3. Galinette le 18-03-2017 à 14:08:38 (site)
Je suis déçu que vous joigniez votre voix à ce concert de "révélations" de plus en plus sordides sur un homme qui somme toute, n'est ni plus ni moins qu'un homme. Si on creuse chez n'importe qui on trouvera de belles choses ainsi que des turpitudes vous le savez bien. Et globalement, je ne crois pas que FF soit plus infâme que n'importe lequel de ceux qui se présente aux suffrages et peut-être même que la plupart d'entre nous. Ce qui se dégage de toute cette curée est un écœurement absolu, devant la manipulation sans aucun scrupule des esprits, et l'entreprise irresponsable de destruction de la moindre lueur d'espoir en l'avenir. Beaucoup plus méprisable , si on devait comparer, que la compilation de faits "à charge" propres à exciter les instants les plus bas de la population "ciblée" par la stratégie electoraliste des marquis actuellement en place. Et le découragement , droite et gauche confondues, de gens qui s'efforcent de croire encore en une possibilité de vivre en démocratie.
Je ne comprends pas comment on a pu tomber si bas et j'espère qu'un sursaut d'une hypothétique "majorité silencieuse" (?) balaiera cette fange.
Malheureusement j'ai peu d'espoir. Tout se brouille et une voie royale s'ouvre pour des extrêmes irreconciliables et une instabilité terriblement dangereuse pour la paix civile.
4. Frank-Marie-THOMAS le 18-03-2017 à 19:02:54 (site)
@ Galinette
Vous avez dû vous méprendre sur ma position au sujet de François Fillon. Comme vous je regrette la curée médiatique dont il est l'objet et j'ai même consacré récemment un billet à ce sujet.
Mais je maintiens que toute cette affaire de sous est sordide, balzacienne et assurément indigne de la fonction auquel il aspire.
Quant à l'argument qui consiste à dire, comme Brigitte Bardot, que tous les politiques font de même, il est à la fois faux et odieux.
5. Galinette le 18-03-2017 à 20:10:46 (site)
j'ai bien compris votre billet. Je me suis dans sans doute mal expliquée. Ce que je voulais dire c'est que, ce portrait qui quotidiennement nous est donné à voir, accumulant précisions et détails jusqu'à insérer le personnage dans un univers pour le coup Balzacien c'est vrai, constitue une agression insupportable à mes yeux. Je ne veux pas savoir si M. Fillon est un radin ou un sale petit bonhomme. Parce que je n'ai aucune confiance en ses détracteurs et que je leur dénie le droit
de chercher à m'influencer avec des "révélations" quotidiennes distillées avec un art consommé du crescendo.
Je ne dirai jamais "tous pourris" car je ne le pense pas. J'ai d'excellents amis très impliqués en politique, qui sont honnêtes, qui travaillent, soucieux du bien commun. Mais je constate qu' imperceptiblement, sans même s'en apercevoir, et sans être le moins du monde corrompu, peu à peu , les privilèges qui assortissent la fonction les amènent à trouver "normal" ce que le citoyen lambda considère comme des avantages. A force d'être assistés, considérés, sollicités , occupés à des tâches essentielles et des prises de décisions importantes ils perdent la compréhension de la réalité quotidienne de la majorité de leurs concitoyens. Et, pour les meilleurs, ne se rendent même plus compte que leur comportement est critiquable. De bonne foi.
Je ne sais pas ce qu'il en est de M. Fillon et pour tout dire, ça ne m'intéresse pas vraiment.
Ce qui m'intéresse c'est ce qu'il propose, ce que je pourrai agréer et ce que je pourrai combattre.
De même pour ses concurrents. Et je pense que si on se livrait à un même déshabillage chez tout un chacun (pas seulement les politiques) on trouverait force et faiblesses. Générosité et mesquinerie.... Parce que l'être humain est complexe et multiple.
Cette campagne présidentielle pue.
Je ne suis pas - tant s'en faut - un soutien inconditionnel de François Fillon (cf articles en lien); ni des autres candidats, d'ailleurs. Les lecteurs de ce blog le savent bien.
