La série continue.
Après Jean Mahéas, sénateur socialiste condamné pour harcèlement sexuel, après la fédération socialiste des Bouches du Rhône, gangrénée par le système Guérini, après celle du Pas de Calais, déchirée par les affaires de corruption mettant en cause, si l'on en croit Arnaud Montebourg, deux députés socialistes et Jack Lang soi-même, voici la guerre des potes en Essonne.
Julien Dray, gravement mis en cause dans une affaire de détournement de fonds en 2007 et jamais complètement lavé des soupçons qui pesaient sur lui n'avait pas trouvé alors beaucoup de soutiens au sein du PS pour adoucir sa chûte.
Un homme, cependant se répandait alors dans les médias pour lui apporter le réconfort de son amitié : Malek Boutih, ancien président de SOS racisme et cofondateur avec Dray de la " Maison des Potes" de l' Essonne.
Deux amis indefectiblement liés par leurs combats militants et leur dévouement aux faibles et aux laissés pour compte.
Le 17 décembre 2008, sur BFMTV, Julien Dray déclarait à propos de son ami : « Malek est un type formidable. Le Parti aurait tout intérêt à lui donner sa chance.»
Le 21 décembre Malek Boutih renvoyait la balle en ces termes :
« Julien a été exécuté médiatiquement. C'est un ami.»
Trois années exactement ce sont passées depuis cet échange émouvant de déclarations de fidélité et d'amitié.
Malek Boutih qui avait été approché par l'Elysée pour prendre la tête de la HALDE et qui, grand seigneur, avait - après hésitation - repoussé l'offre, en a manifestement assez de jouer les utilités et les francs-tireurs aux marges de la politique.
Il a raté son parachutage en 2007 dans une circonscription des Charentes, il compte bien engranger avant qu'il soit trop tard, les profits de son action militante à SOS racisme et au PS sous la forme d'une bonne circonscription législative, bien solide, bien durable.
La 10e de l'Esonne lui irait bien au teint. Il la connait bien, l'a déjà labourée, et y a fondé, comme il est dit ci-dessus la " Maison des Potes" avec Julien Dray.
Las ! Ce derniers veut y rester .
Le PS a "gelé", comme il dit en son inimitable jargon, ce fief que les anciens "potes" se disputent violemment.
Car finies les déclarations d'amour main sur le cœur !
Malek Boutih accuse Julien Dray d'avoir tripatouillé les listes électorales du Parti en vue de se faire désigner candidat par les militants du coin.
Selon ses dires, il aurait ajouté 60 faux électeurs dans les communes de Morsang-sur-Orge et Grigny. Il vient de dénoncer ces malversations électorales dans une lettre à Martine Aubry, la Première Secrétaire, et dans une lettre ouverte aux militants de l'Essonne ( voir ci-dessous).
On peut y lire : « J’ai les preuves matérielles que quelqu’un s’est introduit dans le fichier et a rajouté près de 60 noms de faux électeurs après la date limite d’inscription qui était fixée au 30 avril. Parmi ces militants, il y a de la famille, des amis et des salariés de Julien Dray. »
Son "pote" Julien réplique : « Malek Boutih est en perdition. Je suis triste de le voir réduit à cela, mais je ne le laisserai pas entraîner les militants et la 10e circonscription dans sa chute ».
En d'autres termes " touche pas à mon pote : il est contagieux".
On aura encore une meilleure idée de l'ambiance de franche affection qui règne entre les "camarades" en écoutant la sourde menace qui plane dans ces mots d'un dirigeant du Parti, qui tire la "morale" de cette affaire :
« Malek Boutih n’a pas le droit à ce genre d’accès (au fichier, NDLR), ce qui signifie qu’il y a vol de fichiers protégés par la Cnil. C’est très grave et ça pourrait très vite se retourner contre lui. »
Pendant les travaux, la vente continue. Le boutiquier Hollande a de plus en plus de mal à garder son calme et la confiance de sa clientèle. Mais il s'y efforce.
Il n'a, dit-il, rien à voir avec ces querelles subalternes.
Il n'est pas le représentant du Parti Socialiste, il ne s'adresse plus aux militants mais aux Français.
Oui, mais les Français ne sont ni sourds, ni aveugles, ni amnésiques, hélas.
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