La une de l'hebdomadaire Charlie Hebdo de ce jour fait scandale. Je m'étonne qu'on s'en étonne et je suis navré qu'on s'en indigne.
Depuis son origine et grâce à l'esprit de ses pères fondateurs, ce journal se délecte de tout ce qui peut froisser les habitudes de pensée et la morale traditionnellement admise, surtout quand se cache derrière sa prétendue rigueur toute l'hypocrisie du monde.
Charlie Hebdo, on le sait, fait de la lutte contre les religions, toutes les religions, le fond de ses articles et le sujet de la majeure partie des dessins qui les illustrent.
Je me souviens de l'indignation de ce parangon de morale qu'est Isabelle Balkany lorsque parut en première page l'image de Dieu le père, la tête ornée du triangle de la sagesse, avec le titre :
l'assassin court toujours.
Cette semaine c'est une affreuse image de deux corps écrasés par la camionette blanche sur les ramblas de Barcelone avec ce titre :
islam religion de paix... ETERNELLE !
qui suscite un concert d'indignation, comme celle exprimée ce matin par l'ancien ministre socialiste Le Foll sur BFMTV.
Qu'on soit frappé par la violence de cette cruelle ironie peut s'entendre. Mais qu'on fasse mine de s'indigner du fameux "amalgame" entre islam et islamisme est une tartufferie doublée d'une stupidité dangereuse.
Pourquoi ne distinguerait-on pas, pendant qu'on y est, chétienté et christianisme ?
Le Coran, grand et noble texte, tout comme la Bible, contient des trésors de sagesse, il est vrai, mais aussi des appels à la violence.
Ceux qu'on nomme les islamistes en les distinguant des musulmans pacifiques, ne font que puiser dans le texte les passages qui vont dans le sens de leurs passions fanatiques.
Mais il est vain - et cela a très bien été montré par Michel Onfray - de nier que la violence soit le fait de la religion elle même et de prétendre qu'elle en est une déformation idéologique. L'éditorial de Riss explicite et justifie la caricature de une :
" Depuis (le 7 janvier 2015) un travail de propagande est parvenu à distraire nos esprits et à dissocier ces attentats de toute question religieuse. Aujourd'hui plus personne ne s'interroge sur le rôle de l'islam dans l'idéologie de Daesh. Le bourrage de crâne a réussi à nous faire admettre que le "fait religieux" ne doit pas être discuté. Il s'impose à nous, et ceux qui osent le remettre en question sont traités d'anticléricaux primaires d'un autre âge. "
J'assume d'être un anticlérical " primaire d'un autre âge" et je soutiens que le mal est dans la foi religieuse elle même, quelle qu'elle soit, qui n'a jamais été porteuse que de fanatisme et de massacres au nom d'un prétendu dieu de prétendu amour.
Les villes et villages du Limousin, et singulièrement de la Creuse, recèlent d'innombrables richesses architecturales. Ils sont entretenus avec goût et grand soin.
Aubusson, Peyrat le Château, Eymoutiers, Le Moutier d'Ahun, son pont roman et les étourdissantes sculptures baroques de son église.
Et pour achever ce petit périple, la façade d'une école de campagne sur laquelle on a placé deux plaques commémoratives extrêmement émouvantes, bien dans l'esprit de cette terre profondément républicaine.
Ce lac de retenue de 1000 hectares est un merveilleux lieu de vie et de villégiature. Sérénité, nature splendide et une infinité de petites plages charmantes.
A proximité, de nombreuses petites villes et des bourgs très bien mis en valeur. Le Limousin compense par son inventivité et le dynamisme de sa vie culturelle les handicaps économiques qu'il subit.
Le groupe des députés de la France Insoumise a décidé de venir à l'Assemblée habillé comme bon lui semble pour signifier son irréductible liberté de penser.
Si l'on veut passer pour un vieux c...il suffit d'affirmer qu'une tenue correcte - c'est à dire digne et, autant que faire se peut, élégante - est une nécessité quand on occupe des fonctions officielles, politiques ou pas.
Dans le même esprit, certains regrettent que les orchestres soient vêtus de façon classique, voir solennelle. Cet exemple me paraît justement propre à faire sentir que l'apparence vestimentaire n'est en rien un signal de mépris de classe ou d'éloignement des élites par rapport au commun des mortels. Le costume sombre, les jupes longues, les fracs même parfois des instrumentistes, sont d'abord, par leur uniformité, une façon de se fondre dans le groupe et surtout un hommage rendu aux compositeurs et au public.
" Schubert", me dira-t-on "se jouerait de la même façon en costume sombre et en jean-baskets". Oui, bien sûr puisque c'est ainsi que les musiciens le répètent en privé.
En poursuivant ce raisonnement, on peut aussi considérer que le professeur en short et nus pieds, comme chez lui, pourrait faire cours et que cela n'aurait aucune incidence sur l'attention que lui porteraient ses élèves.
Ce rejet des conventions vestimentaires peut séduire à première vue puisqu'il serait signe de liberté et d'authenticité. Les enseignants ainsi habillés qui parviendraient à conserver cette autorité qui est la base de tout bon enseignement, feraient effectivement la preuve de leur capacité.
C'est intéressant en théorie, mais c'est strictement inapplicable dans la vie réelle. Quarante ans de vie professionnelle me l'ont maintes fois prouvé.
Si, en jetant aux orties les traditions vestimentaires, on veut nous dire que l'habit est une convention qui ne dit rien de la valeur de celui qui le porte, on a raison, mais on enfonce une porte ouverte, on ressasse le proverbe bien connu.
Mais si par cette libération vestimentaire, on cherche à suggérer qu'on a franchi un grand pas vers la liberté de penser, on se trompe et on nous abuse.
Il ne suffit certes pas de jeter sa cravate et de laisser sa chemise sortir de son pantalon pour être un homme libre.
Il est vrai que Marie-Antoinette était tirée à quatre épingles...
...mais Robespierre aussi.
1. Mr-He le 03-08-2017 à 01:21:44 (site)
Bonjour
on ne se connais pas encore, en premier compliment pour la photo du jour, en second ton blog est bien écris et fort intéressant, bien que belge, je suis loin de la politique française, mais j'appends
http://mr-he4.vefblog.net
Bonne journée
Avec amitiés
René de Chine
Muriel Penicaud n'a pas toujours été ministre du travail. Elle a surtout, jusqu'à présent, géré avec soin ses propres affaires.
Sans remonter bien loin dans sa carrière de femme d'affaires, force est de constater que celle qui a en charge depuis deux mois le ministère du Travail et qui, à ce titre, va devoir faire accepter aux syndicats et aux salariés la restructuration du code du travail, a été d'une extrême sagacité dans la gestion de ses intérêts privés.
Lorsque j'étais élu dans l'Yonne, je me souviens de l'agacement amusé du maire de Sens, Etienne Braun, le jour où sa toute nouvelle adjointe aux affaires sociales, femme enrichie dans l'analyse du sang et des urines de ses concitoyens sénonais, avait revêtu un manteau de Zibeline hors de prix pour se rendre à sa permanence et recevoir entre autres, les demandeurs d'emploi de la commune.
Madame Penicaud, mutatis mutandis, est la réplique de cette élue évaporée.
Quelques chiffres suffiront sans doute à faire comprendre dans quel monde elle vit.
- En 2014, en plus de ses revenus, cette dame qui siège dans de nombreux conseils d'administration de grandes entreprises, a empoché la coquette somme de 93.000 euros en tant que présidente de l'Agence Française des Investissements Internationaux.
- Entre 2015 et 2017, elle a perçu 320.000 euros comme directrice générale de Business France.
C'est à ce titre, d'ailleurs, qu'elle a organisé (pour 380.000 euros) sans appel d'offres, le voyage à Las Vegas d'Emmanuel Macron, parti aux USA lever des fonds pour sa campagne, ce qui lui vaut quelques ennuis.
Mais la plus juteuse opération - et la plus contestable aussi - est celle qu'elle réalisa en 2013.
Elle était alors directrice des ressources humaines de Danone. Un plan de restructuration de cette énorme entreprise devait cette année-là entraîner le départ de 900 employés dont 230 pour la seule France. La bonne Madame Penicaud à qui, au vu de sa bonne tête de ménagère, on donnerait son portefeuille à garder sans aucune crainte, sentit que c'était pour elle le moment de réaliser une très grosse plus-value sur les stock-options qu'elle détenait.
Sans hésiter elle les vendit, empochant un bénéfice de 1,3 millions d'euros.