Je demeure choqué par la mesquinerie de grippe-sous qui lui a fait reverser à son foyer les sommes qui auraient dû aller à de véritables employés.
Pour autant, je ne suis pas dupe de l'acharnement évident dont il est l'objet ( la dernière attaque en date l'accuse d'avoir insulté les autistes ) ni de la suspecte accumulation d'affaires le concernant et surtout du calendrier de ces "révélations".
La dernière est sans doute la plus odieusement ridicule : voici qu'on nous apprend que Monsieur Fillon s'est fait tailler pour plusieurs dizaines de milliers d'euros de costumes. Et alors ? Et les autres candidats vont-ils cul nu ?
Ce costume qu'on s'efforce de lui tailler, du moins, est gratuit, ce qui ne veut pas dire qu'il ne lui coûte rien...
1. Decapedepee le 12-03-2017 à 20:06:03
Dans cette campagne présidentielle, les médias ne peuvent-ils pas traiter de sujets en lien avec les programmes plutôt que de faire les fonds de poubelles ?
Concrètement où est le problème ? Mitterrand ne s habillait pas chez Kiabi je pense...!?
Si la liberté de la presse se réduit à ça, je m en passe.
Que ces gens indignes aillent se rhabiller.
La Revellière-Lepeaux (1753-1824) par David d'Angers
J'ai choisi, aujourd'hui, de rendre hommage à cet homme d'Etat, non parce qu'il est un de mes ancêtres, mais parce qu'il incarne ce que Montesquieu considérait comme le fondement de la démocratie : la vertu.
Cette vertu, faite de dévouement à la chose publique, de respect des lois, des autres et de soi-même, de désintéressement et de courage.
Toutes qualités qui, hélas, se font si rares aujourd'hui, au point même de passer pour des faiblesses.
A dire vrai, du temps de La Revellière, il en était déjà ainsi, ce qui dément la thèse si récurrente de la décadence des moeurs. Qu'on se souvienne seulement des débordements de Barras.
La Revellière-Lepaux, ce républicain impeccable qui lui aussi aurait pu être nommé "l'Incorruptible", membre de la Convention Nationale, puis président de cette assemblée, devenu l'un des cinq membres du Directoire n'a pas été retenu par l'Histoire.
C'est que celle-ci, le plus souvent, ménage les ambitieux et les glorieux au détriment des honnêtes hommes dévoués à leur devoir et peu enclins à sculpter leur buste pour la postérité.
On connaît mieux César que Brutus.
La Revellière-Lepeaux toute sa vie, se dévoua à son idéal républicain, refusant de plier devant les injonctions du puissant du jour, fût-il Napoléon ou Charles X.
A deux reprises il fit preuve d'un courage politique qui ne peut que forcer l'admiration : on le priva de son siège à l'Académie pour avoir refusé de prêter allégeance à Napoléon et, un peu plus tard, il refusa la pension que lui proposa Fouché en échange de cette même allégeance.
Au plus haut de sa vie politique il ne se départit jamais de cette vie modeste qui lui valut sarcasmes et mépris de la part des profiteurs et des nantis de son temps.
Une seule décision me chagrine : qu'il ait en janvier 1793 voté la mort du Roi. Encore ce vote lui inspira-t-il une réflexion qui montre à quel point son principal mobile était d'ordre moral, ainsi qu'en témoignent ces paroles prononcées lors du procès de Louis XVI devant la Convention (voir note, infra).
Mais au moins eut-il tout au long du reste de sa vie le courage d'assumer ce vote et de ne pas courber l'échine, tel un Fouché, devant les anciens maîtres.
Honneur à La Revellière-Lepeaux !
(*) « J'ai voté contre l'appel au peuple, j'ai voté pour la mort de Louis; mais ce n'est pas sans horreur que j'entends invoquer l'humanité avec des cris de sang. Mon avis n'est pas d'éloigner ma détermination définitive, mais il est incroyable qu'une question si importante, puisque la vie d'un homme et l'intérêt public y sont attachés, soit décrétée sans désemparer par une assemblée épuisée par la longueur de ses dernières séances, sans qu'on puisse savoir quel degré de force l'assemblée sera en état de conserver, pour suivre une question aussi délicate; je demande donc que, sans rien précipiter, sans entendre ceux qui cherchent perpétuellement à porter la Convention à des démarches inconsidérées, on discute cette question importante, et que la discussion ne soit fermée que lorsque l'Assemblée se croira suffisamment éclairée. »
1. Florentin le 10-03-2017 à 15:26:01 (site)
Un homme comme on n'en voit plus. Ou si peu ...Florentin
2. Decapedepee le 11-03-2017 à 19:58:19
Quel President de la Veme République ou quel candidat à cette élection arriverait seulement à sa cheville?