Ce pactole s'ajoutait à ses gains qui se montaient à 4,7 millions pour les trois années précédentes. 6 millions en quatre ans, soit l'équivalent de plus de 100 smics par mois !
Pour les citoyens que nous sommes, ces chiffres sont quasi irréels. Pour Madame Penicaud et ses semblables, ils sont le pain quotidien.
Et cette dame dont la fortune, si elle n'est pas trop dépensière, doit se hisser à des hauteurs vertigineuses, telle les prélats du XVIe siècle qui, gorgés de biens, expliquaient aux pauvres pourquoi ils devaient le rester pour gagner le paradis, va devoir expliquer aux salariés la nécessité de consentir des sacrifices pour le bien de l'économie française.
Il y a encore bien du travail pour passer de "l'ancien monde" au nouveau.
Bon courage à tous !
1. Florentin le 28-07-2017 à 11:57:59 (site)
Ce n'est pas parce qu'on ne joue pas dans la même cour qu'on n'a pas la droit de râler ! Il y a là quelques chose de scandaleux qui ne peut que nous hérisser le poil ...
2. Frank-Marie-THOMAS le 28-07-2017 à 12:22:29 (site)
@ Florentin
Double catapultage, avec cette affaire : elle tombe au plus mal au moment où l'on parle de "moralisation" de la vie publique et où Mme Pelicaud reçoit les représentants de personnels qui perçoivent à peine le centième des profits de la ministre.
Certes, Mme Pelicaud ne manque pas de faire remarquer qu'elle n'a rien commis d'illégal. Rien d'illégal, sans doute, mais amoral, sûrement, puisque c'est par sa position de DRH de Danone qu'elle a pu profiter du plan social pour s'enrichir scandaleusement en vendant ses actions à la hausse ( car, "horreur économique", les licenciements font monter les actions).
Si vous passez par les Cévennes, faites un détour par Saint Hippolyte du Fort où se visite un très intéressant musée de la soie, activité autrefois prospère dans cette région de France.
Vous y verrez les quatre âges du vers à soie et tout le processus du travail des cocons, du fil et du tissu. Vous pourrez même ramener chez vous quelques bestioles et les feuilles de
mûrier pour les nourrir.
1. Florentin le 28-07-2017 à 14:56:19 (site)
Reportage fort intéressant, mas j'habite vraiment trop loin pour y aller demain matin !
On nous tympanise depuis l'avènement de Monsieur Macron et de son équipe qui, paraît-il, va nous éloigner à jamais de "l'ancien monde", avec la loi de "moralisation "de la vie publique.
Comme tout honnête homme, je suis attaché à la morale dans la vie privée comme dans la vie professionnelle, qu'elle soit ou non "publique". Je ne vois guère de possibilité, d'ailleurs, que la morale triomphe dans la première et soit foulée au pied dans la seconde.
En revanche, je suis carrément hostile à l'idée d'élaborer un machin qui s'appellerait "loi de moralisation de la vie publique".
Il y a ce qui est légal et ce qui ne l'est pas. Toutes les lois sont, au fond, de "moralisation".
Cet ajout d'une loi spécifique qui prétendrait délimiter le champ de ce qui est moral et de ce qui ne l'est pas est à la fois inutilement redondant et stérile, puisque jamais, ni dans la vie privée ni dans la vie publique, les détours de la rouerie ou de la mauvaise foi ne seront empêchés par une loi, pas plus que les billets de banque les plus élaborés ne découragent les faux-monnayeurs ou que le serment de fidélité conjugale n'empêche l'adultère.
Il ne faut être ni cynique ou ni inconscient pour s'opposer à une telle loi : il suffit d'avoir un peu de bon sens et d'expérience.
1. Florentin le 28-07-2017 à 15:20:17 (site)
Qu'on se préoccupe de poser des garde-fous me paraît une bonne chose. Il y a eu tout de même beaucoup d'abus dans la sphère publique. Mais, je suis d'accord avec vous. Pourquoi faudrait-il délimiter le champ de la morale ? .
Le président de la République et le premier ministre sont en chute vertigineuse dans les sondages.
Et chacun, parmi les commentateurs "autorisés" façon Christophe Barbier, d'y aller de son analyse pétemptoire. Le fond de tous ces commentaires verbeux est de nous expliquer que cette dégringolade est normale et somme toute moins rapide et moins grave que celles, en leur temps, de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy ou François Hollande.
C'est oublier un peu vite que l'éclat de son élection en face d'une Le Pen universellement ostracisée sauf par Nicolas Dupont-Aignan et sur fond d'abstention record, est tout à fait relatif. C'est oublier que Monsieur Macron n'a bénéficié au premier comme au second tour de la présidentielle que d'une adhésion tout à fait modeste.
C'est prendre les chiffres sans recul et tromper le monde que d'asséner comme une preuve de l'enthousiasme populaire les 66 % obtenus par Macron, sans tenir aucun compte ni de l'affaire Fillon, ni du profond rejet de François Hollande, ni de l'éprouvante prestation de Marine Le Pen lors du débat de second tour.
Quant à la prétendue "classe" des débuts d'Emmanuel Macron, dont on nous rebat les oreilles, c'est affaire de goût et de sensibilité.
Pour ma part j'ai trouvé tristement grandiloquente et somme toute ridicule la prestation du Louvre tout comme le discours plat et creux devant le congrès réuni à Versailles.
Tout cela sent le talent forcé et la mise en scène de second ordre, sur fond de cynisme et de mépris de l'intelligence du peuple.
Celui-ci fait toujours payer cher qu'on cherche à l'abuser.
1. Florentin le 26-07-2017 à 14:45:19 (site)
Vous avez raison. Les réveils risquent d'être difficiles.Ce monsieur pensait qu'il allait pouvoir régenter les choses à son gré et sans contestation majeure. Quand on est président, on peut tout.T'as qu'à voir, comme dit l'autre. Ce qui doit être drôle, c'est de voir sa tête étonnée, quand il s'aperçoit qu'on lui a résisté.
Cicéron, dans un poème épique dont seuls quelques fragments nous sont parvenus écrit, à propos des liens entre pouvoir militaire et pouvoir civil : "cedant arma togae", "que les armes cèdent devant la toge".
Par cette double métonymie, le grand républicain romain signifie que le politique doit avoir la prééminence sur le militaire et que les soldats ne sont que les exécutants des décisions des élus du peuple.
Il faut rappeler que lorsque cette belle formule fut écrite, Jules César et ses légions menaçaient les institutions républicaines qu'ils rêvaient de remplacer par une dictature militaire. Durant toute sa carrière, Cicéron, avec les seuls moyens de la persuasion et de la parole, fit barrage à ces menées subversives. A la fin il fut vaincu et César installa un régime dictatorial qui se prolongea après lui durant des siècles. Plus jamais Rome ne connut la démocratie.
Ce qui vient de se passer en France hier, avec la démission fracassante du chef d'état major des armées, le général cinq étoiles Pierre de Villiers, semble placer Emmanuel Macron - qui pourtant se rêve en César ou en Bonaparte - dans la position de Cicéron défendant les institutions républicaines contre les visées hégémoniques de l'Armée.
En d'autres termes, à ne considérer que la surface des choses, le président de la République serait un valeureux défenseur de la démocratie, menacée par un chef qui serait sorti de la réserve et qui, d'exécutant, prétendrait devenir donneur d'ordres.
C'est cette version que la propagande macroniste tente de faire passer dans le public, réservant le beau rôle à son héros.
Une telle vision de ce qui vient de se passer ne tient pas : si de Villiers était une graine d'agitateur militariste, il n'aurait évidemment pas démissionné.
Macron - quoi qu'on cherche à insinuer dans nos esprits - ne vient pas de sauver la République contre les obscures visées subversives de l'Armée.
Il vient, tout au contraire, de céder à sa tendance profonde et inquiétante à l'autoritarisme le plus brutal.
Car dans l'affaire qui secoue nos forces armées aujourd'hui, les rôles sont tout à fait renversés : c'est le chef d'état major qui défend nos institutions et le président qui les égratigne.
Pierre de Villiers n'a commis aucune faute : il a joué pleinement son rôle en venant devant la commission de la Défense de l'Assemblée Nationale expliquer que le matériel vieillissant de certains équipements de nos forces mettait nos hommes en dangers sur les divers fronts qu'ils ont à tenir en Afrique et au Moyen Orient. Il a rappelé les engagements de campagne de Macron et a déploré que 850 millions d'euros aient été retirés du budget promis. C'est son devoir le plus strict.