De tels hommes sont trop rares.
3. fugace le 13-03-2017 à 01:27:46
Comment définir un honnête homme dès lors qu'il peut être admis qu'il existe de degrés dans la vertu comme dans le crime (selon sa définition en Droit) ?
"Il prépare avec Paul Barras et Jean-François Reubell le coup d'État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797)." (Source Wiki).
Une trahison ?
4. Frank-Marie-THOMAS le 13-03-2017 à 08:35:26 (site)
@ fugace
Fructidor est un coup d'état manqué non par La Revellière, mais par les royalistes qui ont tenté de renverser la République.
La Révellière, loin d'être un factieux, est au contraire le solide défenseur de la République, fidèle non seulement à son idéal, mais aussi et surtout à la mission que les représentants du peuple lui ont confiée.
Il eût été un traître s'il eût agi autrement.
Hier au journal du soir sur France2, François Fillon, de retour du Trocadéro, sans doute encore sous le coup de l'ivresse des foules, a par trois fois affirmé : " je ne suis pas autiste".
Hou ! aussitôt les associations d'aide aux autistes de protester contre cette expression de l'intolérable mépris du candidat à l'égard des malades.
Admettons que, pour varier la formule, Fillon ait dit : " je ne suis pas aveugle", ou bien "je ne suis pas sourd". Il aurait alors eu droit à trois protestations de plus.
Nous vivons une époque formidable !
1. Decapedepee le 11-03-2017 à 19:47:13
Toutes ces associations dites de défense des droits de leurs membres, souvent déclarées "de intérêt public" perçoivent des subventions.
Quelques envolées de boutiques permettent d en justifier l existence, de justifier de leur "intérêt ", de justifier de leurs "actions" et à leur président de justifier de sa redoutable efficacité tout en faisant parler de lui.. et le tour est joué.
Ç est du 100 pour 100 gagnant.
Mais le drame dans tout cela c est que l on ne peut plus dans ce pauvre pays étriqué appeler un chat un "chat".
Ne parlons surtout pas d humour, de dialogues à la "Audiard", tout cela n est plus du tout convenable d une part, mais surtout tout devient un bon moyen pour vous faire un procès.
Et gare si vous n êtes pas en odeur de sainteté....!
2. Frank-Marie-THOMAS le 12-03-2017 à 09:52:40 (site)
@ Decapedepee
"Mais le drame dans tout cela c est que l'on ne peut plus dans ce pauvre pays étriqué appeler un chat un "chat"."
Je suis absolument, comme vous, irrité par la tartufferie ambiante. Sentiments mesquins et égoïstes, mais cachés sous des paroles fleuries et des euphémismes ridicules.
A ce propos, je rappelle cette plaisanterie de Pierre Dac : on sait qu'après guerre il ne fallait plus, au nom de la réconciliation franco-allemande, prononcer les mots "boche" ou "frisé" et les remplacer par "allemand".
Pierre Dac imagine donc ce dialogue :
- "mais monsieur, pourquoi me traitez-vous d'allemand ? Je suis allemand !"
On connaît bien la légende de la femme d'Ulysse, parangon de vertu et de fidélité conjugales.
Elle attend son époux durant vingt ans pendant que celui-ci accomplit son long et périlleux périple de retour de la guerre de Troie.
Les jeunes nobles d'Ithaque, le royaume de son mari dont, secondée par Mentor, elle assure la garde durant son abscence, persuadés qu'après un si long délai Ulysse ne reviendra plus, font à la reine une cour pressante.