Quant à sa démission, elle est tout à la fois honorable et logique. Il le dit lui même dans le texte du communiqué qui a été diffusé le mercredi 19 juillet :
« Dans le plus strict respect de la loyauté, qui n’a jamais cessé d’être le fondement de ma relation avec l’autorité politique et la représentation nationale, j’ai estimé qu’il était de mon devoir de leur faire part de mes réserves, à plusieurs reprises, à huis clos, en toute transparence et vérité ».
A la suite d'indiscrétions d'un ou plusieurs parlementaires membres de cette commission, les propos très directs voire crus du général ont été transmis au président de la République et à la presse.
Si dorénavant les travaux des commissions sont mis sous tutelle du pouvoir exécutif, c'est tout l'équilibre des pouvoirs qui est remis en cause, et le Parlement, déjà étouffé par une majorité docile et incompétente, qui est réduit à l'impuissance.
Emmanuel Macron cherche à faire le contraire de son prédécesseur (auquel il doit pourtant tout). Il a bien noté que François Hollande, devant la fermeté du général de Villiers qui déjà avait menacé de démissionner en raison des coupes dont l'armée était menacée, avait cédé et accepté le principe d'une rallonge budgétaire.
Le voici donc prenant le contre-pied de cette attitude et, sans s'apercevoir qu'il va trop loin, se permettant avec une violence et une maladresse inouïes d'humilier en public le chef d'état major et de rappeler sans crainte du ridicule "le chef c'est moi".(*)
« Dans les circonstances actuelles, je considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd’hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays. Par conséquent, j’ai pris mes responsabilités en présentant, ce jour, ma démission au Président de la République, qui l’a acceptée » écrit encore le général , soutenu par l'unanimité des officiers et de la troupe.
Il a donc quitté ses fonctions, comme la dignité et l'honneur le lui commandaient. C'est un évènement exceptionnellement grave et qui marquera tout le mandat d'Emmanuel Macron.
Ce n'est pas un général putchiste qui démisssionne, vaincu par un président défenseur de la République : c'est un grand serviteur de l'Etat bafoué qui, en cédant devant la force brutale et absurde, donne une leçon de démocratie à un jeune président imbu de lui-même et grisé par le pouvoir.
(*) Cela commence à faire beaucoup : mise sous tutelle des commissions parlementaires, suppression de la liberté, pour les communes, de fixer leurs taux d'imposition, réduction du rôle du premier ministre et du gouvernement à la simple exécution des volontés du président (voir articles en lien).
Tout, dans ce début de quinquennat, va dans le sens du renforcement du pouvoir personnel du président et d'une centralisation bonapartiste.
1. Florentin le 20-07-2017 à 15:19:43 (site)
J'ai ironisé ce jour sur le sujet. Mais, bon, ce président nouvelle formule ne me fait pas rire du tout.
Je recommande la lecture d'un livre injuste, violent, souvent haineux, presque toujours drôle : La Cour des Miracles, dernier ouvrage de Michel Onfray.
Il s'agit d'une série de 84 courts articles couvrant la période du 24 juillet 2016 au 7 mai 2017 et retraçant avec une vivacité roborative l'interminable séquence électorale que la France vient de subir.
Les primaires de la droite et de la gauche, les campagnes électorales des "grands candidats", les débats du premier tour avec et sans les "petits candidats", le face à face du second tour, les revirements des uns, les lâchetés des autres, les trahisons de tous, rien ne nous est épargné.
L'esprit à la fois caustique et cruellement rationaliste de l'auteur passe à la moulinette les discours, les gestes, les interventions médiatiques des uns et des autres.
C'est une galerie de masques tous plus grimaçants les uns que les autres : faux courageux, révolutionnaires en peau de lapin, volontaristes mous, cagots parjures, courageux froussards, usant tous et toutes de lieux communs rebattus, écorchant le bon sens en même temps que la syntaxe.
Dans cette galerie de portraits-charges, certaines figures sont plus soignées - c'est à dire tabassées - que d'autres : François Fillon, François Hollande, Jean-Luc Mélenchon, Manuel Valls, Vincent Peillon, Dominique de Villepin, Alain Juppé ou Emmanuel Macron, pour ne citer que ceux-là.
Et tous ces personnages de comédie s'agitent, parlent, parlent, parlent, se contredisent, se renient, se poignardent le sourire aux lèvres, émettent de sentencieux discours bien comme il faut, cochant toutes les cases du politiquement correct : ils sont pour la liberté, pour l'égalité, pour la fraternité, pour la justice sociale, pour la sécurité, pour l'égalité entre les hommes et les femmes, pour la sauvegarde de l'environnement, contre le réchauffement climatique, contre le chômage et contre le terrorisme.
Ils se séparent, du moins par la forme, au sujet de la question européenne, mais sur fond de reniement et de volte-face, oublieux de leurs paroles et de leurs actes, la plupart du temps contradictoires avec leurs prétendus engagements.
Souvent, au cours de cette série de pamphlets au vitriol, Onfray va trop loin et, comme le disait Boileau à propos du latin "dans ses mots brave l'honnêté" ( honnêteté au sens classique de politesse).
Témoin cette drôlatique présentation du couple Trogneux-Macron :
"Sans rire, Brigitte Trogneux, épouse Macron, affirme à un ami qui s'empresse de le rapporter à Paris-Match : "il faut que tu m'aides à le calmer. Tu sais ce n'est pas marrant de vivre avec Jeanne d'Arc." On la comprend : partager la vie d'une sainte n'est pas de tout repos pour une femme plus proche de mon âge que de celui de son époux céleste."
Ou bien encore cette exécution froide des Tartuffes qui nous gouvernent :
" On parle République et droits de l'homme, bien sûr, liberté, égalité, fraternité, évidemment, laïcité et féminisme, inévitablement, mais, en douce, on taquine la collégienne, on exploite la Maghrébine, on évite l'impôt, on prêche pour autrui ce qu'on se dispense de pratiquer, on se goinfre et on se goberge aux frais de ses obligés, on se loge au détriment des véritables nécessiteux, on apparaît maquillé de rouge à lèvres alors qu'on est un homme pour lutter contre le harcèlement sexuel après avoir pourchassé une petite dizaine de collaboratrices..."
Si vous aimez rire; si tout ce cirque politico-médiatique vous a porté sur les nerfs, si vous souhaitez voir démasquer quelques escrocs déguisés en dames de charité, si vous cherchez à comprendre les ficelles des tours de passe-passe qu'on vous présente avec une componction d'évêque, lisez sans tarder le livre de Michel Onfray. Vous m'en direz des nouvelles.
On nous distille un élixir à rendre idiot : ce livre est un excellent contre-poison.
1. Fanny39 le 16-07-2017 à 14:13:04 (site)
Un livre sans doute passionnant à la hauteur du talent de Michel Onfray.
Bon dimanche.
2. Florentin le 17-07-2017 à 15:47:03 (site)
Je suis tenté, mais j'ai repéré "Décadence", son donc avant-dernier ouvrage, que je ne vais pas tarder à commencer. Un pavé ! Je crois que je ne vais pas entrer dans cette cour des miracles. Faut faire de la place pour les autres auteurs ...
Ce qui vient de se passer est plus qu'un simple revirement devant la probable réaction de l'opinion publique : c'est un coin du voile qui se soulève sur un spectacle assez peu attrayant.
En début de semaine dernière, le pouvoir exécutif était aux nues.
Tour à tour le président de la République et le premer ministre mettaient en scène le grand spectacle de la fermeté et de la responsabilité de l'Etat. Le premier dans un interminable et terne discours devant les deux chambres réunies en congrès à Versailles, le second le lendemain devant l'Assemblée Nationale, pour son discours de politique générale.
Déjà ce calendrier avait quelque chose d'inquiétant puisqu'ainsi programmées les deux interventions loin de se compléter, s'amoindrissaient l'une l'autre.
On nous a seriné que les deux hommes étaient bien dans leur rôle respectif puisque le président fixait les "grandes orientations" de l'année à venir et du quinquennat tandis que les chef du gouvernement en déroulait le calendrier et les modalités budgétaires. Comme si les deux moments devaient forcément intervenir à la suite immédiate l'un de l'autre.
Mais le plus discutable n'était encore pas là : par cette répartition léonine des interventions, le président se donne le beau rôle, ne laissant à son premier ministre que celui de collaborateur secondaire et réduit à un simple exécutant. Que dire, dans ces conditions, de l'infime place réservée aux ministres et secrétaires d'Etat ?
Cette conception régalienne de l'organisation du pouvoir est terriblement datée et le "jeune" président qui nous a vendu jusqu'à la nausée sa nouveauté et sa façon inédite de faire de la politique, nous ramène, sans avoir l'ampleur ni le talent nécessaires, à la "grandeur" surjouée du général de Gaulle.
Jean-Luc Mélenchon et sa fumeuse "assemblée constituante" devant élaborer une "sixième République" trouve là de quoi alimenter sa propagande en dénonçant cette dérive de la personnalisation excessive du pouvoir.
Pendant ce temps on assiste au désolant spectacle d'une Assemblée écrasée par une majorité marécageuse, d'autant plus soumise et platement approbatrice qu'elle est constituée de personnes inexpérimentées qui savent bien qu'elles doivent tout à celui qui les a tirées de l'ombre en leur offrant une opportunité dont elles n'auraient jamais osé rêver; dans le même temps où - en vertu d'un "dégagisme" aussi violent que stupide - nombre de femmes et d'hommes de grand talent dont la République a besoin, ont été brutalement et souvent injustement balayés, privant le pouvoir législatif de son rôle de véritable contre-pouvoir.
J'en viens à mon accroche : le revirement au sujet de la suppression de la taxe d'habitation, annoncée comme un point majeur de la campagne de Monsieur Macron.
Sa relégation imprévue a suscité une levée de boucliers et une sortie de ce que les journalistes appellent "l'état de grâce", encore que l'expression soit très abusive en l'occurrence, s'agissant d'un président élu par 25 % du corps électoral qui n'a donc jamais bénéficié de cet "état de grâce".
Que le pouvoir efface en un jour une promesse essentielle est déjà inadmissible en soi; qu'il revienne le lendemain sur ce reniement est pire encore puisqu'à la tromperie il ajoute l'incurie laquelle, on le sait, est directement contraire au climat de confiance que réclament les entrepreneurs grands et petits.
Mais que le président, après avoir poussé son premier ministre à faire l'annonce de ce revirement l'oblige quarante huit heures plus tard à annuler cette annonce de revirement est la marque évidente non seulement, comme je l'ai dit, d'une inquiétante impréparation, mais en plus - chose tout aussi grave - du profond mépris de ce président "jupitérien" pour ceux qui le servent et même pour les institutions, lesquelles laissent au premier ministre et au gouvernement le soin de "déterminer et de conduire la politique de la nation".
Combien de temps Monsieur Philippe acceptera-t-il d'être traité avec une telle méprisante désinvolture? Et combien de temps les godillots de la Chambre applaudiront-ils veulement à ces incartades ?
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1. Florentin le 12-07-2017 à 16:56:55 (site)
Il faut tout de même manquer de fierté pour accepter un poste de premier ministre sous la cinquième république ...
Simone Veil, qui vient de disparaître, a été honorée de la façon la plus solennelle et la plus digne qui soit.
Ces hommages de la Nation sont justifiés. Elle a été une victime de l'horreur nazie; sa famille en a été victime aussi.
Elle a accompli un parcours politique à la fois brillant et exempt de taches, ce qui n'est pas si courant.
Plusieurs fois ministre, première présidente du Parlement Européen, élue à l'Académie Française, décorée des ordres de la République, la vie de cette dame qui n'a jamais voulu que fût effacé le tatouage infâmant qu'elle portait depuis son internement dans les camps allemands, est une extraordinaire carrière parsemée d'honneurs.
Comme Badinter pour l'abolition de la peine de mort, elle laisse son nom à la loi de légalisation de l'avortement qu'elle a su défendre avec force et dignité.
A tous ces titres, la proposition du président de la République de la faire entrer au Panthéon semble se justifier, encore que les critères qui sont retenus pourraient convenir à bien d'autres responsables publics pour lesquels personne ne se mobilise.
Mais il en va tout autrement de l'autre proposition de Monsieur Macron qui est de faire entrer en même temps qu'elle son époux, Antoine Veil, dans le temple des Grands Hommes.
Antoine Veil était assurément un homme honorable et un époux aimant et fidèle. Mais ce ne sont pas là les vertus qui justifient qu'on soit panthéonisé.
Quant à l'argument du caractère inséparable du couple, il ne tient pas puisque si une telle décision était effectivement réalisée, il faudrait en toute équité que les épouses et époux des autres héros de la République fussent eux aussi placés aux côtés de leur conjont.(*)
L'extraordinaire honneur fait à Simone Veil se limite à sa personne. Y adjoindre son mari, c'est confondre ce qui ressortit au domaine privé et ce qui est du domaine public et national.
Cela porte plus la marque de la volonté arbitraire du prince que de l'équité républicaine.
(*) Le seul cas en apparence similaire, sur les 81 personnes inhumées au Panthéon, est celui de l'épouse du physicien Marcellin Berthelot lequel mourut une heure après son épouse, terrassé par la douleur.
1. Florentin le 12-07-2017 à 17:11:20 (site)
Ce pauvre Antoine Weill n'en demandait sûrement pas tant. Je ne crois pas qu'on ait servi sa mémoire en lui imposant cet honneur ...
Je pense avec tendresse aux millions de Français qui se sont jetés dans les bras d'Emmanuel Macron en étant sûrs que cette fois les promesses de campagne allaient être tenues.
Après Sarkozy, forcé d'en rabattre sur son programme pour cause de crise mondiale et Hollande se faisant élire sur une politique et menant une action contraire à ses engagements, Macron semblait devoir, enfin, être le président qui ferait ce qu'il avait dit.
Pour ma part je l'ai si peu cru qu'exceptionnellement je me suis abstenu de participer à ce que je préssentais ne devoir être qu'une mascarade.
Je dois dire que les faits vont encore plus vite et plus loin que ce que j'imaginais.
On nous a vendu une Répubique enfin débarassée des affaires, dirigée par des femmes et des hommes nouveaux, au dessus de tout soupçon.
Patatras, voici que successivement Mesdames de Sarnez et Goulard, puis messieurs Ferrand et Bayrou se voient contraints de quitter le gouvernement quelques jours après leur nomination. Avec la circonstance aggravante, pour les deux derniers qu'ils représentaient l'un Macron lui-même, en tant que son porte-parole, l'autre la politique de moralisation de la vie publique mise au centre de la campagne en réponse à la pitoyable affaire Fillon.
Et voici à présent que Nicolas Hulot et Muriel Péricaud, respectivement ministres de l'environnement et du travail - alors même que la "loi travail" est le premier grand chantier du gouvernement - sont mis en cause dans deux affaires de nature différente, mais aussi gênantes l'une que l'autre.
Mais ces accidents fâcheux ne sont encore rien par rapport au revirement lof pour lof du premier ministre dans son discours de politique générale devant l'Assemblée Nationale.
On nous avait promis une baisse significative de la fiscalité, compensée par une gestion plus rigoureuse des dépenses publiques.
Or voici qu'on nous annonce que les ponctions vont être immédiatement applicables, notamment l' augmentation du prix du tabac, l'alignement du prix du gasoil sur celui de l'essence, la hausse de 1,7 % de la CSG.
En revanche les mesures qui devaient les contrebalancer sont, elles, repoussées aux calendes grecques : suppression de la taxe d'habitation, réforme du CICE, défiscalisation des heures supplémentaires, aménagement de l'ISF entre autres.
On a même le front de sembler découvrir la situation financière de la France, ce qui est un comble lorsqu'on a été durant cinq ans le conseiller économique de l'Elysée puis le ministre de l'Economie et des Finances !
En finasserie et en reniement de sa parole, Macron est aussi rapide et roué que dans la conquête du pouvoir, et aussi peu regardant sur les moyens.
Le 10 juillet :
Devant la montée des protestations et par crainte de voir sa popularité s'effondrer, Emmanuel Macron vien d'arbitrer dans le sens inverse de ce que son premier minstre annonçait il y a quelques jours : finalement la suppression de la taxe d'habitation sera bien effective en 2018.
Les municipalités, déjà soumises à de grosses restrictions budgétaires s'inquiètent. On leur promet pourtant qu'elles seront indemnisées à l'euro près. On peut en douter, ou craindre qu'en dernier ressort ce soit encore le contribuable qui paie.
L'ancienne ministre de l'Ecologie, ancienne présidente de la COP 21, a trouvé là, avec l'aide de Monsieur Macron, une honorable porte de sortie.
Elle veillera donc sur la fonte des glaces aux pôles, sur la montée des océans, sur l'impact de la masse d'eau douce déversée dans les eaux et sur l'avidité des nations tentées par l'exploitation des ressources minières des régions libérées de la glace.
"Vaste programme", aurait dit de Gaulle.
Mais qui peut douter qu'il ne soit à la mesure de cette femme démesurément extensible, qui passe sans frémir et avec bravitude du Poitou-Charente à la planète entière ?