A bout de stratagèmes pour les repousser, elle s'avise, elle la femme du rusé Ulysse, d'une ruse célèbre : elle se met à son métier pour tisser le liceul de Laerte en promettant qu'elle choisirait entre les prétendants le jour où elle l'aurait achevé.
Chaque nuit, silencieusement, elle défait l'ouvrage du jour de telle sorte que son ouvrage soit sans fin. Telle est la version la plus célèbre, celle qui glorifie l'épouse fidèle.
Une autre tradition est diamétralement opposée à celle-ci.
On dit que Pénélope aurait successivement cédé aux 129 prétendants et que de ces amours interdites et criminelles serait né le dieu Pan.
A vous de choisir.
1. johnmarcel le 05-03-2017 à 05:05:26 (site)
Le pire dans une attente c'est ne pas savoir quand ça se termine...
Les mots, comme la monnaie ont tendance à se dévaluer au fil du temps.
Le mot "ennui", au XVIIe siècle, était l'équivalent de "souffrance" ou "torture" dans le vocabulaire actuel. Et si l'on se disait "étonné", on signifiait qu'on était "foudroyé".
Certains orateurs, et François Fillon est de ceux-là, emportés par leur fougue et leur désir de convaincre en frappant l'auditoire, accélèrent ce processus d'usure des mots en les employant à tort et à travers. Ils font de l'hyperbole leur mode ordinaire d'expression. En mai 68, était traité de "fasciste" tout individu - et j'en étais un - qui refusait de considérer Mao et Lin Piao comme des parangons de démocrates et La Chine communiste comme un paradis économique, social et culturel.
Fillon, pris dans une mesquine et balzacienne petite affaire d'enrichissement familial, s'efforce pathétiquement de donner une certaine grandeur tragique à ses misères privées et à les hausser au rang de catastrophe nationale.
Ce faisant il ajoute le ridicule au mesquin.
Tour à tour, il a parlé de manipulation, ce qui peut encore s'entendre. De là il est passé à un registre évoquant un coup d'Etat et le voici brandissant "l'assassinat". Usque non ascendet ? Il reste encore le "cataclysme", "l'explosion nucléaire" et "l'apocalypse".
Tout ce fatras lexical traduit davantage le désarroi de celui qui l'emploie qu'une véritable indignation.
Et quoi qu'il en soit, ce n'est certainement pas en essayant de donner à une pièce de Labiche la dimension d'une tragédie de Sophocle qu'il parviendra à convaincre le peuple de sa bonne foi.
Toute cette inflation sent furieusement sa fausse monnaie.
1. decapedepee le 02-03-2017 à 20:45:33
FILLON a jusqu'à présent tenté de convaincre le peuple de sa bonne foi.
Je comprends que sa mise en examen confère un caractère tragique à ce que vous associez à une "pièce de Labiche".
La tragédie ne peut être mêlée à une campagne présidentielle; et le drame de Fillon c'est que même s'il s'agit d'un coup d'Etat institutionnel, l'heure est à la réflexion sur des programmes.
Il n'est plus audible, il est dépassé et il est objectivement "empêché" de faire campagne.
On connait les rapports entre le PNF et l'Elysée, ceux entre les juges d'instruction et le Syndicat de la Magistrature, bref tous les éléments concernant le déroulé de la procédure, les personnes chargées des dossiers, les méthodes d'investigation et de communication, bref tout concorde à démontrer l'existence d'un véritable coup d'Etat institutionnel.
Cela a d'ailleurs été expliqué par des juristes.
Mais le drame de tout cela, et les français le savent bien, c'est que la vraie tragédie est celle que connaît la société française.
Un Etat régalien qui ne remplit plus son office, avec une Education Nationale déficiente, une Justice élastique, une culture remise en cause, une Histoire oubliée et une dette colossale de 2.200 milliards.
La France est un pays qui coupe des têtes, se Justice est perfide (la majorité des français ne fait pas confiance dans la Justice de leur pays).
Tout s'est dévalué au fil du temps, et quelquefois inversé - l'exception, le moche et le sale devenant aujourd'hui une norme ou une référence et la norme d'hier devenant bien souvent une exception.
Les valeurs, si elles n'ont pas été dévaluées ont été vidées de leur sens.
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