1. Florentin le 06-07-2017 à 17:48:08 (site)
Un pantouflage qui ressemble à une mise au frigidaire ...
"En même temps", locution creuse venue du langage "djeun" est, paraît-il, la marque de cette "pensée complexe" dont le président fait étalage et dont il considère qu'elle le met hors de portée des journalistes et de leurs questionnements simplistes.
Cette irritante manie de langage - qui est en passe de devenir une mode dont les journalistes, entre autres, usent et abusent en marquant le coup d'un petit sourire complice - n'est que la traduction d'une volonté de dire tout et son contraire.
Je ne vois pas quelle plénitude elle révèle. Au mieux elle est un truisme : "le verre est à moitié vide et en même temps il est à moitié plein"; au pire une façon grossière de brouiller les pistes.
En son temps Jacques Chirac pratiquait le "certes...mais". Ce balancement rhétorique avait à peu près le même usage, mais il avait la supériorité d'être en bon français, ce que n'est pas "en même temps" qui n'est guère qu'une formule fautive qui devrait être remplacée par "cependant" ou "toutefois".
Ce dont "la pensée complexe" ne saurait se passer n'est certainement pas cette locution creuse, qui n'a de nuancé que l'apparence, mais du véritable doute méthodique qui ne s'enferme pas en une simple formule passe-partout.
Avec ses affirmations de petit chef et ses envolées d'un lyrisme ridicule, notre nouveau président est aux antipodes de la pensée nuancée.
Les Grenouilles qui demandent un roi
Les Grenouilles, se lassant
De l'état Démocratique,
Par leurs clameurs firent tant
Que Jupin(*) les soumit au pouvoir Monarchique.
Il leur tomba du Ciel un Roi tout pacifique :
Ce Roi fit toutefois un tel bruit en tombant
Que la gent marécageuse,
Gent fort sotte et fort peureuse,
S'alla cacher sous les eaux,
Dans les joncs, dans les roseaux,
Dans les trous du marécage,
Sans oser de longtemps regarder au visage
Celui qu'elles croyaient être un géant nouveau ;
Or c'était un Soliveau,
De qui la gravité fit peur à la première
Qui de le voir s'aventurant
Osa bien quitter sa tanière.
Elle approcha, mais en tremblant.
Une autre la suivit, une autre en fit autant,
Il en vint une fourmilière ;
Et leur troupe à la fin se rendit familière
Jusqu'à sauter sur l'épaule du Roi.
Le bon Sire le souffre, et se tient toujours coi.
Jupin en a bientôt la cervelle rompue.
Donnez-nous, dit ce peuple, un Roi qui se remue.
Le Monarque des Dieux leur envoie une Grue,
Qui les croque, qui les tue,
Qui les gobe à son plaisir,
Et Grenouilles de se plaindre ;
Et Jupin de leur dire : Eh quoi ! votre désir
A ses lois croit-il nous astreindre ?
Vous avez dû premièrement
Garder votre Gouvernement ;
Mais, ne l'ayant pas fait, il vous devait suffire
Que votre premier roi fût débonnaire et doux :
De celui-ci contentez-vous,
De peur d'en rencontrer un pire.
Jean de La Fontaine Fables III,4
(*) Jupiter. Tiens donc...
La vanité de Monsieur Macron semble être sans limites; la souplesse d'échine de ses courtisans aussi, d'ailleurs.
Je ne reviendrai pas sur la grandiose cérémonie de Versailles, seul écrin digne de ce président qui se déclare lui-même "jupitérien". Les parlementaires ont dû subir une heure et demie d'un bavardage aussi prétentieux que vide. On leur souhaite bien du courage pour les années qui viennent.
Coup sur coup, on a pu prendre la mesure de l'extrême vanité du personnage.
Le voici d'abord qui, à l'occasion de l'inauguration de l'incubateur de start-up "Station F" née de l'initiative de Xavier Niel en 2013, se laisse aller, à une affirmation exorbitante :
" Une gare, c'est un lieu où l'on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien."
Pour Monsieur Macron, donc, ne pas "réussir", c'est à dire ne pas pouvoir se payer un "costard" de prix, voire ne pas devenir "milliardaire" - comme il le souhaitait naguère à des jeunes de banlieue - n'être qu'un citoyen aux revenus modestes, c'est "n'être rien".
Belle définition de la part de celui qu'on nous présente comme un passionné de philosophie et qui confond l'être et l'avoir !
Dans la même veine son refus de répondre aux questions des journalistes le 14 juillet est justifié par une explication qui serait à hurler de rire si elle ne suscitait pas je ne sais quelle inquiétude sur l'équilibre mental de son auteur.
Un communiqué de l'Elysée, c'est à dire de lui-même, explique tout bonnement que:
"la pensée complexe du président se prête mal au jeu de questions-réponses avec des journalistes."
En d'autres termes, "je suis trop subtil pour répondre à de grossières questions". Bravo !
En voici cependant une : "les gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien", c'est de la "pensée complexe" ?
Montesquieu, sans doute le plus grand théoricien français de la démocratie, faisait de la séparation des pouvoirs le fondement de ce régime à la fois solide et fragile.
Monsieur Macron, bien décidé à bouleverser notre vie publique et à y laisser une trace aussi durable que possible, est en train de mettre à bas le fragile équilibre des pouvoirs que la cinquième République avait déjà un peu malmené du temps du général de Gaulle.
Il faut au moins lui reconnaître de ne pas nous prendre en traître, puisqu'il l'avait annoncé durant la campagne électorale. Ce point, d'ailleurs, passé inaperçu ou presque, était l'un de ceux qui m'ont conduit à la plus grande méfiance à son égard.
De quoi s'agit-il ? Le candidat Macron s'était engagé, s'il était élu, à réunir le Congrès une fois par an. Le Congrès est cette assemblée exceptionnelle et temporaire constituée de la réunion à Versailles des deux assemblées élues, le Sénat et l'Assemblée Nationale.
La réunion du Congrès est traditionnelle dans les cas exceptionnels. Nicolas Sarkozy y avait eu recours une fois, François Hollande aussi. Mais à chaque fois il s'était agi de faire jouer au Congrès le rôle pour lequel la Constitution le prévoit, à savoir d'entendre le président de la République sur un projet de modification constitutionnelle.
Avec ce qu'Emmanuel Macron veut faire, il n'est plus question de cela.
Le nouveau président de la République se propose de réunir le Congrès annuellement pour développer devant lui les grandes orientations de la politique qu'il entend mener au cours de l'année.
En soi, cette nouveauté semble ne présenter aucune difficulté particulière. Même, elle paraît constituer une heureuse innovation démocratique allant dans le sens de plus de clarté dans les rapports entre l'exécutif et le législatif.
En réalité il s'agit d'une perversion de nos institutions dont les conséquences, si elle se pérennisait, pourraient être fort graves.
Car cette réunion annuelle du Congrès, en dehors de toute circonstance exceptionnelle, est une mise sous tutelle du pouvoir législatif par le pouvoir exécutif. Le premier ministre et le gouvernement - qui constitutionnellement "définissent et conduisent la politique de la nation", - se voient également relégués au second plan, tout étant concentré dans les mains présidentielles.
Parlement réduit à une chambre d'enregistrement, débordement abusif du pouvoir exécutif sur le pouvoir législatif et diminution du rôle du gouvernement, telles sont les trois inévitables conséquences de l'initiative autocratique, bonapartiste et vaguement décalquée du modèle américain (sans en retenir les contre-pouvoirs forts) de Monsieur Macron.
Les Français "satisfaits à 64 %" ( cf. article précédent) vont avoir un réveil pénible.
1. Florentin le 26-06-2017 à 20:58:19 (site)
Interrogé, ce soir, à la télé, à propos de ce curieux télescopage de dates, Bruno Le Maire à brillamment répondu :"Le président de la république est maître de son calendrier".J'aime l'argument. Une pointure, ce gars-là !
Selon un tout récent sondage, 64 % des Français seraient satisfaits du couple exécutif Macron/Philippe.
Les sondages en général et ce type en particulier m'ont toujours semblé soit superflus, soit dangereux soit malhonnêtes.
Je classerais celui-ci dans cette troisième catégorie.
Lou ravi
La question en effet est de savoir de quoi les Français se disent - si tant est que ce soit le cas - "satisfaits" ( très ou raisonnablement ). Comment en moins d'un mois d'une simple présence à la tête de l'Etat, peut-on se faire une opinion sur les gens au pouvoir alors même qu'aucune action n'a encore été engagée ? Sur quoi se fonde-t-on ? Sur la tête des deux hommes ? Sur les quelques lieux communs qu'ils ont jusqu'à présent émis ? Sur le fait - appréciable en soi - qu'ils n'aient ni l'un ni l'autre commis de gros impair comme de gifler un chef d'état, de proférer des incongruités ou avoir eu un geste déplacé ?
A cette date le gouvernement n'a encore rien fait ni rien annoncé de précis. Les grandes vacances de juillet et août arrivent, qui suspendent, on le sait bien, toute observation un peu attentive et critique de l'action gouvernementale.
Publier un sondage mirifique dans ces circonstances est au mieux une fumisterie, au pire une escroquerie.
Le plus sage est d'attendre un peu que les choses se mettent en place et que les premières mesures soient annoncées et mises en oeuvre.
Alors, et alors seulement, commenceront - puisque sondages il doit y avoir - les vraies mesures de l'opinion publique.
Je ne crois pas trop m'avancer en gageant qu'elles seront beaucoup plus nuancées.
En passant dans les rues d'Ars en Ré hier, je suis tombé sur cet inénarrable panneau électoral.
Les heureux électeurs de La Rochelle et de l'île de Ré ont donc aujourd'hui le choix entre deux candidats se réclamant l'un et l'autre de la majorité présidentielle.
Ce n'est plus, comme le disait le regretté Jacques Duclos "bonnet blanc, blanc bonnet", c'est bonnet blanc ou bonnet blanc.
Le plus simple, dans ces conditions, est encore de s'abstenir. Ce que je fais.
Non seulement ce premier tour des élections législatives bat tous les records d'abstention, mais on y a vu naître une curiosité : " le Parti du Vote Blanc".
Il est difficile de trouver plus absurde qu'un candidat prônant un vote contre lui !
Ceci est drôle mais anecdotique.
Beaucoup moins anecdotiques sont l'incroyable désaffection des électeurs (*), la probable élection d'une masse d'inconnus dont les capacités restent à prouver, et l'annonce du nombre scandaleusement bas de sièges gagnables par les socialistes, l'extrême gauche et surtout le Front National.
Une telle chambre, si le second tour confirme voire amplifie le premier, est grosse de menaces pour l'avenir parce que cette masse de gens inexpérimentés ne peut constituer qu'une servile chambre d'enregistrement et que les grandes constantes politiques qui n'on évidemment pas disparu par magie, ne sont pas représentées équitablement.
A cette Assemblée qui ne ressemblera à rien s'ajoute l'extraordinaire densité de traîtres à leur parti réunis autour de celui à propos duquel François Hollande, dans un moment de lucidité, a déclaré :" il m'a trahi avec méthode".
Dans ce décor peu réjouissant, le bulletin surréaliste du "Parti du Vote Blanc" est bien rafraîchissant.
(*) A l'issue de ce premier tour, et sans présumer de ce que pourrait être un éventuel sursaut, avec 2,23 % de bulletins blancs et 51,29 % d'abstention, l'énorme majorité présidentielle à la Chambre ne représentera donc que 30 % de 46,5 % des électeurs inscrits, soit 13,8 % !
Pour être complet, encore faudrait-il ajouter - chose qu'aucun média ne fait jamais - que sur 48,8 millions de citoyens en capacité d'être électeurs, seuls 44,8 sont inscrits sur les listes électorales.
Ces 11 % manquants sont évidemment à ajouter aux 53,5 % d'abstentionnistes et d'électeurs ayant voté blanc, ce qui au total donne 64,5 % des citoyens qui refusent d'exprimer un vote en faveur de quelque candidat que ce soit.
Peut-on encore parler de "suffrage universel "?
Et quelle légitimité réelle peuvent bien avoir des élus choisis par un tiers du tiers du corps électoral ?
1. Florentin le 14-06-2017 à 11:38:36 (site)
Je ne sais toujours pas ce que je ferai dimanche. Le premier arrivé dans ma circonscription a l'investiture d'En Marche, le second arrivé, qui voulait cette investiture et ne l'a pas obtenue, s'est néanmoins présenté sous l'étiquette Majorité présidentielle. Je ne veux voter ni pour l'un ni pour l'autre. Me reste la pêche ou ... le vote blanc ... Florenrtin
2. Frank-Marie-THOMAS le 15-06-2017 à 06:58:16 (site)
Cher Florentin,
cette configuration se reproduit dans un grand nombre de circonscriptions. Témoin celle, à Paris, où Myriam El Khomeri et J.Y Bournazel se réclament l'un du soutien du président, l'autre du premier ministre... C'est la démonstration caricaturale de l'arnaque dans laquelle sont tombés nos concitoyens. Ils ne méritent peut-être pas ce qu'a dit d'eux Henri Guaino, mais ils n'ont sûrement pas de quoi être fiers.
Outre un gastéropode marin, un peintre grec et une micro-particule, le nom de Macron désigne, pour les latinistes et les historiens, un des plus habiles et des plus amoraux hommes politiques de l'antiquité Romaine.
Macron, de son nom complet Quintus Naevius Cordus Sutorius Macro, né en 21 av. dans un milieu qui ne le destinait pas à la glorieuse carrière qui fut la sienne, était un habile intriguant qui sut, à force d'insinuation et de services rendus, s'introduire dans les bonnes grâces de l'empereur Tibère.
Celui-ci au plus haut point méfiant et peu confiant en la nature humaine, avait, comme on sait, fini par s'enfermer dans son palais, à Capri, pour des raisons de sécurité.
Toutes ses précautions n'empêchèrent pas Séjan, le préfet du prétoire ( c'est à dire le chef de la garde prétorienne, dévouée à la sécurité de l'empereur), d'intriguer contre lui au point de prendre la tête d'une conspiration destinée à le chasser du trône. L'historien Tacite peint admirablement le portrait de ce Séjan et raconte ses intrigues et son effroyable fin de façon saisissante dans les Annales.
C'est à l'occasion de la chute de Séjan que Macron devint à son tour préfet du prétoire, poste le plus proche de la personne du souverain, conseil et protecteur à la fois.
Mais Macron avait d'autres ambitions. Voyant Tibère vieillir et lentement décliner, cet homme à peine quarantenaire entrevit la possibilité d'une grande carrière au service d'un prince de la maison impériale, Caïus, le futur empereur Caligula.
Macron n'hésita pas, pour entrer dans les bonnes grâces de ce personnage inquiétant et fantasque, à pousser dans son lit sa propre épouse, Ennia. La manoeuvre, bientôt aidée par le crime, réussit au delà de ses espérances.
Tibère, d'ailleurs, était lucide à propos des Macron au point, raconte Dion Cassius dans son Histoire Romaine, de lui dire : " tu as raison d'abandonner le soleil couchant pour t'empresser au soleil levant."
Un jour que le vieillissant Tibère venait de faire un malaise - la scène se passait dans sa villa du cap Misène - Macron, sous couvert de porter secours à l'empereur, le fit étouffer - à moins qu'il ne l'étouffât lui-même - sous des couvertures.
Le successeur de Tibère, Caligula, conserva auprès de lui Macron, qui l'avait tant aidé à se défaire de son prédécesseur. et dont le crime lui paraissait un gage de dévouement et une assurance de fidélité.
Macron, renforcé dans son pouvoir par la confiance du nouvel empereur ne vit pas venir l'orage. Caligula, encore plus méfiant que Tibère et dont la raison était de plus en plus troublée, se mit à se méfier de son préfet du prétoire. Pour l'éloigner tout en lui faisant miroiter un avenir glorieux et doré, il le nomma en 38 ap. préfet d'Egypte, l'un des gouvernorats les plus brillants et les plus rémunérateurs de l'Empire.
Mais alors que Macron et son épouse Ennia - qui était toujours la maîtresse de Caligula - allaient s'embarquer à Ostie pour se rendre à Alexandrie, une lettre de l'empereur leur parvint leur enjoignant de se suicider sur le champ.
Telle fut la fin de ce couple d'ambitieux.
Certains, aujourd'hui, tel le dessinateur humoristique Deligne, voudraient tracer un parallèle entre ces temps anciens et ce que nous sommes en train de vivre. Loin de moi une telle idée ! Autres temps, autres moeurs.
Le premier ministre Edouard Philippe et la ministre du travail Muriel Pénicaud ont "dévoilé" hier leur plan d'action pour l'année à venir. On n'en sait pas plus qu'avant leur intervention.
En réalité, ce qui nous a été présenté est un calendrier des réformes à venir.
Je résume : trois phases doivent se succéder d'ici à 2019.
- Réforme du code du travail
- Réforme de l'assurance chômage et de la formation professionnelle
- Réforme des retraites.
Je ne parlerai aujourd'hui que du calendrier de la première de ces trois réformes, celle du code du travail.
Toute la subtilité de la manoeuvre repose précisément sur l'utilisation du calendrier : durant tout cet été, en juin et juillet, puis en août et septembre, aura lieu une concertation avec les organisations salariales et patronales.
Le 28 juin, un projet de loi débattu en conseil des ministres devra permettre de réformer le code du travail par ordonnances. Après débat, le Parlement - où le mouvement politique récemment créé par Emmanuel Macron sera majoritaire si l'on en croit les sondages (*)- autorisera le gouvernement à légiférer par ordonnances. La réforme devrait être définitivement bouclée et annoncée à la fin de l'été.
Sur le papier l'affaire semble bien ficelée. Reste qu'on est en droit de regretter que les électeurs soient appelés à désigner leurs députés dans quatre jours alors qu'ils ne savent absolument rien de ce que va réellement contenir cette réforme capitale pour leur vie, ni d'ailleurs les deux qui suivront l'année prochaine. On les appelle donc à faire confiance les yeux fermés. Bon courage !
Devant la presse hier, le premier ministre et la ministre du travail - à qui l'on ne peut souhaiter que bien du courage pour la suite - n'ont donc annoncé qu'un calendrier, c'est à dire un cadre sans tableau.
C'est littéralement ce qui s'appelle parler POUR ne rien dire.
(*) Je me permets un pronostic : si d'aventure - comme c'est plus que probable - cette réforme (et les suivantes) présente des éléments qui amènent les salariés et les retraités à descendre dans la rue en masse, on verra les députés "En Marche" commencer à être pris de scrupules et de doutes. Quant aux députés élus comme "Majorité pour la France" ou Parti socialiste qui pourraient être tentés par un ralliement plus ou moins franc, il est plus que probable qu'ils exciperont de leur étiquette pour se mettre en "marche arrière".
Pour une fois, sans doute grâce aux loisirs que me laisse ma condition de retraité, je prends le temps de regarder en détail la facture d'eau que Veolia ( ah ! la fureur de changer les noms des services publics !) me fait gentîment parvenir.
La somme est exorbitante pour un produit qui naguère - je veux dire dans ma jeunesse - était encore gratuit, comme l'air. On peut craindre du coup que ce dernier ne le demeure pas toujours...
Mais là n'est pas la question.
Ce qui "m'interpelle" comme disent les journalistes, c'est la division en trois rubriques de la dite douloureuse :
" Potabilisation (aïe!) et distribution de l'eau.
Collecte et dépollution des eaux usées.
Organismes publics."
Chacune de ces rubriques est elle-même divisée en sous-rubriques d'où il ressort que je paie quatre abonnements :
- le premier à titre personnel,
- le deuxième au titre de la part communale
- le troisième à titre personnel pour la collecte et la dépollution
- le quatrième pour la part communale de ce que dessus.
On ne fait pas plus simple !
Et pour compléter le tableau, différents taux de TVA s'appliquent aux sommes initialement dues qui sont un mystère que personne ne prend la peine d'expliquer au cochon de payant que je suis :
- 5,5% pour tout ce qui relève de la première rubrique, "potabilisation"
- 10% pour la deuxième rubrique "collecte et dépollution"
- et, last but not least, deux taux différents pour la troisième, "organismes publics" :
- 5,5% pour la "lutte contre la pollution",
- mais 10% pour la "modernisation des réseaux".
Que le citoyen-payeur qui comprend cette filandreuse facture veuille bien être assez aimable pour me l'expliquer, ou plutôt - car je la comprends - me la justifier.
On nous tympanise à longueur de journée avec la nécessaire participation du citoyen aux affaires de la cité, et aussi avec deux notions que semble contredire absolument ma facture : "la simplification administrative" et "la transparence" .
Il y a apparemment un bon bout de chemin à parcourir pour atteindre ces trois terres promises.
1. Florentin le 05-06-2017 à 10:38:15 (site)
Le "choc de simplification" nous avait promis Hollande. Mais l'inertie de l'administration est trop épaisse et on n'a rien vu venir. Ceci étant, la complexité des textes dont vous donnez ici un exemple n'est-elle pas voulue ? Elle est trop pratique et permet souvent de nous enfumer ...
Une lettre de plus et l'odieuse plaisanterie de Macron aurait perdu toute nocivité.
Comme l'accent sur le "U" du procès du Mariage de Figaro, le "du comorien" change le sens de toute la phrase.
"Du comorien" est une formule méchante, malveillante et dégradante que le président a volontairement préférée à "des comoriens", seulement pour faire rire les flatteurs qui l'entourent.
Une occasion de plus de vérifier le poids des mots et même des lettres.
Ce jeune dirigeant se contrôle décidément très mal. Sans doute grisé par la série de succès qu'il connaît depuis un an, il exulte en laissant apparaître sa véritable nature.
Ajoutons y, pour faire bonne mesure, le plagiat non assumé de la formule très médiatisée : "il n'y a pas de plan B parce qu'il n'y a pas de planète B" .
Laurent Fabius l'avait utilisée lors de la Cop 21 mais il avait eu du moins la courtoisie de dire qu'elle n'était pas de lui, mais de Ban Ki moon, l'ancien secrétaire général de l'ONU.
Apparemment Monsieur Macron n'a pas la même élégance.
Comment la langue de l'empire Romain est selon moi la base de l'esprit démocratique en Europe, tel est le paradoxe que je voudrais brièvement évoquer ici et qui pourrait faire l'objet d'un bien plus long développement.
On entend souvent, pour défendre l'enseignement du latin au collège et au lycée, si rudement mis à l'épreuve depuis plusieurs décennies (voir articles en lien), de pitoyables arguments au nombre desquels le plus misérable est sans doute qu'il aide les futurs médecins, vétérinaires ou botanistes. Si la langue latine - qui demande beaucoup d'efforts pour être maîtrisée - n'avait que cette utilité mesquinement pragmatique, il ne vaudrait sûrement pas la peine d'y investir tant de temps ni surtout d'en apprendre la syntaxe puisque le vocabulaire et l'étude de quelques racines grecques et latines suffiraient à remplir cet office.
Même si on laisse de côté des arguments bien plus forts comme la sensibilité à la structure de la phrase ou la connaissance de notre passé commun, le latin demeure selon moi une base - la plus solide - pour faire vivre réellement la démocratie.
Quel est le plus pressant danger que nous ayons à affronter aujourd'hui ? Les tragiques évènements viennent nous le rappeler avec une sinistre régularité : ce sont les idéologies totalitaires, cachées sous de délirants prétextes religieux, qui prônent la haine de l'autre, l'intolérance et la violence extrême.
Les idéologies sont des élaborations théoriques qui, parce qu'elles sont théoriques, sont coupées du réel et se croient suffisantes à expliquer puis à gérer le monde. Toutes, depuis le culte du chef ou l'adoration d'un dieu législateur jusqu'au communisme totalitaire, ont débouché, toujours, sur des massacres perpétrés au nom du bien absolu.
Or il se trouve que l'étude du latin est un excellent antidote à cette brutalité.
L'enseignement du latin, en effet, oblige à tourner l'esprit vers l'origine du français (et, bien entendu, de toutes les autres langues latines du monde), à prendre conscience que la plupart des concepts qui constituent notre paysage idéologique contemporain plongent leurs racines dans ceux que développaient il y a plus de vingt siècles Cicéron, Virgile et Lucrèce.
C'est la façon la plus efficace de sentir la superficialité mensongère des dogmes politiques ou religieux et de favoriser cet échange ouvert et sans a priori qui est la base même de la dialectique démocratique.
Autre vertu du latin, et non la moindre : donner de l'épaisseur aux mots français dont il constitue l'armature et l'histoire, c'est à dire la vie. On passe ainsi de concepts figés à leur référent naturel, à la chose elle-même.
Rex, regis, le roi, se retrouve dans des mots apparemment sans rapport comme royal, règle, réguler, régir. Le savoir - et, mieux encore, le sentir - n'est-ce pas adhérer de façon quasi physique à ce qu'on entend ou ce qu'on dit ?
Et cette opération intellectuelle qui peu à peu, par la familiarité avec le latin (et le grec) devient une sorte de réflexe, ne donne-t-elle pas aux mots et aux phrases qu'ils composent une profondeur et une résonnance directement opposée au misérable appauvrissement conceptuel sur lequel prospèrent toutes les idéologies anti-démocratiques ?
1. Nicolaï Vavilov le 10-06-2017 à 00:31:19
mes maîtres nous disaient que le latin langue morte permettait d'articuler sa pensée dans un idiome libéré de toute contrainte utilitaire. Il faut cependant avouer que peu d entre nous atteignaient un tel niveau.
A l opposé l anglais est perçu comme la langue des affaires. On ne pense pas en anglais comme en français (Hagège)
Avec le globish ambiant faut-il craindre que nous devenions un «peuple de boutiquiers»?
Nos compatriotes mahorais sont révoltés par la désinvolture blessante de Monsieur Macron.
Cette île de Mayotte à qui la France a longtemps promis la départementalisation qu'elle souhaitait, mais qui n'a fini par l'obtenir que durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, est particulièrement sensible à l'attitude de la mère-patrie à son égard.
Mayotte - comme dans un autre contexte, la Guyane - est soumise à une énorme pression migratoire en provenance du reste de l'archipel des Comores auquel elle appartient géographiquement ( voir article en lien). Les trois autres îles, Mohéli, Anjouan et Grande Comore sont dans une situation économique et politique extrêmement délicate et la misère y est grande.
Les comoriens affluent en masse vers Mayotte pour s'y faire soigner, pour y accoucher, pour tenter d'y survivre.
Ils traversent à bord de misérables embarcations, les kwassa kwassa qui souvent chavirent, causant la mort d'un nombre considérable de ces malheureux.
Tel est le contexte dont le nouveau président de la République a cru bon de faire le sujet d'une fort mauvaise plaisanterie.
En visite à Etel, dans le Morbihan, au centre de surveillance et de sauvetage, reprenant un officiel obséquieux qui évoquait "les tapouilles et les kwassa kwassa", Emmanuel Macron, désireux de faire montre de ses connaissances encyclopédiques, lance aux courtisans réunis autour de lui : " ah non ! C'est à Mayotte les kwassa kwassa; mais le kwassa kwassa pêche peu, il ramène du comorien, c'est différent". Et d'ajouter, devant la mine interloquée des huiles présentes, "les tapouilles, c'est les crevettiers."
Il "ramène du comorien" ! Si qui que ce soit d'autre avait osé cette plaisanterie répugnante, assimilant les réfugiés à du poisson, il se serait sûrement trouvé quelqu'un pour le traîner devant les tribunaux.
Marlène Schiappa (voir article en lien), veut verbaliser les insultes sexistes, mais le président de la République, lui, peut impunément faire montre de mépris pour des gens malheureux qui meurent par centaines dans leur traversée désespérée.
Je subodore depuis le début - j'ai déjà eu l'occasion de le dire - quelque chose de déréglé chez ce monsieur. Régulièrement, durant la campagne, il s'est laissé aller, à l'égard de petites gens, à l'expression d'un mépris hautain tout à fait insupportable. Si on y ajoute ses envolées messianiques, sa sortie en Algérie sur la colonisation française, "crime contre l'humanité" , et la façon dont il tire à lui la couverture en détournant la formule électorale de Donald Trump : "make the world great again", on a le portrait d'un personnage dont le sourire commercial cache une vanité et une dureté plus qu'inquiétantes.
1. Decapedepee le 05-06-2017 à 13:58:02
Il s imagine sans doute, par sa fonction présidentielle un peu royale, obligé de mépriser, dédaigner et rabaisser les hommes - comme si son pouvoir, qu il doit trouver divin, lui permettrait tout.
2. Nicolaï Vavilov le 10-06-2017 à 00:11:11
De la même veine que le «sans dents»
trahissant le mépris du peuple par ces «ploutocrates» socialistes
On me pardonnera ce ré emploi de ce terme connoté...mais qui pourrait s'appliquer à celui qui avoue avoir dépensé un smig par jour
Les fouilles de cette cité, la plus importante de la Grande Grèce, ont livré d'inestimables trésors, notamment dans les sépultures. Céramiques à fond noir, monnaies, bijoux, statuettes de Terracota, mosaïques.
Scène de banquet
Zeus offrant un coq à Ganymède
Diadème
Jeune femme remettant sa chaussure
Richard Ferrand, tout nouveau ministre, cause bien des soucis à son patron en étant enferré dans une sordide petite histoire d'enrichissement personnel suspect.
Certes l'affaire n'est pas considérable ni le cas pendable.
Mais elle la fiche mal pour un président et un gouvernement très donneurs de leçons et qui prétendent se fixer comme tâche prioritaire de "moraliser" la vie publique. Car c'est précisément par défaut de moralité que le cas Ferrand est remarquable.
En effet, comme pour François Fillon, la question n'est pas tant de savoir si l'opération est conforme à la loi, mais si elle est moralement admissible.
Cet éminent élu local - un tantinet cumulard puisqu'il se croit tenu de diriger "en même temps" les Mutuelles de Bretagne - a la main sur tout ce qui se passe dans sa circonscription.
Quand bien même le local acheté par son épouse dans le but de le louer eût été moins cher que les autres locaux comparables, il aurait évidemment dû se faire un devoir de ne pas le faire participer à l'appel d'offres, puisqu'il est clair que les 42.000 euros de loyer entrant dans la cassette du couple, constituaient une source d'enrichissement personnel.
Concussion, prévarication, délit d'initié, bonne affaire, quel que soit le nom qu'on donne à cette opération, elle sent mauvais. Elle n'est en tout cas ni transparente, ni équitable, ni honnête.
Les sectateurs béats du jeune génie qui préside désormais aux destinées de la France trouvent toutes les raisons de passer l'éponge sur ce faux pas et pour détourner la vue d'un spectacle assez pitoyable.
C'est que, comme dit Rabelais, "qui du cul d'un chien s'amourose, il lui paraît une rose".
1. Decapedepee le 01-06-2017 à 09:37:36
Même le nez dans la m... , s agissant du même clan, on ne dit pas que cela sent mauvais. "Non non pas du tout...tout est normal ".
A cette heure, le parquet vient finalement d ouvrir une enquête préliminaire.
Outre un problème relevant du strict droit des sociétés (absence de rapport d un commissaire aux comptes et de validation par une AG selon la qualification de l opération ), se pose un problème majeur.
Il s agit d un joli coup sur le plan patrimonial que la Mutuelle de Bretagne aurait pu et du faire pour son propre compte.
Le cadre juridique de cette opération (rapports d intérêt, contrats, flux financiers) démontrera sans doute tous les petits calculs savamment entrepris pour mettre en place une véritable rente.
Alors que c est celui-là qui a été le plus virulent à l égard de Fillon, les bras m en tombent.
Commentaires
1. Vavilov le 24-08-2017 à 23:03:47
l'homme semble aimer la guerre avec ou sans religion:
communisme 130 millions de morts
(Stéphane Courtois Simon Sebag Montefiore)
" génocide vendéen (Ronald Sécher)
la Vendée ne mettait pas la république en danger ... les guerres de la république naissante qui n'était pas attaquée... Napoléon et ses guerres " ( tous ces faits rapporté par Michel Onfray et tiré de Jaurès ...)
la polémologie n'a pas besoin de recourir au fait religieux comme phénomène explicatif des guerres.
Coran: 300 versets violents sur 6000 (A.-M Delcambre) plus les hadiths, la vie du prophète chef de guerre.
Certes le "aimer vous les uns les autres" seul enseignement de l'évangile n'a pas empêcher les chrétiens de se mal conduire
2. Frank-Marie-THOMAS le 25-08-2017 à 09:01:25 (site)
@ Nicolaï Vavilov
Je ne dis pas, cher lecteur, que toutes les guerres de l'histoire ont une cause religieuse, sur ce point je suis en accord avec vous; je dis que toutes les religions monothéistes ont été cause de guerres. Surtout civiles, d'ailleurs, et d'une férocité accrue par l'aveuglement fanatique.
Vous m'avouerez sûrement que ce n'est pas la même chose.
3. Vavilov le 01-09-2017 à 10:09:20
il faut reconnaître qu'une simple comptabilité donne un solde en faveur de "l'athéisme"
à moins de qualifier le système communiste de religion séculière et la profanation de saint Denis d'acte religieux en tous cas cas rituel , conjuratoire. Ce qui pourrait nous mettre d'accord!!!
En Syrie, en Irak les chrétiens sont massacrés...
s'agit-il d'une guerre de religion ?
La shoah est elle une guerre de religion?
Quelle était la religion d'Hitler ?: le "socialisme-national" (vous nous avez enseigné qu'en français on plaçait , le plus souvent l'adjectif épithète, après le substantif.)